vendredi 30 août 2013

Ballade à Bossost


Jeanne et Christian fêtent leur quinzième anniversaire de mariage, (ce sont de tous jeunes mariés). Ils ont choisi de venir chez nous, et nous nous devons d’épater Jeanne, qui est une grande érudite, et requiert le maximum de nourritures spirituelles, avant de s’adonner aux plaisirs de la table. Rien à dire : on fonctionne pareil !

Comme nous avons prévu de nous rendre à Bossost (c’est une fois de plus dans le val d’Aran, et nous sommes en Catalogne, province de Lleida), nous nous rendons directement à l’église. Ca c’est pour l’âme, et aussi l’esprit. C’est une église romane, dédiée à la Mair de Diu dera purificacion ou en catalan : Glèisa dera Assompcion de Maria. Il y a un clocher de style roman lombard superbe, et surtout le tympan en marbre gris presque noir, porté par un linteau orné d'un chrisme et d'une frise en damier, qui représente le Christ en gloire entouré par le tétramorphe, le symbole des quatre évangélistes. Exactement ce qui fait kiffer Jeanne.
 



Le tympan nord (XII° siècle), est donc orné d'un christ pantocrator (en gloire, sans mandorle). Les trois doigts de la main droite levés (pour désigner la Sainte Trinité). La main gauche désigne l'assemblée pour laquelle il intercède. Il est entouré du tétramorphe : représentation symbolique des quatre évangélistes où seul Mathieu (à la gauche du Christ) est représenté par un homme. Marc en bas à droite  par un lion, Luc en bas à gauche par un bœuf, et Jean en haut à gauche par un aigle. Au-dessus, tout petits, le soleil et la lune !


Comme devoir à la maison, il va nous falloir déchiffrer l’autre chrisme surmontant la porte Sud, normalement il devrait y avoir l’alpha et l’oméga, mais  nous avons du mal à les reconnaitre car on les dirait inversés !

A l’intérieur, après avoir franchi les portes ornées des symboles pontificaux et de la croix de Malte, trois nefs majestueuses, un beau Saint Christophe, et un superbe Christ souffrant sous la croix. Surprise : en catalan, on dit : roda d'escallins, rottle de campanetes, roda dels esquellins, rolitg, tous termes qui désignent le rottlier : une roue à clochettes. On en trouve encore dans le Roussillon dans les églises d'Arles-sur-Tech, Mosset, Souanyas et Terrats. Voici la roue de Bossòst. Et naturellement, la Vierge, qui n’est pas sans rappeler les vierges noires.


  






































 













L’âme satisfaite, l’esprit réveillé, il est midi et demie, le corps se manifeste par des bâillements de plus impossibles à masquer : nous avons heureusement pris nos précautions, et quatre places nous attendent dans la cantine habituelle. C’est dur : après les crues pourtant passées depuis deux mois, les esturgeons (qui ont baigné dans l'eau salie) sont toujours en quarantaine, rayés de la carte. Nous devons nous rabattre sur d’autres merveilles, et (toujours modeste) je prends la morue entourée de ses petites asperges. Exquis ! Le contraste terre-mer fait toujours son effet, et nos amis se régalement des pieds de porc entourés de coquilles Saint-Jacques, on avait bien besoin de ce Saint là pour nous faire penser à Compostelle !















Nous saluons le patron, grand cuisinier devant l’Univers, pour le féliciter de son association terre-mer. Pour lui, c’est le repas catalan traditionnel, et il n'y a que les Français pour s'étonner ! Il a d’autres idées qu’il nous suggère : le mélange : mer-montagne. C’est vrai, je n’y avais pas pensé ! exemple : pieds de porc, (on connaît)- homard ! Flute alors, ce doit être extraordinaire ! Je lui fais observer qu’en crise (comme nous sommes dans nos pays respectifs), ce n’est peut-être pas très opportun ! Son épouse nous écoute, et lance fort à propos : -« pas difficile, nous pouvons vous faire : boules de viande (la terre) et seiche (la mer ») ! Bonne idée ! –« Pourquoi pas (ajoute-t-elle) poulet plus crevettes » ? Pourquoi pas en effet ! Comme on ne peut imaginer dévorer ces trois plats en une seule fois, ça fait trois fois à revenir : septembre ; octobre et novembre, pourquoi pas en effet, il suffit de spécifier ses désirs trois jours en avance (par email) pour les voir réalisés !

