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la présomption d'innocence oblige à dire "présumé" rien ne permet de prouver que ce captage soit ... romain ! |
Grande nouvelle ! Un sujet historique, certes, mais un sujet technique aussi : les Romains disposaient d'un système d'adduction d'eau comparable aux nôtres depuis ici 2090 ans, créé vraisemblablement en -50 ! Cette ville que nous appelons Le Lyon des Convènes, Lugdunum convenarum aujourd'hui Saint-Bertrand de Comminges, est une maquette de cet équipement bénéficiant à toutes les villes et villas romaines : une source ; un réseau de canaux "écoulemnt à surface libre" ; une citerne ; un réseau enterré "sous pression" (les lois d'écoulement ne sont pas les mêmes); des robinets jusqu'à la salle d'eau, ou les toilettes collectives justement créées par Vespasien (9-79), qui avait eu l'idée, non de créer des urinoirs publics à Rome, mais
d'établir un impôt sur la collecte d'urine, engrais reconnu aujourd'hui par les écologistes comme bon pour la planète !
La conférence de Julien rend officielle la cause jusque là défendue par les seuls amateurs :
merci Julien !
l'histoire de la technologie fait partie de l'Histoire !
voici d'ailleurs ce qu'annonce la Société d'Etudes du Comminges
"Entre 2022 et 2023, une fouille archéologique menée au
lieu-dit Courne de la Bielle à Tibiran-Jaunac (Hautes-Pyrénées) a permis de
réaliser de nouvelles observations sur le point de départ supposé de l’aqueduc
de Lugdunum. (vous voyez ; le point de départ reste "présumé" !) Depuis l’époque moderne au moins, un puits situé à cet emplacement
est en effet considéré comme un ouvrage destiné à capter les eaux qui
alimentaient la capitale de la cité des Convènes, située à un peu plus de 2 km
à l’est. Bien que des matériaux d’origine antique aient effectivement été
employés dans les constructions, les dernières recherches archéologiques ont
montré que le puits et les canaux qui lui sont associés en surface étaient bien
plus récents et probablement liés à un moulin situé en contrebas".
fin de citation !
Nous modestes amateurs, nous sommes persuadés, ayant retrouvé tout le canal à l'aval du "puits artésien présumé" (ce serait plutôt un siphon), canal qui aboutit à moyenne altitude à Saint-Bertrand, que sous la route git la citerne, alimentant le théâtre et ses vespasiennes, puis les Thermes et leurs toilettes. Que le "poudac" de Tibiran, est bien le puits initialement romain. (oui la citerne n'a pas été retrouvée, car il n'est pas question de faire un trou sous la route). Qu'il était à l'air libre à l'époque, comme le montrent les photos du sondage électrique.
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au sud-ouest de l'ouvrage, la trace des canalisations souterraines en marbre placées dans une ancienne vallée, colorée en vert, ultérieurement remblayée. La roche-mère est en bleu la veine d'origine aurait pu être figurée presque Sud-Nord, elle remonte jusqu'à la maison Fuzeré explorée par Norbert Casteret, puis repart par un Y au sud pour aboutir à la fontaine dont l'écoulement actuel reste permanent |
...puis remblayé comme le montrent les enrochements arrangés au pied des talus, comme on le fait encore pour les barrages en terre. Qu'il a été relié à la veine liquide du karst local par 2 "sarcophages" en U posés bout à bout + une "crépine" remplie de déblais de marbre romains. Le puits placé là pour rejoindre après un virage la ligne droite jusqu'à Lugdunum, à la cote utile pour que l'eau coule au Sud ensuite. Un sacré travail de conception, une réalisation peu soignée. Le tout totalement remanié par le meunier pour faire fonctionner un double système de meules, il lui fallait un max d'eau vive pour faire tourner l'usine !.l'actionnaire avait besoin de "thunes" pour faire rentrer la monnaie ! Que dis-je, c'est 7 moulins recencés depuis 1600 dont le conférencier nous cite l'existence ! !
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sortie du 17 mars 2024 |
Jean-Luc Laplagne le Président de l'Association Patrimoine et Environnement Pyrénéen a même retrouvé à l'aval du Gouffre de Générest les vannes posées par le dit moulinier (très proactif à l'époque) pour forcer l'eau sortant de Générest à entrer dans la veine souterraine, renforçant ainsi le débit destiné à alimenter son moulin.
