je vous ai montré jusque là des peintures réalistes
elles représentaient des sujets réels, plus ou moins précis, avec des impressions, des transpositions fauves, parfois rarement cubistes, encore moins futuristes...
... mais jamais (encore) surréalistes ...
... encore moins métaphysiques !
(à part mon copain Salvador Dali)
Voilà Giorgio De Chirico, né le 10 juillet 1888 à Vólos en Thessalie (Grèce), et mort le 20 novembre 1978 à Rome : c'est un peintre, sculpteur et écrivain italien dont les œuvres, unanimement admirées des surréalistes jusqu'en 1925, ont ensuite été rejetées tout aussi unanimement.... mais elles sont réhabilitées, et Sotheby's les vend... très cher !
Il est l'un des fondateurs du mouvement de la peinture métaphysique.
Y-en a-t-il eu d'autres ? oui, de grands noms, souvent incompris !
Pour reprendre le titre précédent, "mes yeux voient la pensée" de Paul Delvaux, à savoir la conversation que nous avons tous entre notre nous-profond-vivant, (une jeune femme qui a enlevé son soutif pour mieux penser), et la mort, représentée par le squelette déterré à Valcabrère, squelette que nous allons devenir tous ... sans savoir si la vie qui suivra est ... éternelle ou pas !
du coup, la peinture n'est plus là pour montrer la réalité (embellie de Beauté pour nous enchanter),
mais pour nous faire réfléchir à des concepts complexes !
c'est le génie de notre Giorgio, pittore metafisico
la figure métaphysique |
intérieur métaphysique |
mélancolie hermétique |
vous voyez ? vous voyez ... autrement ?
je ne puis m'en empêcher, voici une 2CV (au sens métaphysique) |
Jupiter est certes Jupiter, et il terrasse (avec Brigitte le soutenant derrière) l'opposition déconfite ? |
et voici le retour (fantasmé) d'Ulysse
et justement, voici les ... archéologues ! ils forment une corporation, ils détiennent les secrets du passé et s'entendent pour expliquer d'où nous venons ... ignorant (comme nous) où nous allons ! |
le sujet l'a tellement concerné qu'il a peint cette autre version |
Je vous ai souvent parlé d'Ariane
C'est au musée du Louvre que de Chirico découvre l'Ariane allongée, un moulage en bronze du marbre héllénistique du Vatican de le Primatice, ainsi qu'une copie en marbre réalisée par Cornelis van Cleve, et exposée dans les jardins de Versailles. Cette Ariane devient la figure mythique au coeur de la série Méditation, réalisée entre 1912 et 1913. Le peintre développe le mythe d’Ariane endormie, lequel prend sa source dans les écrits de Nietzsche :Ariane incarne le principe féminin de l’art, la connaissance intuitive. Son éveil mystique par Dionysos devient le symbole du retour au labyrinthe, dont le penseur hardi affronte sans crainte les énigmes – la métaphore d’un processus artistique qui dévoile la face inhabituelle, « métaphysique », du monde matériel. De Chirico représente toujours Ariane endormie abandonnée par son amant et attendant la venue du dieu, dont la puissance créatrice est représentée sur le plan pictural par une tour ou une cheminée d’usine.
que signifie AIDEL ?... idéal ?
Dans Il Sogno di Tobia (Le rêve
de Tobias), De Chirico pousse l'iconographie de ses œuvres métaphysiques
au-delà des peintures ferraraises précédentes, qui incorporaient des images
telles que des cartes et des biscuits. Ici, dans un espace intérieur ambigu,
nous trouvons une image dans une image dans le paysage métaphysique à droite et
la salle intérieure, vide mais pour un grand leurre de pêche en métal, à
gauche. Derrière cette œuvre, une boîte bleue et des armatures géométriques se
projettent dans l'espace en retrait de l'arrière-plan. Le centre de la
composition est dominé par une grande colonne centrale, s'effilant vers le
haut, un thermomètre entre parenthèses en son centre et le mot Aidel écrit en
texte vertical descendant.
Paolo Baldacci a analysé l'iconographie
et la métaphore de l'imagerie présentée ici : « Le titre du tableau, Le rêve de
Tobie , suggère que l'œuvre est une métaphore de la révélation, d'une vision de
l'invisible, et en effet l'iconographie soutient une telle lecture. Dans le
livre apocryphe de la Bible, Tobias est chargé par un ange d'attraper un
poisson et, en enduisant le foie sur les yeux aveugles de son père, de
restaurer sa vision. Le leurre en zinc… fait allusion aux poissons pêchés par
Tobias…. Les lettres sur l'obélisque proviennent du mot grec « a(v)idelon »,
qui signifie invisible…. Le thermomètre fait allusion de manière assez ironique
au dieu Mercure, ou Hermès… messager des dieux. La mythologie grecque et la
mythologie biblique sont ainsi confondues » (P. Baldacci, ibid ., p. 362).
Paul Delvaux écrit à Giorgio le 4 juin 1975 |
Jane Graverol : le cortège d'Orphée (1948) commence par une Licorne |
les bananes ?
« Vivre dans le monde comme dans un immense musée d’étrangetés, plein de jouets curieux, bariolés, qui changent d’aspect, que quelquefois comme de petits enfants nous cassons, pour voir comment ils étaient faits dedans et, déçus, nous nous apercevons qu’ils étaient vides » : des jouets, des pièces d’échecs, des morceaux de boîtes de conserve, des clés pour mécanismes brisés, des châteaux en carton, des balles de chiffons aideront De Chirico dans son « triste atelier de la rue Campagne-Première », où il a l’intuition « qu’il faut découvrir l’œil en toutes choses ».
En effet,
dans la première moitié de l’année 1914, Apollinaire, Savinio et De Chirico
élaborent en collaboration étroite le motif de la poupée articulée sans visage
qui, aveugle et muette, va maintenant remplacer l’être humain et peupler les
espaces picturaux de Giorgio de Chirico : La fenêtre ouverte qui apparaît dans
Le voyage sans fin (1914), est une image-clé qui raconte de nouvelles
spéculations sur l’astronomie mystérieuse, marquées mathématiquement sur le
tableau noir, où De Chirico développe une ébauche du mannequin de La nostalgie
du poète, ici transformé en un corps féminin sur lequel se dressent les robes de
marbre de la Koré capitoline, avec l’œil – le troisième œil central – conçu
comme un masque élégant.
Drouot 10 avril 2022, €380000 |
le symbole de notre civilisation gréco-romano-chrétienne assis sur le trône du Roi Salomon, il s'interroge... |
la momie Chachapoya exhumée en 1882 |