La sainte mère de Dieu protège définitivement ce village béni (de Dieu),

il faut en profiter :

on va revenir !

voici le pain perdu avec sa crème glacée...il ne faut rien perdre !

jeudi 22 août 2013

C4 le Mans 1932


J’ai comme tous les créatifs, la hantise de la page blanche : ayant terminé mon dernier modèle, je m’interroge : est-ce le dernier ? Pourquoi-pas : j’ai clôturé au bout de neuf années une série équilibrée d’une vingtaine de modèles, et il m’en reste douze, quatre fois trois : trois limousines. Trois torpédos. Trois camionnettes, et trois autochenilles. Je pourrais arrêter. Tentant ! Mais au même moment, quel dommage : je maîtrise mieux que jamais des techniques qui me sont propres, je réalise de mieux en mieux des innovations amusantes, dommage !
 


prestige : elle court derrière une Bugatti !

Pour poursuivre, il faut que ce soit difficile, et il faut que cela ressemble à la réalité historique, pas facile !

J’ai déjà prévu la réalisation d’un petit bus, mais il est suspendu au tournage des essieux arrière avec des pneus jumelés. Jacques, mon tourneur favori n’a pu encore résoudre le problème, faute du matériau idoine : un cylindre en duralumin diamètre 73mm et longueur 36mm. Je sais maintenant le commander (il en faut deux) mais je dois attendre la rentrée de Sébastien, début septembre. Vive la rentrée !

Ouf ! je viens de tomber sur une nouvelle idée : inattendue, l’histoire nous rappelle qu’en 1932, Henri de la Sayette engage une C4 Citroën modifiée aux 24 heures du Mans, seule fois dans l’histoire où une Citroën figurera dans cette course. Malheureusement, la voiture est victime d’incidents électriques et devra abandonner au bout de trois tours.


Il s’agit d’un roadster dont la silhouette est typique des années 1930 (d’autres marques engagées au Mans ont une silhouette semblable : Bentley voire Bugatti 1931), c’est à dire une caisse de torpédo, avec un siège baquet à l’arrière arrondi : s’il s’agissait d’une B2, on dirait un « caddy », avec la poupe en pointe reprenant le célèbre dessin de Labourdette.

Par rapport aux C4 de la même époque, la garde au sol (110mm)  a été surbaissée d'au moins 50mm, les habillages de châssis sont hauts de 220mm. Les flancs de caisse, le poste de conduite, sont descendus d'environ 300mm.


Les couleurs sont elles aussi typiques : bleu de France pour l’ensemble, avec le capot gris-argenté. Parfois le gris-argent recouvre les longerons du châssis : encore mieux ! Les publicités et le fameux numéro 19 rendent le modèle attrayant, d’autant qu’il côtoie des marques célèbres !

Des répliques ont été reconstruites ultérieurement, notamment celle vendue par Bonhams à Beaulieu le 11 septembre 2010 et construite par Ian McDonald Automobile Design & Engineering (IMADE) dans le Suffolk. Dans ce cas : pas de complexe à avoir, je ne vois pas trop la ressemblance avec l’original : il s’agit d’un banal torpédo, avec la caisse arrière carrée. La décoration est donnée par le réservoir d’essence de section triangulaire, et par la grande barre transversale. On peut dissimuler les accus sous la bâche recouvrant l’arrière. Les ailes sont du type bicyclette. En guise de pare-brise, de simples saute-vent. Similitude : la peinture reprend le beau bleu de France, et le capot est couleur aluminium.
 



ne pas avoir de complexes ! aucun rapport avec l'original !
En conclusion, l’idée est de fabriquer un modèle de course, de marque Citroën, se démarquant de la Rosalie trop spécifique, et ressemblant en forme et peinture à la C4 le Mans 1932.

