"La multiplication des normes environnementales provoque un retour de
bâton anti-écologique" : le dernier livre de l'Agenais David Djaïz colle à
l’actualité
Je découvre le dernier livre de David Djaïz et Xavier Desjardins dans la Dépêche, avec cet article signé Bertrand Chomeil que je reprends intégralement. J'ai toujours dans l'oreille cette maxime du numéro deux de la Chambre régionale d'Agriculture de Bretagne, disant les préalables indispensables à toute réforme, notamment agricole à mettre en oeuvre par les paysans : "savent-ils ? peuvent-ils ? veulent-ils ? ".... La température de ce mois de janvier le démontre une fois de plus : nous venons de vivre un mois de janvier comparable à l'été. Je viens de cueillir les premières violettes. Les cerisiers fleurissent dans les Pyrénées orientales... peut-être avant de geler plus tard ? La révolution climatique est bien là, avec son manque cruel d'eau en Catalogne...avant de recommencer ailleurs cet été...
Les constructeurs de l'ICON of the Seas savent-ils que leur paquebot géant rejette du méthane, davantage encore que des millions de vaches et de voitures ?
Pire puisque nous sommes en Bretagne, donc en France, les pêcheurs bloqués au port un mois pour permettre aux dauphins de tenter de se reproduire. Voilà que la Compagnie des Pêches de Saint-Malo investit dans le plus grand chalutier du monde, pour fabriquer à bord du surimi je suppose "made in France".
savent-ils ?
que ce soit l'un, ou l'autre, on les laisse faire ?
Vous pensiez que les 9 milliards d'humains peuplant la Terre étaient au courant du réchauffement climatique ? Vous voyez bien que non, et que le charbon chinois notamment ne cesse d'être brûlé pour produire de l'électricité, avec un max de gaz à effet de serre !
Quand vous avez lu la maxime de la Chambre d'Agriculture de Rennes, vous avez compris que savoir est le préalable, mais que si l'on ne peut pas, (parce que l'on manque d'argent, d'artisans, de terrain, d'énergie... que sais-je), on ne peut pas isoler aisément toutes les passoires thermiques ; changer de voiture thermique pour une électrique, fabriquer le verre sans chaleur, pareil le béton, et donc on ne peut (encore) faire fonctionner tous les navires du monde à l'hydrogène renouvelable, même si l'on estime que 50% de la flotte mondiale de navires marchands peut être équipée de "kites" pour capter un maximum de vent, et ce avec l'objectif 2030.
Il s'agit bien d'une Révolution qu'ont engagée les accords de Paris. il y a huit ans. Ce qui pêche sans doute, c'est qu'elle ne vient pas complètement de la base, mais qu'elle est imposée par le haut, sans un mode d'emploi pédagogique, et des incitations qui faciliteraient la mise en oeuvre par les acteurs, le fameux : "peuvent-ils ?"
C'était cette déception qu'affirmaient récemment nos agriculteurs : on leur demande de faire cette Révolution immense sans moyens, alors même que leur revenu a diminué.
Il m'a semblé passionnant d'entendre Xavier Desjardins et David Djaïz,
voici donc l'article de Bertrand Chomeil :
l'essentiel« La Révolution obligée », coécrit avec Xavier
Desjardins, est le quatrième ouvrage de l’essayiste agenais David Djaïz. En
librairie depuis le 1er février, il sera présenté le lundi 26 février, 18 h 30,
au théâtre Ducourneau à Agen.
Le dernier livre de
David Djaïz percute de plein fouet l’actualité. Après La guerre civile n’aura
pas lieu (Cerf, 2017), le remarquable Slow Démocratie (Allary Éditions, 2019)
salué par le prix étudiant du livre politique LCP 2020 et le prix Édouard
Bonnefous de l’Académie des sciences morales et politiques 2020 et enfin Le
Nouveau modèle français (Allary Éditions, 2021), l’essayiste agenais publie « La Révolution
obligée ».
Alors que la colère
des agriculteurs s’apaise, ce quatrième ouvrage est un mode d’emploi pour que
la transition écologique aboutisse. Il est en librairie depuis le 1er février.
Il a été co-écrit avec Xavier Desjardins, géographe, urbaniste, spécialiste de
l’aménagement de l’espace et professeur à la Sorbonne.
« L’époque des lanceurs d’alerte est révolue »
« La Révolution obligée » est le fruit d’une rencontre entre les deux
intellectuels à l’occasion d’un séminaire
appelé « L’art de gouverner les transitions ». Ils l’ont animé en partenariat avec La Fabrique de la Cité (un think tank des transitions urbaines
fondé en 2010 à l’initiative du groupe Vinci, son mécène). L’objectif de
ce séminaire était de réfléchir de manière très concrète et opérationnelle à la
manière de réussir la transition.
« Il nous semble que l’époque des lanceurs d’alerte est révolue, l’époque des grands discours aussi, confie David Djaïz.
Nous sommes dans le dur. Nous avons trente ans pour réussir probablement la
plus difficile révolution énergétique industrielle et sociétale de l’histoire
de l’humanité. En face de ce défi, nous trouvions qu’il y avait une grande
pauvreté des réflexions sur les chemins de la transition juste ».
