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Charles à la manoeuvre, de quoi être épuisé ! |
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nous avons décidé de voir trois films, de quoi être épuisé ; indispensable de se restaurer |
je rêvais de me rendre à Carrare : rêve exaucé !
1er film : mille fois sur l'ouvrage, recommencer !
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Carrare, presque aussi beau que Saint-Béat ! |
2ème film ensuite, au titre trompeur : "j'ai rendez-vous avec un arbre"
en réalité, c'est un film de Benjamin Delattre sur le peintre chilien Eudaldo Morales (1914-1987)
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Marine Sans présente Benjamin |
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un rare titre sur Euraldo trouvé sur internet, mais aucun tableau ! |
heureusement, je trouve sur Cairn cet article de Benjamin Delattre, d'où j'extrais ces quelques lignes :
...."...Ce peintre-sculpteur est aussi
l’homme qui a aimé ma grand-mère et élevé mon père. Cherchant un atelier pour
cuire ses poteries, il rencontre cette femme dont le mari avait disparu après
la naissance de son fils. Ce lien a facilité mes recherches. Les lieux où il a
habité me sont d’abord apparus comme des espaces où sa présence avait été
effacée, comme l’ancien atelier de Delacroix à Saint-Maurice, devenu une
médiathèque municipale après l’expulsion d’Eudaldo au début des années 1980.
Ces lieux vides, autant que les premiers témoignages, me dévoilaient la
présence paradoxale de cet absent. Que pouvais-je alors filmer ? Les premières
personnes que j’ai interrogées étaient ma grand-mère et mon père, peut-être les
témoins les moins bavards. Le lien intime entre Eudaldo, ma grand-mère et mon
père cachait sans doute de nombreux secrets. Mon travail a alors consisté à
tenter de retrouver une voix au cœur de ces non-dits. Refusant de filmer ces
moments de mutisme, j’ai préféré faire résonner ces silences dans une voix
réécrite, la voix ressuscitée d’Eudaldo...."
Pour tout vous dire, Eudaldo Morales est né le 12
décembre 1914 à San Javier de Loncomilla, au Chili. Il passe son enfance à
Talca, puis s'installe à Santiago en 1935.
Le jeune homme s'inscrit à
l'Ecole des Beaux-Arts qu'il quitte rapidement, rebuté par un enseignement
académique et bourgeois qui ne lui correspond pas. Il se met à fréquenter la
jeunesse anticonformiste de la capitale, avec laquelle il organise en 1938 sa
première exposition, ouverte au public sur l'une des principales artères de la
ville. Morales souhaite faire de sa peinture un art populaire qui ne soit pas
réservé à une seule élite.
En 1940, le peintre décide de
quitter la capitale pour un long périple à travers tout le continent. Il visite
l'Argentine, l'Uruguay et le Brésil. Il traverse la Bolivie, réalise deux
expositions à Lima au Pérou, mais aussi à Quito en Equateur et à Bogota en
Colombie. Au total, Eudaldo Morales aura parcouru 12 000 km en sept ans,
toujours salué par une presse enthousiaste.
C'est en 1945 que le
peintre décide de signer ses toiles de son seul prénom : Eudaldo.
L'artiste s'embarque en 1949 pour
Paris. Il y rencontre les peintres espagnols, notamment Picasso, et les
artistes précurseurs de l'art moderne. A partir de 1951, Eudaldo expose
régulièrement à Paris et en province. Dans les années 1970, il s'implique dans
différentes expositions pour dénoncer la dictature du général Pinochet.
Le film ajoute, lui, qu’après
avoir laissé sa famille, femme et trois fils (dont on devine la rancœur une fois
devenus adultes), il renoua avec de nouvelles compagnes comme Consuelo, qui
après l’avoir accompagné pour faire connaitre ses œuvres, ont participé à l’isoler
à tel point que Benjamin Delattre nous fait visiter son ancienne maison en
ruines proche de la Loire, remplie de poteries, d'archives photo, et abandonnée en l’état.