Qu’en pensez-vous ?

On l’attaque en 2014 ?


le bleu échelle 1/7°, mais comment créer un arrière "caddy" ?

La dame de Bordeaux


Il se nomme Albert B. jeune antiquaire de Bordeaux, 3, rue Montbazon. Il expose à Port de Lanne, mêlé aux centaines d’exposants, jusqu’à ce que nous tombions (par hasard) sur son stand. Petit le stand, mais un buste nous attire (irrésistiblement). Du marbre. Soixante dix centimètres. Un buste grandeur nature. Mille neuf cent typique, à cause de la coiffure : un chignon sur une coiffure relevée, dégageant la nuque. Des commissures fines au coin des lèvres. Un nez altier (quoique un peu cassé). De l’allure. Presque de la morgue (mais justifiée). Typique ! Il me rappelle mes dames de Barcelone : altières, racées, les cheveux relevés…ça change de mes romaines néoclassiques :

je kiffe.

toujours mon sens de la discrétion : vous n'êtes pas prêt de reconnaitre Albert
en train de rédiger ma facture !

On tente de le soulever : peine perdue, il pèse une tonne ! Plus précisément deux tonnes le mètre cube : du marbre pas besoin de chercher d’autre hypothèse !

Bien obligés de connaître le prix, ce stade toujours difficile, où la formule doit être adaptée à la susceptibilité du propriétaire, à force d’habitude, on ne demande  plus le prix : on demande : « -combien en voulez-vous ? ». Réponse d’Albert : -« quatre cents Euros ».

Phase de méditation : la réponse aurait pu être : « mille deux cents Euros ». Elle aurait du être ce prix. Trois fois moins, c’est à la fois étrange et tentant. C’est tentant et presque accessible. La raison dirait qu’un tel prix est anormal. Mais le cœur (le diable est caché dedans) me fait rétorquer :

-« Trois cents » ?

A ma stupeur, à la stupeur de ma raison (fortement minoritaire et ébranlée dans ses certitudes), voilà-t-il pas qu’Albert (nous sommes en tout début de la brocante et il a hâte de recevoir de l’argent), répond :

-« d’accord »

Je me trouve pris de court. Sans voix. Privé d’arguments. J’ai l’argent demandé, caché en liquide dans mon porte-chéquier. Argent accumulé au cours des mois précédents ; argent détourné des courses alimentaires, et réservé (péniblement) pour une occasion de ce genre. Autrement dit, je me trouve coincé.

Albert (qui est jeune mais professionnel) ajoute instantanément : -« je vous prête naturellement mon diable. (c’est le cas de le dire. Il s’agit d’un bâti métallique muni de deux roues). Et la couverture destinée à la Bordelaise. Vous me paraissez suffisamment sérieux pour que je vous fasse confiance. Vous roulez le buste jusqu’à votre voiture. Vous me ramenez le diable…et la couverture. Je compte sur vous ? ».

Nous sommes séniors, solvables et sérieux. Dans d’autres confréries (maçonnes), on dirait de nous que nous sommes honorables (et bien nés) ce qui est véritable, et non seulement le chèque que nous donnons en échange de cette parole favorable est solvable ce qui aurait pu ne pas être si évident. Je conserve ainsi mon précieux liquide. Mais notre désir d’acquérir pour trois cents Euros un buste en marbre grandeur nature, même non signé, est véritable (bien qu’un peu naïf) ? On ne peut pas laisser passer une affaire pareille !