Les auteurs
s’attachent à montrer qu’une révolution de cette ampleur est possible « sans faire monter les colères, sans provoquer la crise agricole
que nous voyons en ce moment, sans provoquer une insurrection des classes
moyennes, sans achever la désindustrialisation de l’Europe, sans ruiner notre
souveraineté alors même que des puissances comme les Etats Unis et la Chine
sont en train d’essayer de conjuguer action climatique et souveraineté
économique ». Ils ont constaté que la multiplication des normes
environnementales provoque un retour de bâton populiste et anti-écologique. Le mouvement paysan des deux dernières semaines en est la parfaite
illustration.
« Nous avons essayé de
construire un chemin »
Lors du séminaire,
David Djaïz et Xavier Desjardins ont travaillé sur l’eau, la forêt, le logement
(pour ne citer que ces trois thèmes) avec des décideurs publics, des chefs
d’entreprise, des syndicalistes, des experts, des universitaires, des
dirigeants associatifs. « Et nous avons essayé de construire des chemins ».
Sur la base de cette matière brute qui était riche, ils ont décidé de monter en gamme et en ont tiré un livre d’enseignements plus généraux, « La
Révolution obligée ».
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (première place au concours d’admission en 2010), et de l’École Nationale d’Administration (promotion George-Orwell,
2015-2016), David Djaïz est le président de l’association « Les Amis agenais de Michel Serres » qui organise Les Rencontres. Il assure
que le thème de l’édition 2024 est trouvé mais il est trop, dit-il, pour le dévoiler.
En attendant, il sera le lundi 26 février, à 18 h 30, au théâtre Ducourneau, à Agen, pour échanger autour de « La
Révolution obligée ».
« La voie de la
transformation industrielle est la plus rapide »
David Djaïz, est-ce qu’il peut y avoir une révolution sans violence ?
Nous n’avons plus le
choix entre l’action et l’inaction. Si nous n’agissons pas pour lutter contre
le dérèglement climatique, nous aurons des catastrophes incommensurables. Le
choix est donc entre agir de manière ordonnée, organisée, et obligée, c’est ce
que nous appelons la Révolution obligée, ou subir des cataclysmes. Cette
Révolution obligée est bien entendu douce, non violente parce qu’elle est
planifiée, concertée, négociée. Le cœur de bouquin est justement de donner une
méthode de conduite du changement. La méthode est le chemin.
Les
obstacles sont nombreux. Une méthode est-elle suffisante pour les franchir ?
Ce n’est pas juste un
discours de la méthode. Il y a un programme d’actions assez complet. Pour
atteindre nos objectifs climatiques, de nombreuses actions différentes doivent
être menées en même temps : faire évoluer les comportements individuels et améliorer l’efficacité énergétique de notre appareil productif. La
production d’électricité repose en moyenne sur une déperdition de 70 % de l’énergie
primaire. Rien ne peut se réaliser sans une méthode de transformation.
Le
livre résonne avec l’actualité…
Nous ne remettons pas
du tout en question les objectifs du Green deal européen, cet ensemble de
textes ambitieux pour lutter contre le changement climatique. Nous critiquons
par contre sa méthode d’élaboration très bureaucratique, très verticale, très
bruxelloise qui repose essentiellement sur des objectifs chiffrés alors que si
nous voulons produire du changement il faut renter dans des processus concrets
de négociations, de substitution progressive d’une pratique à une autre,
d’investissement. Il y a tout un projet de société à construire de la manière
la plus démocratique possible. C’est cela qu’il nous manque car beaucoup
d’énergie est concentrée sur des actions qui ont peu d’impact sur le climat et
à l’inverse on laisse l’éléphant dans la pièce.
Un
exemple concret ?
Le Zéro
artificialisation nette (ZAN). Il est louable de dire qu’il faut arrêter de
consommer des espaces naturels ou des terres agricoles pour urbaniser. Mais la
méthode retenue aujourd’hui est de fixer un objectif arithmétique qui est le
même pour tout le monde alors que les réalités du territoire sont différentes
d’un territoire à l’autre.
Nous, nous plaidons pour une révolution complète de la décentralisation à
travers cet exemple du ZAN. La meilleure manière d’y arriver n’est pas de
piloter la réduction de l’artificialisation par décret en logeant tout le
monde à la même enseigne mais d’engager sur une base horizontale des négociations
sur les territoires en fonction de leurs caractéristiques.
Vous
expliquez que la Chine a déjà amorcé un tournant industriel spectaculaire.
Pourquoi ?
La Chine s’engage dans des transformations profondes sous le prisme industriel.
L’entreprise qui a vendu le plus de voitures électriques fin 2023 est le
chinois BYD et non l’Américain Testla. La Chine a 40 000 km de lignes à grande vitesse, elle en avait 1 000 km en 2008. Il y a des progrès sur la biodiversité. La pollution de l’air a reculé de + 40 % en 10 ans. Les rivières à
Pékin et Shanghai deviennent baignables,
ce n’est pas le cas de la
Seine à Paris.
Par contre, la Chine fabrique deux centrales à charbon par semaine. Elle est le plus gros émetteur
de gaz à effet de serre. Il n’en reste pas moins que la voie de la
transformation industrielle permet des changements plus rapides que la voie
normative choisie par l’Europe. Le Green deal doit changer de braquet.
alors, vous, nous :..
prêts pour la Révolution ?
ou on attend d'être ... obligés ?