mercredi 31 juillet 2019

Fontaine de l'inondation à Tarbes


Canicule, (incendies), orages, (grêle-inondations), sale temps pour la planète ?

La canicule se dissipe, entraînant dans sa traîne des orages toujours plus inquiétants : gare ma toiture avec des grêlons de la taille d’une balle de tennis, gare ma voiture si elle n’est pas à l’abri ! Après les orages, suivent les inondations, gare si ma maison est située en zone inondable, et si je n’ai pas prévu de me replier au premier étage ! 

Canicule rime avec sécheresse, et sécheresse signifie manque d’eau : les agriculteurs sont à la peine, le gouvernement annonce à grand fracas le paiement en octobre des aides de la PAC régulièrement versées … en octobre ! Il faut communiquer, pour démontrer que l’Etat-providence pallie toute catastrophe, fut-elle naturelle ! Les glaciers fondent ? Les rivières manquent d’eau l’été ? Attention aux prochaines pénuries au robinet… pas grave on distribue l’eau en bouteille… d’où vient-elle, si ce n’est de nappes phréatiques bien compromises elles aussi ? Manque d’eau dans la Loire, on la traverse à sec… dans la Garonne… tiens ? on arrête la centrale nucléaire de Golfech, ne pouvant plus être refroidie… ? ah oui, une centrale nucléaire chauffe, il faut la refroidir même pendant les canicules… ! Pendant l’étiage de la Garonne toujours plus bas, une fois les glaciers fondus,  arrêtera-t-on Golfech chaque été ?…on est très mal barrés :

je suis très pessimiste :

où va-t-on ?

Sale temps pour la planète,

Tout cela pour vous parler d’une troisième fontaine dans Tarbes,

la fontaine de l’inondation !

une vieille inondation ! 1875 !

La fontaine de l’inondation a été créée par Louis Mathet (1853-1920). Le souvenir de l’inondation dont souffrit Tarbes en 1875, a inspiré à Mathet le sujet de ce groupe. Acheté par la ville, placé sur la promenade de la Place de Verdun (encore nommée place Maubourguet en 1901), il est inauguré le 15 avril 1901 par le sénateur Jean Dupuy, alors ministre de l’Agriculture. Cet ensemble avait figuré au Salon de 1898, puis à l’Exposition Universelle de 1900, où il obtint une médaille d’argent. La fontaine fut déplacée en 1934 à la pointe des Allées du 24ème RAD (régiment d’artillerie divisionnaire).





Dans un accord passé en 1900 entre le maire de Tarbes de l’époque (Monsieur Adam) et l’artiste, Louis Mathet avait fait foi de s’interdire « la reproduction entière ou partielle à quelque titre que ce soit, de son oeuvre, l’Inondation ». Toutefois, une exception fut faite pour cinq reproductions partielles représentant uniquement « l’enfant craintive fuyant devant la vague ». A l’occasion de l’inauguration du Monument sur la Place Verdun, Jean Dupuy rappelait que la commission des Beaux-Arts de la ville de Paris voulut que l’inondation soit érigée sur un des squares de la capitale. Louis Mathet refusa les avantages financiers offerts par cette commission, ayant conçu cette oeuvre pour sa ville natale « en souvenir de l’Adour renversant nos ponts et ravageant nos campagnes ».



Toute une famille fuit devant le fléau. L’eau monte et les malheureux sinistrés se hissent à force de bras sur un rocher, leur dernier refuge et leur dernier espoir. La femme, par un suprême effort, est sur le point d’atteindre le faîte. L’homme, tenant le dernier-né dans ses bras, observe avec angoisse la progression constante des eaux. La fillette, terrorisée, se blottit contre le roc. Une chèvre qui a suivi ses maîtres, se tient sur ses deux pattes arrière et essaie de gagner le sommet. Ce très bel ensemble est d’un grand réalisme et d’une grande expression. L’effroi et la stupeur sont très visibles sur chacun des visages. La nudité des personnages évoque le dépouillement et l’impuissance face au cataclysme. Les muscles très saillants du père et de la mère rendent compte de l’effort fourni pour accéder au sommet. La conception de l’oeuvre, en pyramide, traduit cette aspiration du groupe vers le haut. L’eau est représentée sous forme de multiples vaguelettes créant de l’écume.

