« Albert Robida est né à
Compiègne en 1848. Embauché dans l’étude de Maître Rouart à Compiègne entre
1862 et 1865, c’est au cours de cette période que Robida réalise ses premières
caricatures et saynètes humoristiques. Son talent est alors repéré par le notaire
qui présente son travail à l’illustrateur, caricaturiste et dramaturge Amédée
de Noé – alias Cham – et le recommande à Alexandre Dumas père".
Fort de ce soutien, Albert Robida
quitte Compiègne pour Paris, où il commence à travailler comme dessinateur de
presse. Il débute en novembre 1866 au Journal amusant. De 1866 à 1890, il est
chroniqueur et caricaturiste d’un grand nombre de journaux voués à la satire
des mœurs et il fonde en 1880 l’hebdomadaire La caricature, dont il sera le
rédacteur en chef jusqu’en 1892. Au cours de ces mêmes années, sa production
artistique se diversifie et s’enrichit considérablement.
Grand voyageur, Robida publie les notes et les souvenirs illustrés de ses itinéraires qui couvrent un grand nombre de régions françaises, et aussi des pays européens. Passionné et connaisseur d’histoire, il publie plusieurs ouvrages sur l’histoire architecturale de Paris. Il illustre également de textes de grands auteurs anciens (Rabelais, Balzac, Dumas, Sand, Shakespeare). Il s’adonne à la littérature pour l’enfance et la jeunesse et passe à la postérité notamment pour ses ouvrages d’anticipation. Albert Robida meurt à Neuilly-sur-Seine le 11 octobre 1926 et laisse en héritage une production artistique et littéraire imposante qui compte au moins 60 ouvrages écrits, 200 livres illustrés et environ 60 000 dessins. »
Je m'interroge : comment récupérer ses ouvrages d'anticipation, car il a égalé Jules Verne en tentant d'imaginer le futur : son objectif, décrire ce qui se passerait... en 1952 ! Difficile en effet d'imaginer vraiment l'avenir : pour lui c'est le vingtième Siècle, pour nous c'est la fin du vingt et unième : la fin du charbon ; du pétrole et du gaz fossiles, l'avènement de quoi ... ?
... du tout électrique !
l'électricité, c'est la Force, avec elle, Jupiter fait tourner le monde |
« La Parisienne d’après-demain »
est une figure originale à laquelle Albert Robida donne naissance par le texte
et l’image dans les pages du Vingtième Siècle, récit utopique publié en 1883,
souvent annexé à la science-fiction car se déroulant en 1952, c’est-à-dire dans
un futur distant de soixante-dix ans de la date de publication. Dans cet
ouvrage, paru chez Georges Decaux, petit éditeur parisien spécialiste des
revues illustrées, Robida s’appuie sur une caricature de la société des années
1880 pour présenter l’organisation de la Ville lumière en 1952, modernisée,
agrandie et transformée, devenue une capitale tentaculaire qui s’étend jusqu’à
Rouen, où s’affairent de nombreux habitants, notamment la Parisienne, figure
aussi incontournable qu’emblématique.
Paris est dominé par les transports en commun, Robida les voit aériens, ils sont souterrains |
Un prospectus destiné à la promotion du Vingtième Siècle décrit les rôles sociaux qui s’offrent à la jeune protagoniste qui, « ayant obtenu tous ses droits politiques, est électrice et éligible [peut prétendre aux titres de] notaresse, doctoresse, pharmacienne, avocate, auteure, autrice ... » et se trouve admise « à toutes les fonctions publiques ». Sous couvert d’anticipation, Robida déploie dans ce livre une mise en scène des désirs et des craintes de ses contemporains face à l’avenir et, notamment, face aux changements dans la structure de la société qui se profilent au tournant du siècle.
Le portrait de la Parisienne,
femme émancipée au centre de ces mutations urbaines et sociales, apparaît sur
les couvertures des éditions du Vingtième Siècle qui se succèdent entre 1883 et
1900. Pour chaque édition, Robida conçoit une nouvelle composition et, chaque
fois, un changement de parti pris l’amène à présenter « La Parisienne
d’après-demain » sous un angle différent.
il ignorait les chaines d'info, et les éditorialistes du moment
tentant d'imiter l'inimitable Fogiel
consistant à interpeller avec "vivacité" leurs invités
montrant ainsi (qu'à défaut d'être informées), elles ne se laissent pas faire par les mecs !
En 1883, année de la première édition chez Decaux, paraît chez Dentu, une seconde édition populaire de format modeste. Bien que la présentation de l’ouvrage change considérablement, le texte reste identique, seul le nombre d’illustrations est très réduit. Sur la vignette de la page de titre la conquête de l’air et le contexte citadin sont rappelés, mais la femme, présentée comme une élégante passagère sur le cartonnage initial, occupe maintenant un rôle central : elle porte un costume d’avocate et pointe du doigt la ville encombrée qui se devine derrière elle. Pour cette édition, le titre de l’ouvrage s’est enrichi d’un sous-titre, « roman d’une Parisienne d’après-demain », auquel fait écho une image circulaire dans laquelle la jeune fille se trouve placée tant au cour de l’environnement urbain que de la fiction.
étonnant :
"la place nouvelle et importante tenue par celle qui, au Vingtième Siècle, occupe une position stratégique parce qu’elle peut désormais travailler de manière autonome hors de la sphère domestique.
Présentée au premier plan et au centre de la composition, immobile
et isolée comme un axe autour duquel tout semble graviter, la femme s’expose
ici en conquérante du siècle à venir".
l'étudiante suit un cours à distance grâce au "téléphonoscope" : l'ancêtre du télétravail |
par contre, Robida n'a pas anticipé la révolution du jean |