Le buste emballé par Albert, nous fendons la foule, le diable en avant. Faisons le chemin inverse de l’aller. Retrouvons la voiture coincée dans son pré récemment moissonné, encore revêtu en surface des vestiges des tiges de blé coupées. Ouvrons la voiture. Déposons le précieux buste. (nous avions pris-au-cas-où une couverture ce qui ressemble à de la préméditation). Revenons vers le stand d’Albert. Le retrouvons (miracle). Redonnons le diable et sa couverture à Albert. Un peu surpris de nous voir si vite de retour. Tenant parole.


Nous sommes comme en sortie de table : rassasiés. Il fait chaud. Cet aller-retour nous a épuisés. Nous n’avons plus qu’une hâte : conserver le liquide (l’argent liquide) étonnamment préservé. Et filer avant que la cohue du départ embouteille toutes les routes.

Quelques heures plus tard : retour à la maison. C’est la phase de réalité. Le buste est toujours aussi lourd. Direct dans la baignoire, phase habituelle de salubrité. Nettoyage. Sortie. Surprise : les taches ont disparu. La patine aussi. Ca ressemble à du marbre. L’éclat du marbre. Mais ce n’est pas du marbre. Des lacunes un peu partout nous conduisent à la (cruelle) vérité : les faits : c’est assurément de la résine, incluant de la poudre de marbre. Le modèle n’a pas collé partout au moule. Des manques partout. C’est un moulage loin d’être impeccable, un faux, on s’est fait avoir !

Les cours de management sont prodigues en la matière : comment rebondir, après une défaite, et transformer en plus, ce qui est en réalité un moins, un handicap ?

Trois cents Euros ne sont pas une tromperie si grave que l’on fasse un procès, et nous avons été bien complaisants dans notre achat. Nous n’avons qu’à nous en prendre à nous-mêmes, et à transformer l’essai. Je me jette sur la pâte à bois achetée pour un autre usage, et rebouche un à un les trous suspects. Ca ne tient pas trop sur cette fichue résine, mais le lendemain, le ponçage conserve quelques améliorations. Le cou principalement a été mal recollé, et il faut ôter ces ouvertures béantes et cette couleur jaune trop visibles. « Ca le fait » comme on dit à la télé.

Le résultat est moyen, le rebouchage blanc n’est pas de la même couleur que le faux marbre d’origine. Seule solution, repeindre le tout. En blanc. Anne s’y colle, c’est son métier.

Lendemain, le buste est devenu homogène, mais blanc. Dernière issue, les veines grises qui caractérisent le vrai marbre. Anne n’en est pas à sa première aventure, elle a autrefois transformé maintes cheminées, de tilleul en vrai-faux marbre. Le buste posé sur une table de vrai marbre de Saint-Béat, elle retrouve vite les zig-zag nécessaires qui vous font une belle veine réaliste. Elle en cumule quelques unes.

Voilà notre belle dame de Bordeaux. Elle orne désormais notre jardin devenu parc grâce à d’autres ornementations du même style. Albert contacté depuis reconnaît avoir fait appel à un décorateur, « son » décorateur. Nous lui avons proposé nos services, au cas où il se retrouverait dans l’embarras. Il se dit prêt à nous racheter notre œuvre.



Nous serions susceptibles de donner suite….

…il faudrait cependant qu’il nous en donne…

quatre-cents Euros :

ca vaut bien ça : une Bordelaise…en marbre !

Niké retrouvée !


Voici la suite (fort attendue) de notre feuilleton artistique de l’été : Niké est revenue (comme dirait Jacques Brel) ! http://babone5go2.blogspot.fr/2013/04/est-ce-nike-1948.html


