En quelques heures, deux décisions courageuses défendent la raison :
-le Parlement européen dit non à la pêche électrique en mer !
-le Premier Ministre dit non à Notre Dame des Landes ! (1)
merci les gars !
Ce type de pêche consiste à
envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y
capturer des poissons benthiques, vivant au fond des mers. Elle
est critiquée (par les gens raisonnables) pour ses impacts sur la ressource :
les poissons remontés dans les chaluts montrent des brûlures, des
ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l’électrocution. Ca
c’est le politiquement correct. On devine bien, comme c’est le cas pour les
rivières, que cette pêche n’est pas sélective, passant au tazer tout ce qui vit et tout ce qui
bouge dans la mer, papas, mamans, juvéniles et séniors-poissons, et qu’il ne s’agit plus
de pêche, mais d’extermination.
Attention, si 402 ont voté
contre, 232 étaient quand-même pour, et 40 se moquaient tellement de la question qu’ils se
sont abstenus ! Cela fait 272 en tout, bravo pour l'éthique de nos députés européens, on comprend que l'on se méfie de plus en plus de tout ce qui vient de Bruxelles, Commission au premier chef, mais Parlement aussi...sait-on jamais ? Là une majorité raisonnable s'est dégagée ! Ouf !
Encore faut-il désormais que les
Etats ; eurodéputés et Commission, entérinent le non…sans dérogation pour
les Hollandais…ceux-là je les retiens, je ne suis pas prêt d’aller me balader à Amsterdam !
Il en faut du courage pour défendre la raison !
S'agissant de Notre Dame des Landes, le premier ministre l'avait annoncé : -"quelle que soit la décision, elle sera mauvaise !" Il vient de dire : NON !
Il en fait des déçus : Ouest-France par exemple dénonce l'abandon du projet, puisque depuis des années tout était fait pour le réaliser, sous la houlette de Vinci qu'il va bien falloir indemniser pour le préjudice subi. C'est comme les Hollandais pour la pêche électrique : ils y trouvaient un avantage : racler tout le poisson en économisant du fuel, il va falloir qu'ils en reviennent au chalutage classique, je suppose que l'Europe va devoir, en compensation de leur silence futur, leur attribuer une aide-au -poisson-non-pêché ?
Maintenant, à Nantes, c'est pareil, il va falloir réinventer un projet-bis jamais étudié ; se remettre d'accord avec les riverains...tous ceux notamment les élus-pour qui voient leur lobbying remis en cause ; faire plaisir à la Maire de Nantes en l'aidant à élargir le périphérique ; compenser le projet confié à Vinci, un peu comme l'affaire de l'écotaxe poids-lourds confiée à la malheureuse société Ecomouv'...
Nicolas Hulot a-t-il joué de son influence sur les argumentaires communiqués aux parlementaires français, de voter contre la pêche électrique ? Dans le cas de Nantes, j'imagine qu'en interne au Conseil des Ministres, il a invoqué le long terme : de même que l'on doit protéger la ressource marine menacée, il faut protéger les terres agricoles de l'érosion immobilière qui les grignote depuis des décennies, et prôner la raison : l'extension des aéroports existants et l'utilisation d'avions gros-porteurs (peut-être la liaison avec Rennes va-t-elle être plus aisée ?) plutôt que la création d'un équipement-lourd supplémentaire implanté dans le bocage ?
tiens-bon Nicolas !
Il en faut du courage pour défendre la raison !
Il en reste des combats pour la santé et l'environnement : les néodicotinoïdes qui s'attaquent à nos populations d''abeilles, au risque de mettre en cause les pollinisations naturelles ; les colorants, le sel, le sucre, introduits dans nos aliments par des entreprises agro-alimentaires ne réfléchissant qu'au profit à court terme ; les rejets incessants de polluants non dégradables dans les océans ; la protection et la répartition de l'eau potable ; la protection des forêts primitives survivantes... l'enfouissement des déchets nucléaires...
(...sans oublier la protection des papillons...)
mais
deux décisions raisonnables coup sur coup,
on respire un peu !
sélectionné pour le prix Jacques Lacroix décision sous quelques mois ? croisez les doigts pour moi ! |
PS : (1) en y réfléchissant bien, "C'est l'autorité, non la vérité, qui fait la loi"
non veritatis sed
auctoritatis facit legem.
(Hobbes)
Petit commentaire de droit : par
vérité on peut ici entendre justice, moralité. Ce n'est pas parce qu'une chose
est reconnue juste qu'elle est ordonnée, mais ce qui est juste l'est parce
qu'ordonné (car pas d'autre moyen d'assurer la paix), parce que cela vient de
celui qui a l'autorité de faire les lois.
Par définition, une loi est juste : c'est elle qui fait le
juste (le juste n'est pas transcendant au domaine de la légalité).
Cf. différence (faite par Hobbes)
entre la loi et le conseil : on obéit au conseil en prenant en compte la valeur
de ce qui est conseillé, alors qu'on obéit aux lois parce qu'ainsi le veut la
volonté de celui qui commande. C'est la seule raison suffisante de
l'obéissance.
conclusion : il fallait décider, le Premier Ministre a décidé :
fecit,
dont acte.