Jusqu'à maintenant, seuls les Chevaliers du Fiel évoquaient Saint-Gaudens, la capitale du Nébouzan, en raillant l'activité nocturne de l'ancienne cité fortifiée, surprise par un bruit pétaradant à 3 heures du matin : "une mobylette traversant la ville". Puis Christian Louis est arrivé, et a raconté le XVIIIè siècle des Pyrénées centrales avec "l'assassinat de Saint-Béat". En trois tomes s'il vous plait ! Toujours moqueur, constatant que les fumées de notre fabrique de pâte à papier valorisant le bois de la montagne pouvaient être nauséabondes, il a (sacrilège !) dans un des tomes blasphémé Saint-Tarin, décrivant des commerçants un peu brutes de décoffrage (c'était autrefois), obstruant la ville en garant leur voiture devant leur magasin, (c'était autrefois ! ) empêchant la clientèle d'accéder ! C'est ainsi que s'est créée la ville nouvelle de Landorthe, où à la place de la traditionnelle Collégiale, trône un Leclerc géant dénommé 5Gopôle, nouveau temple de la consommation, où l'essentiel consiste à consommer des produits manufacturés en Chine et des nourritures en provenance de toute la planète, souvent à contre-saison.
Intarissable, voici qu'il récidive, avec "Guet-apens à Saint-Gaudens" !
Soucieux de rester académique, je commence par la description officielle,
telle que la présente Amazon, ce que j'appellerai le "premier degré"
" Hiver 1761, un Prussien rentrant du Portugal est
assassiné à la sortie de Saint-Gaudens, dans la forêt de Landorthe, sur la
route royale de Toulouse. L’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-Baptiste
Cathérinot mène l’enquête, aidé secrètement par les membres de la loge
maçonnique de Saint-Gaudens. Basé sur des faits réels, son enquête nous fait découvrir
le milieu des marins qui convoient les radeaux sur la Garonne et celui de
l’industrie textile florissante. Sous le règne de Louis XV, nous croisons le
fameux intendant Mégret d’Etigny, le célèbre Maréchal Duc de Richelieu, la
famille de Lassus, et toute une galerie de portraits de Pyrénéens de
l’époque. Nous voyageons dans les Pyrénées, du Port de Vénasque à Luchon, de
Saint-Gaudens à Montréjeau, à Auch, à Carbonne, à Cazères, à Luchon, à
Saint-Béat, à Fos, ainsi qu’à Lisbonne, à Paris, Versailles et Compiègne. Nous découvrons la vie quotidienne d’un peuple, des villages et des
châteaux, de la montagne et de la ville, ainsi que des événements oubliés qui
se déroulèrent entre 1755 et 1770".
Le livre est bien écrit, vivant, documenté, une bibliographie impressionnante, nous emmène en 1760, sous le règne du bon Roi Louis le XVème, loin, dans une société oubliée, sans voitures, téléphones, médecine, télévision ni journaux à sensation, à une époque où les brigands étaient actifs, lame acérée dans la poche, prêts à homicider tout gentilhomme susceptible de disposer de quelque fortune sur lui, facile à voler, pas une seule caméra de surveillance ni de gardiens de la paix à des lieues !
Le premier personnage est Hans Boechner, un Prussien, figurez-vous qu'il vient, à pied, de Lisbonne, qui a été frappée le 1er novembre 1755 par un tremblement de terre géant que l'on a oublié. C'est un charpentier de métier, très érudit dans son art, un genre de personnage comme je vous en ai déjà parlé avec Villard de Honnecourt, qui sait dessiner des projets, qui sait calculer, et peut vous concevoir et réparer une grange, une toiture, une maison, sans doute une cathédrale.(1)
Vous connaissez bien entendu Vendredi le héros de Robinson Crusoé de Daniel de Foé. Saviez-vous que l'écrivain avait traversé l'Espagne puis les Pyrénées en retournant en Angleterre en novembre 1688 quatre-vingt ans auparavant ? (3) Son voyage raconté par Russel avait été épique, à pied naturellement, et il était alors risqué de se risquer en montagne, à cause des bêtes sauvages dont les ours, et des bandits détroussant les voyageurs au mieux, les trucidant au pire. Ouf, il avait réussi ! (la répétition est faite exprès ndla)
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en voiture le trajet demande 24 heures, donc 3 jours de 8 heures |
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à pied, en imposant le trajet par les Pyrénées centrales, il faut deux mois pile à 8 heures par jour |
Eh bien Hans rentre de Lisbonne à pied pour retrouver sa dulcinée Hilda à qui il compte bien construire un chalet de bois à Ingelsheim. Pas de chance pour lui, au lieu de prendre le chemin plus direct que nous conseille Google-map, par Hendaye, il passe par chez nous ! L'ex pays des convènes est très mal famé (c'était autrefois). Un type pas net du coin le fait boire. Il se laisse faire, voilà qu'ils traversent la forêt qui à l'époque occupait l'emplacement de notre Super-marché actuel, et le salaud, il faut bien le dire, homicide notre charpentier à l'arme blanche.
