Ca y est ! je viens de trouver le catalogue de la vente Artcurial à Rétromobile ! Toujours des voitures de rêve, des voitures inaccessibles, mais les photos sont gratuites : un fastidieux travail de recopie d'écran, mais j'ai sélectionné pour vous les merveilles : les plus attirantes, deux Alfa Roméo, deux soeurs, qu'il faut acheter à la fois pour ne pas les séparer, les stars du salon automobile de Genève 1938 !
Le carrossier : Worblaufen
J'ai recopié la notice pour vous : une sacrée page de l'histoire automobile suisse : "Il y a plus d'un siècle, Fritz Ramseier posait les
fondations de ce qui allait devenir « Worblaufen», le carrossier suisse renommé. Pendant
30 ans, le fabriquant de voitures hippomobiles Fritz Ramseier (1872-1936) a
travaillé de concert avec le forgeron local, Gottfried Bärtschi, dans leur
ville natale de Worblaufen.
Ce n'est que lorsque trois de ses quatre fils l'ont
rejoint en 1929 que l'affaire familiale a pris plus d'ampleur pour devenir l'un
des carrossiers les plus réputés dans le domaine des automobiles de qualité.
Alors qu’Ernst était en charge des ventes et que Hans, étameur, dirigeait l'atelier,
Fritz Junior (1904-1985) assumait la direction de l'entreprise. Avant de
rejoindre l'affaire familiale, Fritz Junior avait appris l'art du design en
étant apprenti carrossier chez Gangloff, carrossier suisse de première
importance ayant produit de nombreuses Bugatti, et chez une autre société
suisse réputée des années 1930, Saurer. Grâce au talent de Fritz, seul dessinateur
de l'entreprise, Worblaufen s'est forgé une excellente réputation qui lui a
permis de figurer parmi les meilleurs carrossiers de cette époque. Il était
connu notamment pour ses petites séries ou modèles uniques réalisés sur la base
de châssis fournis par les marques les plus en vue. Élégance, lignes
aristocratiques, proportions équilibrées et finition raffiné distinguaient les
réalisations de Worblaufen. A son apogée, le carrossier employait jusqu'à 40 personnes.
Pour la seule fabrication d'intérieurs et de pavillons, Worblaufen comptait 12
artisans spécialisés. Depuis le début des années 1930 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Worblaufen s'est fait connaître surtout
pour ses carrosseries ouvertes fabriquées sur des châssis, entre autres, Alfa
Romeo, Bugatti, Isotta Fraschini, Hispano, Buick, Bentley, Delahaye, Ford,
Peugeot et Renault.
Les ventes étaient favorisées par son système de toit
décapotable breveté qui pouvait être commandé d'une seule main et présentait
une capote très compacte une fois repliée. L'entreprise a continué à prospérer après
la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'à ce que la situation change avec
l'importation en nombre croissant de voitures venant desÉtats-Unis. En 1957, le
dernier cabriolet quittait l'atelier, sur
la base d'un châssis BMW 502. Au total, la carrosserie Worblaufen a produit quelque
800 carrosseries, dont environ 40 auraient aujourd'hui survécu.
En 1983, après avoir poursuivi
son activité en produisant et réparant des carrosseries de camions, Worblaufen a
vu sa glorieuse histoire arriver à son terme. Heureusement, peu de temps avant
la destruction en 1995 du bâtiment abritant l'atelier d'origine, les archives
complètes ont pu être confiées au « Swiss Car Register », où elles peuvent être
consultées aujourd'hui".
Artcurial est fier d'avoir précédemment
vendu l'Isotta Fraschini Ramseier d'Albert Prost, qui a par la suite remporté
le «Best of Show» du concours d'élégance de Pebble Beach. Cette année à Rétromobile, nous allons
pouvoir admirer ces deux Alfa Romeo côte à côte, remarquables par leur forme,
leur histoire et leur état. Elles ont été réunies grâce à la réelle persévérance
d'un passionné suisse de la région de Zurich !
