Psyché...
Wilhem Kray |
...aux ailes de papillon !
Nous y voilà ! le papillon,
symbole des métamorphoses, donc du changement et de la transformation (« je ne suis plus le même…j’ai changé »
sont les formules habituelles des politiques sollicitant un nouveau suffrage), symbolise
l’âme immortelle chez les Grecs, débarrassée de son enveloppe charnelle, (la
chrysalide) !
En Asie, on le considère comme le
symbole de l'amour éternel et de la joie. Au Japon, il est l'emblème de la
femme pour son côté gracieux et sa légèreté. On affirme même que la vue d'un
couple de papillons est synonyme de fidélité amoureuse. En Chine et au Vietnam,
le papillon symbolise une vie longue et la beauté.
Que les artistes associent la
femme, et un papillon, voilà un manifeste fort pour représenter la grâce ;
la beauté ; la légèreté ; la fragilité et, essentiel : la
fertilité ; et simultanément la force et la permanence de l’immatériel, de
l’invisible, de cette énergie qui constitue la vie chez les mammifères : l’âme
donc.
Chez les Aztèques, le papillon
est associé à Xochiquetzal, la déesse
des fleurs, de la fertilité, des jeux, de la danse et de l'agriculture. Cette
divinité est suivie par un cortège de papillons et d'oiseaux et incarne la
dualité, car elle est aussi bien lunaire que solaire, à l'image même du
papillon. Papillon de jour ; papillon de nuit. Le papillon est donc placé
chez les aztèques au rang de la divinité où la religion de ce peuple est à
double face : elle représente à la fois, la lumière avec un monde céleste et
florissant qui s'oppose à l'obscurité, le monde des ténèbres.
Les aztèques associent aussi le
papillon au concept de guerre avec cette idée même qu'un papillon butinant
parmi les fleurs représente l'âme d'un guerrier tombé au combat. Il serait le
souffle vital du mort redescendu sur terre sous la forme d'un papillon. C'est
ainsi que les papillons sont traités avec délicatesse. Étant le symbole du
passage de la vie à la mort pour renaître sous une autre forme d'existence, ils
sont vénérés. Ces peuples les considèrent aussi comme le symbole d'une
végétation luxuriante et bien irriguée.
Jean-Joseph Taillasson (Bordeaux) que voilà une belle piéride ! |
Si l’on réfléchit bien, le mot « psychanalyse » dérive de « psyché », qui, en grec, désigne à la
fois le papillon et l'âme humaine. Dans la mythologie grecque, Psyché, une
princesse élevée au rang de déesse, est représentée sous la forme d'une femme munie
d’ailes de papillon. On dit aujourd’hui « augmentée »
car elle dispose ainsi de pouvoirs supplémentaires ! Vous pensez, après sa
longue histoire que je ne vous décris pas ici, elle symbolise la destinée de
l'âme déchue, qui, après bien des épreuves, s'unit pour toujours à l'amour
divin (de Cupidon). Les néo-platoniciens y virent la promesse d'une
renaissance, d'une vie future, d'un bonheur éternel.
En psychanalyse, le papillon
symbolise la renaissance. En rêve, le papillon est d'ailleurs le symbole de la
métamorphose, une transformation positive si ce dernier est blanc. Voyez ce que
nous disions précédemment s’agissant des papillons blancs-nobles !
François Gérard 1798, l'union de l'âme humaine de Psyché et de l'amour divin de Cupidon la piéride est toujours là on la voit mieux ci-dessous |
Que le papillon soit diurne ou
nocturne, il représente la lumière, mais aussi les ténèbres : je vous ai
parlé de ma fascination pour Acherontia Atropos, il vit en vrai sur l’olivier ;
quelques chrysalides attendent dans leur fourreau souterrain les beaux jours de
2016 pour s’envoler à nouveau, mais dans la symbolique, il tire son nom du
fleuve infernal où il est né. La légende dit qu'il se serait libéré grâce à une
déchirure de la terre à la mort de Pan (dieu de la nature tout entière). La
chenille se serait alors nourrie de la Belladone et de Datura, deux plantes aux
fruits toxiques. Son cri très particulier, plutôt plaintif et mélancolique,
découlerait de l'ingestion de ces deux plantes.
« Tout crépuscule est double, aurore et soir.
Cette formidable
chrysalide
que l’on appelle l’univers
trésaille éternellement de sentir à la
fois agoniser
la chenille et s’éveiller le papillon. »
Victor Hugo.
la peinture la plus célèbre est celle de Bouguereau mais il ne s'est pas donné de mal pour les ailes de papillon ! ce serait plutôt des ailes de libellules ? |