Ça y est : il
fonctionne !
Vous avez l’habitude ? vous
entrez dans une église ; une cathédrale ; une collégiale : un
orgue est là, suspendu au plafond, un tantinet poussiéreux : vous le
regardez comme un dinosaure : forcément : un orgue n’est pas fait
pour être regardé, mais pour être entendu.
Je me rappelle Giscard d’Estaing
disant que, pour lui, l’idée de la Création, l’idée d’une entité supra-humaine
susceptible d’avoir créé l’univers, ne pouvait être suscitée que par deux voies :
la Religion, et la Musique. L’orgue est l’instrument traditionnel de la musique
sacrée. L’orgue est fait pour donner aux fidèles l’émotion de Dieu. Ses sons
parlent aux tripes. Quand on entend l’orgue, les basses de l’orgue, on a peur
de Dieu.
Nous avons un orgue, un grand
orgue à la Collégiale. Ouf, en dignes conservateurs du patrimoine, nous l’avons
remis en marche, l’expression idoine est : « nous l’avons relevé ». A l’origine, il a été créé en
1827 par Dominique Cavaillé-Coll, lui-même fils d’un facteur d’orgue,
originaires de Gaillac, ayant appris la facture
(on dit facteur d’orgues) au contact des grands (facteurs) du midi de la
France : nous sommes donc typiquement dans le XVIIIè, on dit « un
grand huit-pieds » comme on parle d’un piano en disant « quart de
queue ». Plus tard, je m’amuse de constater que c’est Robert Chauvin de
Dax qui a procédé aux restaurations en 1985. Tous nos grands facteurs se
baladent aussi bien dans le midi de la France qu’en Espagne, où Antoine nous
avait emmenés visiter un facteur en
Aragon.
Donc notre orgue est relevé, l’inauguration avait lieu hier
soir, transformant la collégiale en salle de spectacle (dans une église, on
n’applaudit pas. Dans une salle de spectacle, on a le droit d’applaudir). Ca me
fait réfléchir à une évolution des cérémonies religieuses : et si on y
pratiquait davantage de concerts ? (ceci est un autre sujet… !)
L’astuce était de faire appel à
Aeris, un quintet de cuivres, associés à l’orgue, interprétant des chefs
d’œuvres de la musique sacrée et profane comme le « Te Deum » de Marc- Antoine
Charpentier, les « Fanfares » de Mouret, et les magistrales « Water Music » de
G.F. Haendel . Cela doublait le son et faisait « bouger davantage les
tripes » (si l’on peut dire) : effet réussi !
On a eu droit à l’orgue seul,
puisque c’était le prétexte à la soirée. Au clavier : Gilbert
VERGÉ-BORDEROLLE, ancien élève de Xavier DARASSE au Conservatoire National de
Région de Toulouse.
Depuis 1986, il est le titulaire
des grandes orgues de la Collégiale tout en faisant partie du Collège des
organistes de la Cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges. Je vous donne rendez-vous pour le festival d'août prochain !
Hier soir il nous a développé sa
large palette, avec pour conclure une messe de Nicolas de Grigny, Gloria, récit
de tierce en taille.
J’espère qu’à la messe du dimanche
la vraie
on va nous faire vibrer de nouveau ?
(sauf que demain on vote !)
PS : naturellement, mon monde de représentation purement visuel est totalement à côté de la plaque en cette circonstance : je ne puis vous faire entendre l'orgue, c'est bien dommage !
...mais vous trouverez des extraits sur le site d'Aeris ci-dessus.
...mais vous trouverez des extraits sur le site d'Aeris ci-dessus.