Eudaldo meurt à Perpignan le 13
août 1987. Son corps repose à Palalda, un petit hameau du Languedoc-Roussillon.
Paradoxe, quasi aucune œuvre sur
internet ! Le fils ainé a été le premier à les récupérer, il y en a au
moins un millier, et après avoir ouvert les containers qui les abritent dans un
garde-meubles secret, plusieurs sont déballées devant nos yeux, avec des couleurs primaires
manifiques
je n'ai pas osé photographier et risquer des photos moches :
je n’en ai donc aucune
à vous faire voir !
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fin des années 50, rue Jean Ferrandi Paris |
Benjamin Delattre conclut son article par ces deux paragraphes :
"Son œuvre et sa vie ne cessent pas de m’intriguer. Si je
m’efforce de faire revivre cet être disparu derrière un montage d’éléments
tirés de son imaginaire visuel (ses œuvres, les lieux qu’il a habités, les
paysages qu’il a traversés) et de son imaginaire mental (sa présence retrouvée
dans une voix en dialogue), rien ne m’assure de ses intentions. Parfois, quand
je lis les histoires des milliers d’évaporés japonais (les johatsu), ces
citadins qui disparaissent tous les ans pour mener une vie souterraine, je
pense qu’Eudaldo a peut-être, lui aussi, organisé à sa manière une disparition
progressive. Mais contrairement à la majorité des évaporés, le désespoir ou la
malchance ne semblent pas à l’origine de sa disparition. Car il a eu la chance
de pouvoir laisser derrière lui d’autres couleurs que le blanc de l’oubli. Ce
sont des milliers de dessins, des centaines de toiles couvertes d’herbes et de
pierres, de collines, de forêts et de nuages, et des dizaines de masques,
d’animaux, de musiciens qu’il a fait apparaître. Rarement datées, rarement
signées, ses œuvres sont sans rapport avec le temps du calendrier. Quand j’ai
appris qu’il était mort après avoir mangé trop de figues malgré son diabète,
j’ai entrevu ce qui devait être un appétit insatiable de vie.
En somme, c’était à tout instant et partout qu’Eudaldo
convoquait les êtres composant son univers. Et c’est d’abord au milieu de ses
œuvres, en elles et pour elles, qu’il a existé et qu’il semble pouvoir vivre
aujourd’hui encore. Dans la dernière année de son existence, il a noté,
lapidairement, sur le coin d’une enveloppe : « J’ai rendez-vous avec un arbre.
» Peut-être rêvait-il de rejoindre cette nature qu’il a peinte et sculptée avec
tant de style et d’allégresse.
3è film ...moins difficile...
comment Isabelle Huppert et Fabrice Lucchini
préparent leurs spectacles ?
Un numéro à deux : Isabelle en studio et en taxi répète son texte en accroche sur une phrase. Patatras, elle acrrochera en scène, mais comme elle a su parfaitement exprimer le sens, qu'elle a improvisé, de même que le comparse qui lui donne la réplique, personne ne s'aperçoit de rien, et elle reste la diva magnifique que chacun admire ! le trac, ce n'est pas le trac, mais le trou qui fait oublier une seconde le texte, cela ne tient qu'à la mémoire, qu'il faut exercer sans cesse !
Luchini répète inlassablement, lui, des paroles de Nietzsche, qui s'interroge sur la maladie, la douleur en résultant, et le rapport avec la philosophie (si j'ai bien compris). Mais Luchini disserte abondamment sur ses Maitres, Michel Bouquet, et surtout Louis Jouvet, le seul qui ait su exprimer la modestie de l'acteur : l'acteur doit s'effacer derrière le texte, son seul objet : "restituer". Ne pas trop en faire, pour laisser au spectateur restituer le sentiment exprimé, surtout (c'est drôle venant de Lucchini) ne pas forcer, même s'il faut savoir attaquer au bon niveau, comme en musique, ce qui est une question de technique. On comprend que devenir acteur est un métier, nécessite un énorme travail préalable, si le jeu final veut paraitre facile.
nous avons devant nous un Maitre, on ne se lasse pas de ses monologues !