Je suis une fois de plus dans la
cathédrale de bois incluse dans la cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges. Il faut bien une
boussole pour s’orienter dans ce lieu initiatique. La nef rectangulaire (on
doit dire : double carré) aboutit au chœur semi-circulaire : c’est le
cercle représentant le Ciel, (la Jérusalem céleste) où n’entrent que les cœurs purs, autorisés à
ouvrir la barrière délimitant l'espace réservé aux profanes. A l’entrée, à l’Ouest, les
stalles si confuses quand on n’a pas mis l’ordre dans son esprit, commencent au
Sud par Moîse. Moîse on le reconnait car il présente main gauche dessous, main droite dessus, les tables de la Loi. Pile en face au Nord donc, son pendant est Abraham. Il est vêtu en soldat oriental portant un turban. Il est armé d'un long cimeterre, cette arme terrible ... couteau sacrificiel...qui peut servir ... à décapiter ! D'ailleurs son pied gauche foule un crâne humain. Devant à ses pieds son fils Isaac sur le chemin de l'holocauste ordonné par Dieu, préfigure le Christ des Chrétiens... un contenu dense dans un simple bas-relief de bois, vieux de près de cinq siècles !
Dans la Torah israélite, Dieu
conclut et réactualise l'Alliance avec différents prophètes : après le Déluge,
avec Noé, le pays de Canaan est promis à Abraham, puis à son fils Isaac ... puis à
son fils Jacob ; puis après l’épisode du buisson ardent à Moïse, qui reçoit
le décalogue, les dix Commandements ... "tu ne tueras point" ! Voilà bien nos deux prophètes en place, eux qui parlaient directement à Dieu. Dans le Christianisme, cette première Alliance est suivie d’une
seconde, décrite dans le nouveau Testament. Dans l'islam, la notion d'alliance
est présente avec force dans le Coran et dans les hadiths, mais elle est
contractée avec l'Homme, Fils d’Adam. Avec l'humanité donc. Samuel Paty était l'un d'entre nous, on comprend l'effroi des vrais musulmans de le voir châtié comme un martyr. Peut-être prend-on enfin conscience de l'horreur du crime de Salomé faisant elle aussi décapiter Jean Baptiste. Je n'entends personne interpréter ce que signifie le crime par la décapitation : c'est un châtiment très particulier, plein de signification, que le jeune Tchétchène a perpétré à dessein...! (PS1)
Abraham me fait penser au livre de Boualem Sansal, naturellement,
dont le jugement sur le
meurtre de Samuel Paty m’interpelle :
«La parole de Dieu est une, elle tourne inlassablement dans l’univers, d’un infini à l’autre, créant vie et mouvement, mais l’homme, cette glaise imparfaite, entend mal, il faut tout lui répéter, encore et encore. C’est la mission des prophètes et leur liste ne sera jamais close. C’est ce que je comprenais de mes précepteurs.»
"En 1916, alors que le premier
conflit mondial s’étend au Moyen-Orient, Terah, un vieux patriarche chaldéen,
ayant compris que son fils Abram est la réincarnation d’Abraham, le charge de
conduire la tribu vers la Terre promise, comme jadis son ancêtre de la Genèse.
Au terme de ce long périple, Abram parviendra-t-il à fonder la cinquième
Alliance, susceptible de guider les hommes et d’apaiser leurs maux ?
"En ces temps de retour angoissé
aux questionnements religieux, Boualem Sansal est de ces écrivains qui accompagnent
les élans spirituels et illustrent leurs dérives. En actualisant l’histoire
ancienne de la Genèse dans le but d’éclairer nos temps obscurs, il nous offre
ici une parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse.
Je consulte son blog, qu’il a créé après mûre réflexion pour délivrer son message d’Algérien, de lanceur d'alerte amoureux de la France, voulant nous met en garde :
https://artofuss.blog/a-propos/
https://artofuss.blog/a-propos/
PS : ce serait dommage de ne pas profiter du couvre-feu pour lire,
... en faisant vivre les libraires :
PS (1) : la cathédrale d'Amiens détient le triste privilège de montrer le crâne de Jean Baptiste
http://babone5go2.blogspot.com/2019/12/le-crane-de-jean-baptiste-amiens.html
je sais que personne n'a envie de voir cela, et pourtant
même en argent, cette cruauté est insupportable...
à Gand une scène semblable |
PS (2) mon copain René publie simultanément l'histoire de Robert de Sorbon, je saisis l'occasion de dupliquer son billet :
Robert de Sorbon est le fondateur au treizième siècle de la
Sorbonne, établissement créé pour les étudiants pauvres, afin qu’ils ne soient
pas en prise avec les difficultés matérielles que lui-même avait connues.
Théologien, il avait mis en place une collégiale de
sociétaires qui ne comportait ni Supérieur, ni Principal, et qui prenait ses
décisions en votant ... avec des haricots…!
Les sociétaires se réunissaient dans la salle du chapitre de
l’université pour le vote d’approbation des propositions.
Les votants ou « vocaux » avaient ainsi « voix au chapitre »
en mettant un haricot blanc (positif) ou noir (négatif) dans l’urne votale ou
capse qui masquait la main du votant lors du lâcher de haricot.
Ce vote secret binaire, toujours pratiqué par les confréries
religieuses ou maçonniques remonte en faits à l’antiquité…
Il peut être majoritaire, pondéré ou éliminatoire.
- Majoritaire : un seul haricot est déposé par chaque
votant, et une majorité de haricots noirs désapprouvera la proposition.
- Pondérée : majoritaire, mais avec trois haricots au choix
déposés par chaque votant , une majorité de haricots blancs approuvera la
proposition.
- Eliminatoire : un seul haricot est déposé…, mais trois
haricots noirs suffiront à désapprouver la proposition.
Le vote éliminatoire souvent utilisé pour l’adoption d’un
nouveau membre de la communauté, était aussi utilisé par les juges au temps
d’Aristote pour décider du sort d’un accusé.
Certaines confréries utilisent des boules à la place des
haricots…, et en cas de vote éliminatoire par 3 boules noires, l’impétrant est
alors réputé :
« BLACKBOULÉ ».
PS (3) dernière minute : Marianne publie ce jour même cette première page
j'ajoute ce dessin à 19h44, après l'avoir découvert dans Cdansl'air sur la 5 |