La fontaine de l'Inondation se trouve actuellement Place de la Courte-Boule.

Voilà traduit l’effroi d’une famille devant un risque naturel : l'inondation

une espèce de radeau de la Méduse

Est-ce ce qui nous attend ?

Je vais me faire critiquer d’émettre ces doutes :

L’Etat est là, Il me protège

Je n’ai aucune raison de déprimer

Le Président est en vacances... mais aux aguets !

mardi 30 juillet 2019

La fontaine, "source de l'amour" à Tarbes !

Je vous ai parlé de deux fontaines, voici la seconde, mais peut-être la principale ? Un titre pareil, "la source de l'amour" ... mérite d'être connu, non ?

on devine au fond devant la halle la fontaine des quatre vallées : on ne risque plus de voir la place Marcadieu vide aujourd'hui !

Tenue d’ériger une seconde fontaine place Marcadieu pour exécuter à la lettre le testament de Félicité Duvignau, (je ne vous ai pas narré toutes les anecdotes du legs de Félicité), la municipalité de Tarbes fit en 1895 le choix de l’oeuvre du sculpteur Jean-Jules Frére (1851-1906), natif de Cambrai, dont la maquette avait été récompensée au salon des artistes français de 1892. Le fondeur est Louis Gasne qui s'exécuta gratuitement ... sans doute subjugué par l'amour ?

Le groupe représente deux personnages. La femme nue, est personnification de la source. Vous en avez l'habitude ! Elle tient de ses deux mains et dans un geste gracieux, une jarre d’où s’écoule de l’eau. Un Amour ailé sous les traits d’un jeune adolescent, se tient à genoux aux pieds de la Source. Depuis que je vous en parle, le jeune adolescent est Eros, dans notre tradition Cupidon, reconnaissable à ses ailes ! Les deux personnages se regardent et se sourient. La femme est assise sur un rocher ; son corps menu est d’une grande grâce. Elle est coiffée d’un chignon retombant en une multitude de mèches dans le dos. Le jeune Amour a des traits presque féminins : c’est un mec, mais pas que, son moi intime caché est féminin (comme chez tous ceux d’entre nous qui aimons les Arts).

Leur complicité (à la source et Cupidon)

se lit sur leur visage souriant.


à l'origine les jets sortaient des bouches de tortues marines nageant dans l'eau mais ce système a été démonté








nos Pyrénées centrales sont parsemées de sources ...

... féminines ...

... vous avez compris pourquoi nous y sommes attachés !



PS : nous voici au musée de Cambrai, et voici "l'amour piqué" de notre sculpteur Jean-Jules Frère : il ne laisse apparemment pas indifférente la belle adjointe administrative photographiée (en extase) par la Voix du Nord !





lundi 29 juillet 2019

Fontaine les quatre vallées, à Tarbes


Je retourne à Tarbes, après la visite du jardin Massey : Tarbes est une ville d'art ! (1)

C'est par son legs que Madame Félicité Duvignau a voulu l'édification de deux fontaines sur la place Marcadieu. Des fontaines qui portent naturellement son nom. Une fontaine à chaque extrémité comme nous pouvons encore les voir aujourd'hui. La première, la fontaine des quatre vallées ; la seconde, la source de l’amour … tout un programme ! Dans les deux cas, des statues magnifiques, des jeunes femmes inaccessibles ... surtout la première juchée à 14 m de haut, une statuaire classique, je vais vous convaincre j’espère, d'aller les contempler !

Je commence par la principale,

car elle nous décrit tout ce qui représente les Pyrénées centrales

Comme telle, elle devient un élément central de ma recherche sur les "surprenantes Pyrénées centrales".
Fonte ou marbre ?

les deux !