Vous vous souvenez de Niké ? la Victoire de Saint-Gaudens ? Je sais maintenant qu’elle a été remise par le FNAC à la Ville de Saint-Gaudens le 27 juin 1950, sous le numéro : 7046. Le FNAC ne doit pas être confondu avec la FNAC : c’est le Fonds national des arts contemporains, dont la gestion a été confiée au Centre national des arts plastiques. Sa collection regroupe plus de 90.000 pièces d'arts plastiques, de photographies, d'arts décoratifs ou de design, conservées depuis 1991 dans un bâtiment de 4 500 m2 à Puteaux, sous l'esplanade de La Défense. Il faut dire que le CNAP est l’héritier de l’un des services de la Division des beaux-arts, des sciences et des spectacles (ancienne Surintendance royale), qui fut créée en 1791. Dès cette date, un budget, distinct de celui des Musées nationaux, permit d’acquérir des œuvres pour encourager les artistes vivants ou les talents naissants, et de venir ponctuellement en aide aux artistes en difficulté. En 1800, le Bureau des beaux-arts est créé ; son rattachement à différents ministères au cours du XIXe siècle, lui fait porter successivement plusieurs noms : Bureau de l’encouragement des arts à partir de 1879, puis Bureau des travaux d’art en 1882. Le Bureau des travaux d’art restera une des grandes divisions du secrétariat d’État aux beaux-arts, jusqu’en 1961. Ce qui est bien, est que les œuvres sont prêtées en fonction des demandes des musées, administrations ou autres évènements. C’est ainsi que notre Niké a été déposée chez nous en Province, façon astucieuse de la faire connaître du public.

le golf miniature à droite, mais impossible de repérer notre statue !

En pratique, elle n’était pas comme le dit la littérature dans le « jardin public », qui est orné par le cloitre de l’abbaye de Bonnefonds. Mais en face, en contre-bas, dans le golf miniature. Ce dernier avait la forme d’un U renversé, l’entrée (l’obstacle numéro 1) se faisant par la branche de droite. Au fonds, l’obstacle numéro 8. Au retour, autre bout du U renversé, l’obstacle final numéro 18. Figurez-vous que notre statue était au bout à côté du numéro 8, et que le Président (durant vingt ans) du Golf, dûment contacté, a côtoyé notre statue sans jamais la regarder, à tel point qu’il était dans l’impossibilité de la décrire, encore moins d’en préciser la disposition des bras.
 


l'entrée du golf, mais elle est au fond, invisible !

Comme le montre bien la photo retrouvée, le socle était enterré dans une espèce de fausse-montagne comme on les édifie ici comme socle pour Notre Dame de Lourdes. Pas de socle, pas de signature, l’œuvre devenue anonyme était nommée « la Vénus », façon bien commode de lui donner un nom. Administrativement : Vénus 7046. Miracle, Marie-Laure P. qui est l’une des personnalités du Musée local, la photographie, intacte, en 2004, avant les dégradations qui finissent par casser les bras levés, et la tête. Elle dépose plainte à la gendarmerie, et recueille les morceaux les plus récupérables, qui existent toujours aujourd’hui.
  


Nous lui devons cette œuvre, oubliée du Musée Deluol lui-même. Colette son épouse possède peut-être encore des photos, mais comment la contacter à son âge ? Comme André Deluol en a la spécialité, il avait mis en exergue les voiles de notre Victoire, inspirés des vêtements grecs, comme rarement il l’avait fait dans ses autres œuvres conservées aujourd’hui.

Une réhabilitation s’impose donc, et l’histoire du futur commence aujourd’hui.

Notre feuilleton débute donc à peine….


…on espère pouvoir vous promettre : à suivre ?

mercredi 14 août 2013

Fête des brocs à Port de Lanne



C’est devenu une tradition : veille du 15 août (le jour du 15 août nous ne sortons pas pour éviter la foule sur les routes), nous partons pour Port de Lanne : lever 6 heures, départ à 7 heures, car il faut deux heures pile de trajet. Arrivée sur place à 9 heures pile, les voitures sont partout : certains champs portent encore leurs légumes d’été à grosses fleurs jaunes de citrouilles. Dans les autres on a moissonné pour y entasser les voitures. Deux raretés ici : les places pour garer le véhicule, nous sommes en pleine campagne, mais tout est clôturé, les routes bordées de fossés. Et les places de WC, car le village heureusement a ouvert la salle de sport qui abrite 3 cabines, mais vous n’imaginez pas les queues vu la foule (la moitié sont des dames !). Or après deux heures de route, vous comprenez que l’intendance doit inclure un arrêt idoine. Je passe car nous avons une fois de plus magnifiquement opéré, malgré la cohue, et malgré la séparation inique qui marque encore dans notre société pourtant égalitaire les WC hommes (rapides) ; femmes (lentes) ; et handicapés (vides).
 














