C'était il y a quelques jours : la météo annonçait une tempête sur les Pyrénées; avec des vents soufflant à 160 Km/H. J'ai horreur de ces phénomènes climatiques, et me méfie toujours de l'effet du vent fort sur les arbres des jardins, d'autant plus fragiles qu'ils sont vieux et grands. Nous avions trois grands et beaux chênes dans la prairie qui longe l'allée des tilleuls, et qui domine la voie ferrée et la vallée de la Garonne. Je sors pour faire le point de l'automne, et du jaunissement des feuilles, il n'y a plus que deux chênes debout : le troisième est par terre, allongé de tout son long, victime assassinée ! En s'approchant, il a basculé sur l'assiette plate que formaient les racines, trop fainéantes pour forer le sol à la verticale, et qui se sont contentées de ramper à l'horizontale : résultat, sous la poussée du vent, le tronc a basculé, entrainant le bonhomme jeté à terre : dé-ra-ci-né !
J'inspecte les deux qui restent, le second est creux, préparant sans doute la chapelle qui abritera peut-être un jour une statue de Sainte Germaine de Pibrac, qui manque cruellement dans ce coin de pré, si elle avait été là, sans doute ce malheur ne serait-il pas arrivé ?
Il fait soleil, l'air est doux, et volent sur les dernières fleurs les piérides,
et le Colias jaune dont c'est la saison.
Voyez bien, la nature est fragile :
et comme le disait notre bon Lafontaine
le chêne, (parfois arrogant ...) certes ne plie pas ...
mais il rompt, et ... déracine :
Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
c'est l'automne :
les feuilles jaunissent ... ce satané covid redouble...
que nous préparent les jours à venir ?