De 1934 à 1938, entre 1.300 et
1.400 Alfa Romeo 6C 2300 complètes et environ 224 châssis roulants ont quitté
l'usine (sans compter les châssis 8C 2300 et 8C 2900). Le châssis Lungo
présenté ici fait partie de seulement 10 châssis
roulants qui ont été envoyés chez Worblaufen pour être équipés d'une
carrosserie cabriolet. Commençons par la conclusion : il est généralement admis
que cette Alfa Romeo 6C 2300 B Lungo cabriolet est une des plus belles carrosseries
jamais conçues et produites par
Worblaufen...
Cette élégante et
unique Alfa 6C est équipée d'une carrosserie artisanale en aluminium portant la remarquable signature Worblaufen.
Construite en 1937/1938, elle a constitué la véritable révélation du quinzième Salon de Genève 1938,
où elle a attiré les regards des nombreux admirateurs séduits par son dessin audacieux et élégant,
parmi ses contemporaines traditionnelles. La carrosserie noire, moderne et aérodynamique se distinguait
du reste avec ses jantes à rayons rouges, son intérieur en cuir rouge, ses fines ailes avant
reliées au capot moteur, sa calandre plus étroite que celles des Alfa Romeo standard et sa partie
arrière comportant un aileron intégré.
Des courriers des «Swiss Car Archive» montrent comment l'histoire de cette belle automobile a commencé un an plus tôt, quand Fritz
Ramseier a écrit à son fidèle client E. Morf pour résumer leur précédente discussion et donner la
liste des caractéristiques d'un cabriolet Worblaufen commandé sur un châssis Alfa Romeo Lungo. Il
mentionnait un prix initial de 18 000 francs suisses (châssis Lungo 10 500
francs suisses et carrosserie 7 500 francs suisses). L'offre était accompagnée
d'une entrée gratuite au Salon de Genève 1937, pour que M. Morf puisse venir voir
une voiture similaire. M. Morf a répondu à ce courrier avec une contre-proposition
à 12 000 francs suisses.
Il existe une correspondance entre
M. Ramseier et l'usine Alfa, dans laquelle il sollicite une réduction du prix du
châssis... L'usine Alfa Romeo a accepté de descendre à 8 500 francs suisses. Finalement, en février 1938, les deux
interlocuteurs ont conclu un accord à 13 500 francs suisses, à la condition
que la voiture soit exposée au Salon de Genève 1938. La correspondance entre
MM. Morf et Ramseier illustre ce qui précède.
L'Alfa Romeo 6C 2300 B Lungo cabriolet
Worblaufen est devenue la star du Salon de Genève 1938, et il n'est guère étonnant que
l'actuel propriétaire de la voiture ait été invité en 2018 à venir présenter son « Meisterstück » pour
célébrer le 80e anniversaire du Salon de Genève. En 1939, M. Morf a vendu l'Alfa
Romeo à M. Allemand, de Biel (Suisse), qui a ensuite laissé sa voiture à sa fille. En 1952 le
troisième propriétaire, M. Wagner, a acheté la voiture à cette dernière, avant
de la céder en 1979 à l'actuel propriétaire, M. Koni Lutziger, un amateur
zurichois de voitures et motos rares. Celui-ci l'a conservée ainsi depuis 40
ans, dans son état d'origine non restauré. Il existe un nombre impressionnant
de documents concernant la ligne de propriété de l'Alfa Romeo.
Avant la vente de l'Alfa Romeo en
1979, M. Nikles, du Lindenhof Garage, qui s'occupait des voitures
de M. Wagner, a effectué sur la voiture
une importante opération d'entretien, avant de la présenter aux autorités adéquates pour une
vérification officielle. Ces documents, conservés dans les archives, permettent
de constater que, à cette date, la voiture avait parcouru 57.165 km. La facture
de M. Nikles s'élevait à environ 2 600 francs suisses, mais elle indiquait
aussi qu'une réduction de 2% pouvait être effectuée en cas de paiement comptant...
C'est très joli de s'enthousiasmer, mais il y a la réalité, et le prix !
-la première Alfa, nettement plus jolie, est estimée entre 1,25 et 1,75 millions d'Euros
-la seconde, entre 650 et 750 000
et si vous achetez les deux ?
eh bien, ce sera de 1,9 à 2,5 millions !
pas donné à tout le monde !