le fronton de 1932











Ce qui est épatant, c’est que les brocs réservent pour cette occasion leurs plus amusantes trouvailles, et on trouve des tas de choses inattendues : cette madone aragonaise qu’on imagine revêtue de sa robe et de sa couronne, mais qui déshabillée paraît étonnamment moderne. (dans quelle église a-t-elle été encore « prélevée » ?). Ce buste de Flore en terre cuite. Huit cents Euros quand-même ! Deux des quatre saisons : mille cinq cent Euros quand-même ! Des maquettes de bateaux. Un Dewoitine (c’est une marque d’avions). Surprenant : un dôme de lampe Schneider décor aux cardamines. Mille deux cents Euros (quand-même, le deal consiste à trouver le pied assorti ; à reconstituer la lampe entière, le tout vaudra douze mille Euros (ça vaut le coup, on multiplie par dix). [1]On trouve des massacres de taureaux, nous sommes dans le coin où l’on pratique encore la corrida) ; des brochets empaillés encore plus gros que ceux pêchés par Poutine (lire Paris-Match). Des services de faïence (de Sarreguemines) basques évidemment, et même des assiettes Ramuntcho (165 Euros l’assiette quand-même).



















De tout je vous dis : des livres ; des mobiliers de jardin ; des peintures ; du linge de maison. Le nombre des vendeurs est immense, et en deux heures, j’imagine que nous n’avons parcouru que la moitié des stands.
  














Mais au bout de deux heures, nous sommes à genoux, il fait déjà chaud, et sortir de cette mêlée est indispensable si l’on veut respirer un peu. Nous avons comme toujours trouvé ce que nous ne cherchions pas, l’avons ramené à la voiture avec le diable (c’est le cas de le dire) prêté par le vendeur, et avons donc fait deux fois l’aller-retour. Je transpire à grosses gouttes.





Nous nous dirigeons vers Dax. Arrivés, les rues encombrées par la foule, tout le monde est en blanc, avec un foulard (ou une ceinture) rouge : c’est la fête ! Plutôt « les fêtes » car on dit : « les fêtes de Dax » ! A côté de Port de Lanne, les encombrements sont encore plus énormes, la circulation quasi bloquée, il est près de midi et nous arrivons quand-même à l’heure.

Je vous ai incrusté de-ci-delà quelques quand-même, une expression que j’adore : la scène se passe à Toulouse, à l’époque où Lacroix avait une boutique célèbre, rue Boulbonne. Entre une Toulousaine, habillée comme un arbre de Noël : en Lacroix bling-bling, des bijoux Lacroix Dieu sait si à l’époque ils pouvaient être totalement immodestes. Foulard assorti. Sur la dame, une petite fortune. On imagine la dame elle-même commerçante, coiffeuse, bouchère ou antiquaire, et ne plaignant le prix de ses prestations. Ou encore portait-elle des cadeaux qu’elle n’avait pas payés ? Possible. Toujours est-il que la dame demande à la vendeuse le prix d’une ceinture. –« Trois cents Euros Madame » s’entend-elle répondre. –« Ah quand-même ? » rétorque la cliente, désappointée par le coût ! C’est devenu un rite : je demande le prix. Le vendeur me répond. Et quel que soit le montant, le jeu consiste en se rappelant la Dame de rétorquer : -« Ah quand-même ! » Il faut préciser que si la scène se passe à Toulouse, la réponse complète est : -« Ah quand-même-con », avec l’accent naturellement. A Port de Lanne au bord de l’Adour, on peut ôter le con, la formule se suffit à elle-même.