Telle est la question préalable en 1892, année où le maire Lupau (qui laissa son nom à une petite rue du quartier du Figarole) et pharmacien tarbais propose de lancer un concours :  trois sculpteurs bigourdans (Desca, Escoula et Mathet) sont consultés. Ils exposent une maquette en mars 1892. Le succès est tel que Monsieur Lupau est réélu maire pour la quatrième fois… grâce à une fontaine monumentale !

Le 15 décembre 1892, un accord est signé entre la commune et les trois sculpteurs. La direction des travaux est confiée à l'architecte Louis Caddau qui dit-on, l'assure gratuitement.



La fontaine s'élève sur la place du marché de Tarbes, Place du Marcadieu, à l'est de la halle métallique, sur un emmarchement de granit. Elle se tient sur un soubassement de marbre gris clair, de plan carré, aux angles tréflés, animé de légères courbes.

Sa composition très pyramidale doit se lire du haut vers le bas : elle évoque en effet le thème des sources pyrénéennes qui donnent naissance aux nestes et torrents pour irriguer les principales vallées ouvrant sur la plaine de Tarbes.







lors du démontage en 2006



Au sommet se tient le groupe sculpté, en bronze, de l'Aurore surprise par un izard bondissant, oeuvre d'Edmond Desca. Jean Escoula, (qui j'imagine dispose d'une modèle appropriée ?) représente Aurore en jeune nymphe s'apprêtant, dans l'élan de la marche, à jeter des fleurs autour d'elle. C'est le thème classique de Diane avec son lévrier, transposé en Bigourdane avec l'Isard. Les trois sculpteurs devaient bien s'entendre, avec la coordination active de Caddau, pour entremêler ainsi leurs oeuvres !




l'Adour protégeant l'Echez, on comprend, quelles belles formes !

Ce premier groupe est porté par une pyramide rocheuse en pierre calcaire dite d'Euville où s'agrippent putti et figures d'hommes et de femmes nus, symbolisant les torrents (Nestes et Gaves) descendant des montagnes de Bigorre vers les vallées. Ils se disputent avec violence la faveur de se déverser dans les directions souhaitées l'eau jaillissant de lourdes jarres. Il y en a six, tous représentés par des personnages. Il y a l’Adour fleuve vigoureux qui prend sous sa protection la belle femme à gauche représentant l’Echez. La Neste quitte l’Arros, représenté par un jeune homme musclé qui cherche à l'attirer vers l'Adour. Le visage du Bastan exprime l'effort. Le Gave qui roule aveuglément au hasard de ses caprices, clame sa plainte.

Il faut croire que dans une légende pyrénéenne la Neste était la compagne de l’Arros, ce qui explique la présence des trois bébés autour d’eux. Mais la vie est souvent injuste envers ceux qui s’aiment… Ici l’Arros regarde avec impuissance sa bien-aimée partir se jeter dans la Garonne, lui se dirigeant inexorablement vers l’Adour. C’est bien triste ! Le Bastan quant à lui s’accroche fermement à ses rochers, il faut dire qu’il sort des flancs du Pic du Midi !

Le groupe des torrents est l'œuvre d’Edmond Desca. Il reçut la médaille d’or à l’exposition universelle de 1900. Le plâtre serait exposé au musée de Bagnères, il faut que je retourne le voir !


Sous ce deuxième groupe sculpté, se succèdent deux bassins circulaires en marbre gris, au diamètre croissant, reliés par une pile rocheuse. Le premier bassin, ourlé de concrétions, réceptionne l'eau jaillie des jarres et la redistribue en laissant tomber son trop-plein dans le bassin inférieur. Sur les faces de la pile centrale, la roche sombre ménage des cavités où Edmond Desca, toujours lui a placé, en bronze, les animaux sauvages symboles des montagnes : l'aigle, l'ours, le loup. Le bassin inférieur, d'un diamètre nettement supérieur, est ourlé d'une margelle en forme d'épais boudin d'où retombent de lourdes concrétions en festons.