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photo : Didier Libralesso de la vanne de M Gautier Tristan quand le bief se vide, apparait le vortex signalant la fuite dans la veine souterraine |
Par contre, nous n'avons pas encore trouvé la vanne souterraine (sans doute rouillée ou détruite) qui fermait la sortie actuelle du lavoir, pour faire "regonfler" l'eau dans l'Y amont, et la forcer à sortir en permanence hors du puits-supposé. Il coule après les orages ! A ce moment, l'eau sort du puits (heureusement que personne ne se ballade dans les sarcophages) et part où elle peut, pendant que la fontaine continue de couler. Elle serait fermée, le puits fonctionnerait en permanence !
Il reste supposé romain,
mais c'est bel et bien un puits (c'est en réalité un siphon)" presque artésien" !
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l'eau rejoint immédiatement l'aval puisque le canal ("supposé" ?) est comblé de terre ! |
la coupe du canal
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roche mère à gauche, le mur aval à droite |
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à l'aval du puits, le canal bouché, avant la seconde mission 2023 |
mais j'ai commencé trop vite !
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Yoan Rumeau présente les co-organisatrices : Archives départementales et nouvelle Conservatrice du musée de St Bertrand de Comminges |
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photo Jean-Luc Laplagne, dont le siège vide en bas signale la présence l'assistance est majoritairement composée des habitants de Tibiran-Jaunac, je dois dire "sidérés" de voir leur poudac "supposé" romain ! |
Les faits, rien que les faits, du travail solide et très documenté. Relevés topo; exploration électrique. Survol du drone du Syndicat de communes local. Julien Ollivier a même retrouvé la trace des propriétaires des moulins depuis 1525, dénombrés par Philippe-Antoine de Monléon (ne pas confondre avec Mauléon, le nom du créateur des stalles de la Cathédrale, pourtant évoqué par le conférencier !). Qu'ils s'installent tous sur ce modeste ruisseau confirme bien la puissance de l'eau disponible au cours des siècles !
maintenant, on est à peu près certain que les meuniers ont réutilisé le puits dont seul reste d'origine les éléments de merbre souterrains, ont du effacer les traces superficielles antiques, pour s'approprier le maximum du débit possible.?
La classe ! notre "poudac" comparé aux ouvrages similaires :
le Président de la SEC pose la question finale : y a-t-il une perspective de suite ?
"-Le travail de la DRAC est pour sa part terminé, compte-rendu à venir dans la prochaine revue du Comminges. Quant à aménager l'ouvrage, il est probable que la Commune de Tibiran-Jaunac déjà propriétaire de la partie aval du site a fait un échange avec le propriétaire du puits pour acquérir ainsi l'ensemble. C'est à elle de décider si elle lance un réaménagement... reprenant ce qu'avaient réussi les meuniers" ?
merci au conférencier d'un exposé des faits très précis et passionnant !
et puis... la suite appartient aux Autorités locales...!
PS (1) : https://babone5go2.blogspot.com/2021/03/printemps-tibiran.html
les observations sur place dès 2011 :
https://babone5go2.blogspot.com/2022/02/lidar-devoile-lugdunum-convenarum.html
PS (2) :
Je n'ai pas cité l'entièreté de l'annonce de la SEC : voici la fin :
"Julien Ollivier est archéologue à la Direction régionale des
affaires culturelles Occitanie, service régional de l’archéologie, UMR 5608
TRACES.
"Conférence organisée en partenariat avec les Archives
départementales de la Haute-Garonne (Antenne de Saint-Gaudens) et le Musée archéologique
départemental de Saint-Bertrand-de-Comminges.
PS (3) : bientôt l'été ! Les recherches ne sont pas terminées ... va-t-on la trouver ? (la vanne) ...
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... et d'un canal romain... |
re-voici ma photo aérienne du 8 septembre 2022 :
Le puits est bien raccordé à son canal dont la rive gauche est bien visible, la droite étant la roche-mère elle-même. A l'aval, quatre pierres forment un passage-piéton pour manoeuvrer les vannes obligeant l'eau à prendre le déversoir, réalimentant ainsi le ruisseau alimentant le moulin. A l'origine, c'était sans doute un déversoir, stoppé par les vannes disparues quand l'eau était envoyée vers Lugdunum.
09/09/2022
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Julien Ollivier, Ingénieur, met la main à la pâte, il fait et puis il dit ! |
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à défaut d'avoir retrouvé une Vénus locale, voici "Rebecca au puits" d'Emmanuel Villanis dont j'ai fait l'égérie locale, indispensable à la beauté des lieux ! |