Quand j’entends Luchini, j’entends mon frère Jacques,
mon frère corse disparu trop tôt. Fabrice qui porte le même nom me rappelle ces
doux souvenirs, avant le drame final. Aucun autre rapport avec l’Hermine que nous venons de voir.
Miracle du cinéma, une heure trente-huit à
s’évader dans une Cour d’Assise, avec une histoire d'amour qui ne dit pas son
nom, et un Fabrice Luchini justement récompensé à la Mostra de Venise.
Souvent, un détail change tout.
Dans L'Hermine, il a pour nom Birgit
Lorensen-Coteret. Nous la suivions sur Arte quand elle était la Première
Ministre du Danemark : Borgen, les coulisses de la politique à travers une
femme Premier Ministre, une journaliste et un conseiller en communication, un spin-doctor.
Marrant ce rôle d'éminence grise ! Une femme centriste,
obligée à construire des alliances avec les partis politiques voisins, pas toujours "catholiques" !
Avec Luchini, on pouvait s’attendre
à du second degré : il se fait appeler Michel Racine, Président de cour
d'assises. Dans son rôle consistant à pourchasser la Vérité, et à rester
objectif conformément à la Loi, il est solitaire. Au-dessus des autres, c'est le Président.
Pourtant il peut contracter la grippe…avoir des lettres ; réciter des
poèmes…et aimer un visage de femme lumineux, la révélation (pour le malade qu'il a été autrefois) non seulement de la
beauté, mais de la Vie : avec un naturel parfait, lui qu'on croit timide, exprime ses sentiments à Birgit ! Dans le film Ditte ! Comment va-t-elle réagir ?
Ces femmes du Nord !
Dès lors, le scénario de
L'Hermine s'articule autour de deux débats contradictoires: l'un, dirigé par le
Magistrat, lié au procès d'un homme accusé d'avoir tué sa fillette, et
l'autre, qui agite le même magistrat, peu habitué au trouble provoqué par les
affaires de coeur....encore qu'il s'en sort pas mal !
Il peut suffire d'un échange de
regards, à la fin, pour que tout bascule et s'éclaire. Le fameux détail qui
change la donne. Et qui donnerait presque envie de revoir le film….si en cet
automne où sortent des tas de films prometteurs, on ne nous en annonçait pas un par semaine à voir absolument (je pense
au dernier Lelouch le 9 décembre)
Borgen : Premier Ministre |
A un joli moment, Lucchini récite à Birgit "les passantes" d'Antoine Pol (1888-1971)
artiste méconnu, il a fait la guerre de 14, il aimait les papillons ...lui aussi !
ses vers sont devenus célèbres grâce à Brassens,
artiste méconnu, il a fait la guerre de 14, il aimait les papillons ...lui aussi !
ses vers sont devenus célèbres grâce à Brassens,
j'ai retrouvé son poème pour vous :
Je veux dédier ce
poème
A toutes les femmes
qu'on aime
Pendant quelques
instants secrets
A celles qu'on
connaît à peine
Qu'un destin
différent entraîne
Et qu'on ne retrouve
jamais
A celle qu'on voit
apparaître
Une seconde à sa
fenêtre
Et qui, preste,
s'évanouit
Mais dont la svelte
silhouette
Est si gracieuse et
fluette
Qu'on en demeure
épanoui
A la compagne de
voyage
Dont les yeux,
charmant paysage
Font paraître court
le chemin
Qu'on est seul,
peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse
pourtant descendre
Sans avoir effleuré
la main
A celles qui sont
déjà prises
Et qui, vivant des
heures grises
Près d'un être trop
différent
Vous ont, inutile
folie,
Laissé voir la
mélancolie
D'un avenir
désespérant
Chères images
aperçues
Espérances d'un jour
déçues
Vous serez dans
l'oubli demain
Pour peu que le
bonheur survienne
Il est rare qu'on se
souvienne
Des épisodes du
chemin