il se fait des selfies en vol |
Voler en planeur est un exercice
de persévérance : une fois obtenu le brevet, le nouveau challenge est de
voler 50 heures. On pourra alors emmener un passager, un seul vu que le planeur
ne comporte que deux places. Voler 50 heures suppose 50 remorquages au moins,
si l’on vole une heure chaque fois. On estime qu’il faut une année pour voler
ces fameuses cinquante heures. Sauf que s’il n’existe pas d’ascendances le vol
peut se terminer en 20 minutes, ce qui est idiot vu qu’il faudra se faire
remorquer trois fois, sachant que le coût sera 3 x 20 = 60 Euros :
ça ne vaut pas le coup !
Par contre, pour peu que l’on
reste en l’air plus longtemps, d’abord on s’amusera davantage, (par exemple à
se retrouver en l’air au milieu d’un vol de buses qui passent leur propre
examen), ensuite sur le simple plan de la rentabilité, on économisera de l’argent. Précieux pour un étudiant.
Les épreuves de pilotage sont
intelligemment conçues car il faut au cours d’une période qui totalisera 50
heures rester au moins une fois, 5 heures (de suite) en vol. Comme la gravité
fait que même un planeur doit se retrouver au sol un moment ou un autre, l’astuce
consiste à se faire remonter par des ascendances. Encore faut-il qu’il y en
ait. Les spécialistes les appellent « des
pompes ». Et on les trouve sous les cumulus. Encore faut-il qu’il y en
ait, généralement en été, ils précèdent les orages. Il faut donc venir avant. (et pas après). Etre libre à ce moment là, voilà pourquoi quand on travaille la semaine, il
faut du temps pour tomber sur le moment propice un week-end.
Un pilote voyage donc en voiture au
sol en regardant en l’air. Nous sommes samedi 23 juillet, et T. dont j’ai déjà
parlé, observe la couleur du ciel. Elle est au beau fixe. Nous sommes environ
15 heures et il décide : -« il
y a des pompes, je vais au terrain » ?
il faut le trouver : à gauche ! |
Coup de chance un planeur est
libre. Coup de chance le remorqueur est libre. Quelques minutes après avoir
réglé ses 20 Euros (en réalité c’est enregistré sur l’ordinateur qui va suivre
tout le vol) notre T est en l’air. Il tourne, observe le sol. -"Tiens je me
reconnais", il nous passe un coup de fil : -« je suis au-dessus de vous ! ». On le distingue
tout petit dans les nuages. Il nous observe tout petits lui aussi. Deux heures
passent à faire le tour des sites touristiques : Valmirande.
Saint-Bertrand. Il faut toujours réfléchir où on est, et où on atterrit si
nécessaire. Trois heures, la fatigue guette, ce serait bien de piquer un
roupillon. Impossible, je n’ai pas de co-pilote ! Quatre heures et demie à
guetter les ascendances pour remonter autant que l’on descend. Vous voyez, l’œil
sur l’altimètre en permanence, écouter la radio, surveiller si un mec ne va pas
débouler avec un Rafale pour en mettre plein la vue à sa meuf. Surveiller les
buses. On ne peut se détendre tout à fait. On doit rester vigilant. Ca fatigue.
C’est alors que l’objectif de 5
heures consécutifs prend forme : il faut le faire un jour, alors pourquoi pas aujourd’hui ?
Le soir, la soirée d’anniversaire où T. est invité est à 20 heures, il est 19
heures trente (heure européenne, au soleil il n’est que 17 heures trente). Il
faut tenir trente minutes. Alors T tourne et retourne, laissant le temps au
temps. Il s’agit de trainer un max, tout en remontant assez pour ne redescendre
que le plus tard possible.
Pas de bol, avec le soir, les
ascendances s’essoufflent, les buses sont rentrées au bercail depuis longremps, je vais devoir atterrir moi aussi. Au sol, les copains commencent à rentrer les
planeurs. Le tracteur lui aussi est rentré. Comment retarder le retour ?
T tempère, traine, fait un ultime
virage le plus long possible, pour atterrir le plus tard possible. Ca s’appelle
« arrondir ». Il arrondit, et
touche enfin, je vous l’ai dit, un avion ne reste jamais indéfiniment en l’air !
Tout le monde retient son
souffle, que dit l’ordinateur, qui a tout enregistré, les heures, les tours, le
circuit, le spécialiste imprime…Cinq
heures…douze secondes !
Exploit enregistré !
Plusieurs minutes après vingt
heures, notre T. arrive à la base, trempé : la tradition veut que le
héros prenne un seau d’eau à chaque exploit. Personne n’a pensé là-bas qu’il
allait arriver en retard à la petite cérémonie d'anniversaire, mouillé, fatigué, mais heureux.
on sèche T.
on habille T de vêtements secs
Bravo T !
PS : c'était il y a un an : http://babone5go2.blogspot.fr/2015/06/premier-vol.html