Quelques heures plus tard, nous rentrons au bercail, la moisson débarquée de la voiture. C’est bien, on a ramené des trucs marrants, qu’il va falloir nettoyer ; poncer ; peindre et in fine dorer. Des cadres impeccables, déjà apprêtés, parfaits pour encadrer (of course) les prochaines huiles de ma peintre préférée.


L’hiver finira bien par arriver :

J’aurai à Noël (j’espère) quelques nouvelles peintures

dans leur cadre de Port de Lanne

de quoi rêver !

dimanche 11 août 2013

11 août 1789


224 ans jour pour jour ! La dîme est abolie ! En pleine trêve d’août, Pierre Moscovici nous annonce qu’il revoit (à la baisse) les prévisions de croissance…croissance si l’on peut dire, puisque justement il a l’honnêteté d’avouer qu’il ne prévoit plus les 1,2% initiaux, mais qu’il ne prévoit plus rien du tout, reprenant ainsi à son compte l’expression « croissance zéro ».

Exercice inusité de sincérité, bravo l’artiste !

Si je me rappelle les chiffres récents, notre (cher) budget était en train de déraper de plus de deux milliards, malgré la hausse des impôts de 2013, dérapage auquel va s’ajouter la pénibilité promise dans un mois pour les retraites, allons-y : ça va faire 5 milliards en 2014 ? (de déficit supplémentaire bien entendu). Cela fait de nous le second emprunteur mondial sur les marchés. Nous ne méritons plus AA+, mais bien BBB comme l’Italie.

S’il n’y a plus de croissance, cela signifie que les rentrées fiscales ne vont pas augmenter, et que c’est l’impôt qui va devoir compenser. Une solution serait bien de faire comme tous les français, qui achètent moins d’automobiles ; qui vont moins en vacances, moins au restaurant, moins de fringues etc… : l’Etat (et les collectivités locales) devraient freiner les dépenses !

Mais on nous rabâche : mécanisme pervers : si l’on économise trop, on va en récession ! Flute alors : il ne faut pas se lancer dans des économies : il faut dépenser, dépenser dépenser toujours plus !

De facto, je ne vois plus qu’une issue : augmenter (une fois de plus) les impôts (la CSG par exemple)

224 ans après jour pour jour :

la dîme va augmenter !

C’était bien la peine d’avoir fait la révolution, et d’avoir guillotiné Louis  seize !
 


Je viens de passer une demi-heure à Labarthe-de-Rivière. Le vide-grenier est à l’image du pays : morne, triste, des guenilles, ça me rappelle la Pologne dans les années 1960. La seule chose attirante, est la colonne de la Liberté, avec ses dates gravées dans la pierre : 11 Août 1789. Je vous en ai montré les quatre faces dans : http://babone5go.blogspot.fr/2011/11/republique.html

La dîme est abolie !

Remarquez, je dois être honnête, la dîme a bien été abolie….

On l’a remplacée tout simplement.

Ça s’appelle la fiscalité des classes moyennes

On nous dit que les princes d’Arabie saoudite, le ramadan terminé, se ruent dans les Palaces de Cannes. Les palaciers se frottent les mains, devant la manne de l’or noir qui débarque sur la Côte d’Azur. On n’a pas de pétrole en France, on paraît ne plus avoir d’idées non plus, la fracturation hydraulique, pas plus que les OGM, on n’en veut (paraît-il) pas. Nos vide-greniers sont mornes, tristes, des guenilles offertes sans complexe aux visiteurs. Les visiteurs, ne risquent pas d’acheter : ils économisent pour la rentrée scolaire.

Ils feraient bien d’économiser aussi pour la rentrée fiscale :

les impôts en 2014 vont augmenter !

PS : ils économisent tellement que les placements des Français atteignent 1400 milliards, à comparer avec la dette de 1900 milliards : des économistes ont même proposé que, suivant les propositions formulées pour Chypre, prélever 17% de l’épargne des français améliorerait significativement la situation de l’Etat, donc des Français. Je ne sais pas ce qu’on attend pour leur faire plaisir, (aux Français) ! Mais attendez…on n’a peut-être pas encore tout vu ?

