Leçon d’Histoire au
Collège Leclerc
au fond, le monument Abbal |
Le Collège Leclerc a désigné 24
représentants des 24 classes pour représenter le Collège lors de l’inauguration
de l’Esplanade de la Légion d’Honneur. Mieux, il a désigné trois binômes
fille-garçon pour porter les trois gerbes. Encore mieux, il a recommencé le 11
novembre, en proposant qu’une élève de troisième lise la lettre de Paul Mathou
à ses parents écrite avant de mourir. Une lettre d’un Français parfait, émotion
garantie, on frissonne en se demandant comment on pourrait vivre médiocrement
aujourd’hui après tant de noblesse de cœur d’anciens comme Paul, qui nous ont
sauvés !
Mieux encore, il accueille ce 4 novembre trois membres (éminents)
de la Légion d’Honneur pour parler de cette distinction (qui récompense les mérites
de ses membres, mérites forcément « éminents »,
comme une « éminence » dans un paysage. Enfin, c’est formidable comme la Hiérarchie s’est mobilisée -Merci-,
le Collège accueille deux leçons d’Histoire ce 10 novembre : l’objectif : expliquer Bertrix.
Comme j’ai une grande admiration
pour lui, il me permettra de citer son nom : c’est un nouveau Maire, c’est lui qui donne la
leçon : Philippe Pradère, Maire d’Arguenos ; érudit, il ne badine pas
avec le droit de mémoire, terme qu’il
préfère au devoir de mémoire. Il
connait le sujet comme sa poche, il faut dire qu’il est un des rares à avoir
représenté le Midi lors des commémorations en Belgique le 22 aout 2014, cent
ans pile après. Il vient accompagné d’annexes photographiques, de plans, de
textes, de chiffres : la leçon est celle d’un conférencier niveau
maîtrise, j’espère qu’il prépare une thèse !
En deux mots…comment résumer si succinctement ?
Nous avions ici un Régiment, le 83ème d’Infanterie. Il faut les
cartes postales Delcampe pour s’en souvenir, presque rien des bâtiments n’a
survécu, sur ce qui est devenu la Place Pegot, sauf une ligne servant de
pépinières d’entreprises, et sauf la cloche … destinée à réveiller les
fantassins le matin ! Aucune plaque n’a survécu, je songe à en faire
apposer une pour 2015, je suis devenu le spécialiste des plaques (de marbre)
commémoratives, et je suis désormais certain d’avoir l’accord (unanime sinon c’est
fichu) des Associations patriotiques. Bref !
Le premier juin 1914, toutes les
cloches de France sonnent le tocsin : Mobilisation générale. Le 6 août,
les trains emmènent 4 millions d’engagés sur le front. Souvenez vous de la
fresque Gare de Montparnasse ! Vous vous rendez compte le nombre, aujourd’hui,
les Nations Unies tout entières disposent de 100.000 hommes en uniforme sur les
différents fronts du Monde, 7,85 milliards de dollars, la France atteignant
1,2 milliards (ce qui apparemment constitue une surprise pour le Gouvernement
qui n’avait provisionné que 450 millions). Bref !
Pour nous, les trains s'arrêtent à Valmy. Nous sommes le 22 août. Seize jours plus tard. Nos soldats ont revêtu l’uniforme cocorico, couleurs du
drapeau révolutionnaire, bleu et rouge. Ils sortent pour la plupart de la France
agricole, ils se préparaient à faire leurs moissons ! La hiérarchie n’est
pas davantage préparée qu’ils le sont. Les dernières guerres, étaient de type napoléonien,
avec des charges de cavalerie ! Embusqués dans la forêt, la tactique
consiste à « foncer dans le tas ».
Ce n’est que plus tard que les armées s’enterreront dans les tranchées pour
trois ans de guerre « de position ».
Pendant ce temps, les Allemands
en face ont entamé un vaste mouvement de contournement. Ils sont dotés de
canons d’artillerie qui déversent des tonnes d’obus sur les lignes adverses.
Ils disposent de mitrailleuses lourdes. Quand nos soldats se lèvent pour l’attaque,
ils constituent des cibles en masse, et se font tuer bêtement, en masse.
quand le 83è est renforcé par la Réserve, il prend le numéro 283è |
Le 22 août à Anloy, près de Bertrix, en Belgique
(l’Allemagne a envahi ce pays qui résiste farouchement, c’est le « choc des frontières ») la 17e
région militaire : ce sont les régiments du sud-ouest autour de Toulouse,
réunissant 40.000 hommes, 8000 chevaux. Ils sont écrasés, décimés au sens
propre de ce mot. Le 83ème perd à lui seul 300 hommes. Pire, c’est l’opprobre,
on parle de la « couardise »
des régiments du Sud-Ouest, c’est la « légende
noire ».
C’est à la fin de la guerre que
le Président Raymond Poincaré rencontre sur le front, à l’ouest de Doullens, le 15 avril 1918, le 83°, et relève son honneur,
par une plaque mémorable que j’ai retrouvée dans un bureau de la Mairie, pour
la faire exposer comme pièce principale de l’exposition « Comme en 14 ».
Nous avons-nous ici des pages d’Histoire mémorable
Grâce à Philippe Pradère, la transmission se fait :
Le Collège Leclerc est digne de son nom :
La prochaine visite est prévue à Paris, devinez qui le reçoit :
Le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur !
PS : les photographies prises, pendant la conférence, des tableaux projetés appartiennent à P Pradère. J'espère qu'il acceptera de présenter sa conférence plus tard, par exemple en 2015 : n'oublions pas que les commémorations vont durer jusqu'en 2018 ! Je ne suis pas inquiet : nous avons plein de sujets à approfondir !