Aux quatre points cardinaux figurent quatre groupes sculptés sur des piédestaux carrés de marbre gris ornés de concrétions retombantes, comme sur le deuxième bassin. Ils symbolisent la plaine de Tarbes et les trois grandes vallées (Bagnères, Aure et Argelès) se reposant au pied de la montagne, représentées sous la forme de jeunes nymphes accompagnées de leurs attributs respectifs : Bagnères avec la lyre des chanteurs montagnards et un patou à ses côtés ; Aure avec l'agneau et la vache de trait de la vie agricole. Argelès avec le bouquetin des altitudes ; et Tarbes avec le cheval  arabe, le canon et les armoiries.





La volonté dramatisante de la composition générale exprime un contraste entre la nature sauvage des parties hautes et la nature contrôlée et apaisée des parties basses. Ce contraste est également souligné par l'effet de polychromie entre les marbres, gris clair et gris foncé, le bronze (aujourd'hui vert) et l'ivoire de la pierre calcaire

Les trois artistes sont des pointures : Louis Mathet, né à Tarbes, le 20 novembre 1853, est l'auteur de  "Hésitation", "Oréade"..."Jeune fille à la source", ..."l'Inondation" » érigée sur la place de la Courte-Boule.

Jean Escoula, né à Bagnères-de-Bigorre, le 27 octobre 1851, élève de Carpeaux, a sculpté "le Sommeil", "Le Bâton de vieillesse" couronné à Paris, en 1882, "Le Bûcheron des Pyrénées", notre "Aurore", " Les jeunes baigneuses", "La Nymphe des sources", "Chloé endormie"..."La Muse Bagnéraise" que je vais saluer chaque mois sur place, et bien d'autres encore.  Il est médaillé d'or pour l'ensemble de son œuvre aux expositions de 1889 et 1890 et promu officier de la Légion d'Honneur, en 1910.

Edmond Desca, né à Vic-Bigorre, le 16 novembre 1855, est l'auteur de "L'Aigle", "Paix et fécondité" "L'Ouragan" couronné à Paris, en 1883 et que je vous ai montré dans le jardin Massey, "1792" représentant le conventionnel Danton fustigeant un ennemi de la République, installé sur la place de la mairie de Tarbes, "Revanche" et "La lutte pour la Vie" à Vic-Bigorre, "Salut noble Béarn", à Pau, "Jean de La Fontaine", " L'Immortelle" pour ne citer que les œuvres les plus significatives.

Ouf !

j'espère que vous verrez la fontaine des quatre vallées autrement !

maintenant vous reconnaissez Tarbes !


dimanche 28 juillet 2019

La villa Oustau à Aurelihan


La villa Oustau construite par l’architecte Paul Louis Gély à la demande de Laurence Oustau sur un terrain acheté en 1910, non loin de l’usine, a eu plus de chance que la tuilerie. Inscrite, elle aussi, en 1994 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, elle a été rachetée par la Ville d’Aureilhan et transformée en centre culturel.

 
Elle cultive un style Art nouveau discret avec les décrochements de sa toiture et les éléments décoratifs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Briques vernissées et céramiques sortent de l’usine du propriétaire.




















Le projet choisi pour la villa est dû à Paul Louis Gély, jeune architecte d'une trentaine d'années tout récemment diplômé. La construction est commencée en juin 1911 et s'achève deux ans plus tard. Dans sa mise en oeuvre sobre annonçant l'esprit du mouvement Architecture moderne, le bâtiment fait largement appel aux matériaux produits par l'usine : briques polychromes, pierre artificielle, carrelages muraux de céramique émaillée.

Le décor intérieur comporte des boiseries moulurées et une ornementation en céramique émaillée constituant le catalogue d'une partie de la production de l'usine, produite en partenariat avec le peintre paysagiste pyrénéen Lucien Gros. Le travail de ferronnerie (baies, cage d'escalier) est dû au serrurier tarbais Grabot. Il a aussi réalisé la grille d'entrée.






















avec naturellement le cirque de Gavarnie







visitez l'espace culture et loisirs d'Aureilhan

l'ECLA

et découvrez les Pyrénées de Lucien Gros !