L’impôt récent le plus pervers est bien la hausse sur 3 ans de 5% des tarifs d’EdF, au prétexte de moderniser les centrales nucléaires : en réalité, l’Etat actionnaire perçoit ainsi 2 milliards de bénéfices, autre façon subtile de financer le dérapage.

Quand je pense que notre Président et sa compagne vont passer leurs vacances à la Lanterne, ils devraient penser au chant révolutionnaire et ses paroles…. «ah ça ira ça ira ça ira… les aristocrates à la Lanterne… ! » Je reconnais qu’il ne s’agit pas de la même lanterne !


jeudi 8 août 2013

Château en Espagne



C’est devenu un rituel : aller en Espagne, à peine une heure de route, route encore lente, stoppée périodiquement par les feux alternés qui bloquent la circulation, encore perturbée par les travaux de réfection des berges de la Garonne après les crues du 18 juin : nous traversons Saint-Béat apparemment sec, mais impossible de tirer du liquide : l’Agence du Crédit Agricole n’a pas été remise en route, le propriétaire ignore comment financer son local ! Vous allez me dire : il pourrait faire un prêt à son locataire qui est même peut-être son assureur  qui sait ? ? Ne plaisantons pas avec ces choses là ! C’est plus compliqué que cela en a l’air ! De ci, delà, des habitants sortent de leurs rez-de chaussée en bottes, il reste de la boue partout à l’intérieur. A Fos, la route qui longe le fleuve a été rétablie. Il se met à pleuvoir : naturellement nous avons oublié les chaussures d’automne et pire le parapluie (de berger) ! De toute façon, impossible de se garer à Bossost, le parking a été réquisitionné pour la manœuvre des gros camions qui apportent les rochers nécessaires à la réfection du parement. On dit l’Espagne en crise, mais quel mal ils se donnent pour remettre routes et Garonne en état !
 

voici la carte des entrées, avec le fameux esturgeon

Je décide de monter en ville, et finis par trouver la place de parking nécessaire. Ouf, nous entrons, nous sommes les premiers. Núria nous dit qu’elle préfère, elle peut mieux se consacrer à nous que quand ses clients arrivent tous en même temps à treize heures. Vous avez observé ? nous nous appelons par nos prénoms…à force de nous voir ! Autre remarque : j’ai réussi à coller l’accent grave sur le u, je suis fier de moi !

La suite se déroule comme dans un château en Espagne (d’où le titre) : nous fêtons notre anniversaire de mariage, j’ai réussi (enfin) à trouver le lieu digne de cette cérémonie rituelle (et annuelle). Je vous recommande le colin sauce de champignons et tendrons de veau : comme il en a l’habitude, le Chef associe mer et terre. Ferme (le colin) et gélatineux (le tendron) : c’est beau et c’est bon. J’ai décidé de prendre la carte dans l’ordre des plats, de commencer par le premier, et de poursuivre à chaque visite dans l’ordre. Il y a neuf plats, nous en avons pris deux depuis le changement de carte. Reste sept (pour sept mois), on devrait tenir jusqu’au changement de carte d’hiver ?


une petite merveille de saumon avec ses oeufs
 Impossible de trouver du Freixenet cordon rosado chez Boya, qui pourtant se fait appeler Super-Boya. Je confie mon souci à Núria, qui me dit que la prochaine fois (ce n’est pas dans bien longtemps que nous devons accompagner des amis toulousains), nous devons prendre en apéritif un verre de Cava, avec deux gambas cuits (à peine) (par personne).







colin & tendron de veau



J’ai peur de ne pouvoir résister à une telle injonction !

Nous sommes en Espagne :

 refuser serait discourtois !







visite rituelle (de loin) aux esturgeons : ils vont bien merci !