je vais le bêta exprès pour vous montrer le côté second degré du bouquin
Aujourd'hui, les écolos (des villes) voudraient reboiser partout, alors qu'ils ignorent que les estives patiemment conquises sur les forêts de montagne se reboisent faute de pâturages entretenus. A l'époque donc, Estancarbon est couvert de forêt, et on va voir que le héros Jean-Baptiste Catherinot n'a de cesse d'obtenir l'autorisation d'arracher cette forêt à ses frais, pour éliminer ainsi les truands qui la fréquentent et détroussent les passants. Le deuxième degré, c'est qu'aujourd'hui on n'imagine même pas qu'il ait pu y avoir des forêts, ni même les cultures agricoles qui leur ont succédé, depuis les promotions impressionnantes des logements de Robien que je vous contais autrefois (2).
Je suis maintenant au second degré, je poursuis :
A titre personnel, né un 24 octobre, vous pensez si j'ai kiffé la page 367 (pour vous prouver que j'ai lu, et vraiment avec plaisir). Car le 24 octobre 1769, le duc de Richelieu en personne vient en grande pompe, habit rouge de Cardinal, voiture, serviteurs et gardes, ce devait avoir de l'allure, présider la réunion des Etats du Nébouzan, capitale ... Saint-Gaudens ! Que les Chevaliers du Fiel ravalent leurs sarcasmes, Saint-Gaudens est (alors) une Capitale, elle est gouvernée par des Consuls qui comme à Toulouse dirigent la Cité ! Et une Charte marque l'indépendance du secteur, resté une petite République (du Comminges). Il n'y a pas tant d'occasions où des Grands de ce monde font étape à Saint-Gaudens, normal que Christian Louis ait marqué l'occasion. je vous avais signalé les armoiries du Cardinal dans le tableau sur l'autel d'entrée à droite de la Cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges, (4) Christian ne dit pas si le Cardinal a visité St Bertrand, cela m'étonnerait qu'il en ait été autrement, puisque le Premier Chanoine (au demeurant Franc-maçon) venait en Loge rue du Caro, accompagné d'ailleurs de l'abbé de Ganties prêtre de la Collégiale. Je cite. Il faut dire qu'en Ville, personne ne parle plus de ces vieilles histoires sous la Halle (gourmande), en dégustant des huitres arrosées de Bordeaux blanc d'entre deux mers chez Picabéa le dimanche matin.
Je poursuis ... (un peu) au second degré
Le héros, Catherinot, est sympathique. C'est un jeune Ingénieur des Ponts et Chaussées du Roi, juste sorti de l'école créée par Trudaine en 1747, et sa tâche, sa mission plutôt, est de moderniser ce pays bien éloigné de la Capitale, en bâtissant pour le duc d'Etigny célèbre à Luchon les routes qui vont permettre aux Grands de ce monde de venir se baigner dans les thermes romains. Même, des terrassiers découvrent alors l'autel consacré aux Nymphes toujours à l'entrée du joli musée, (5) ce qui fait râler le prêtre préférant les Saints plus catholiques à ces (jolies) déesses païennes ! S'agissant de forêts omni présentes, et aptes à fournir au Roi des bois de marine, le livre évoque à la fois notre Froidour national, et le Maître local des Eaux et Forêts, Villa de Gariscan, noble également, dont je me considère (sans doute indûment) être en quelque sorte le lointain successeur (honoraire).
On dit que l'Histoire de notre passé nous aide à mieux cerner le présent
que de progrès en 250 ans
la révolution tout court, le progrès technique, la croissance, les loisirs...
les radeliers de la Garonne disparus
les ours revenus
on peut se rendre sans crainte au nouveau Landorthe
et acheter à nouveau des livres
depuis que par la grâce du Roi-(récemment-libéré-de-la-Lanterne)
il a déclaré enfin qu'ils re-devenaient
biens essentiels !
à un moment où le monde découvre, stupéfait, la lettre de Mozart jeune Franc-maçon à son père
datée du 4 avril 1787
et que la Flute enchantée s'ouvre (comme une porte symbolique)
par trois accords puissants :
on se souviendra, là encore étonné,
que Voltaire portait le tablier des Lumières :
PS (1) https://babone5go2.blogspot.com/2020/07/qui-est-villard-de-honnecourt-1.html
PS (2) https://babone5go2.blogspot.com/2016/05/pelozato-st-gau.html
PS (3) https://journals.openedition.org/caliban/1200
PS (4) https://babone5go2.blogspot.com/2020/05/tissot-lancien-testament-et-larche-44.html
les armoiries de Richelieu bas du tableau au-dessus de l'arche
PS (5) http://babone5go.blogspot.com/2011/02/au-temps-des-statues.html