le sénateur peut être une Sénatrice ! |
Cela faisait longtemps que je voulais rendre hommage à Pierre Olivier Sébastien Légasse, dit Périco Légasse, né le
21 mars 1959 à Boulogne-Billancourt : au départ un journaliste, critique vinicole et
critique gastronomique français. Mais maintenant, mieux que cela, il s'engage intelligemment dans la défense d'une alimentation de goût et de qualité, et s'érige en ambassadeur d'une nouvelle agriculture Française attachée aux terroirs, alliant promotion du goût et santé : merci, car il joue collectif, et est du coup très persuasif !
Issu d’une famille de la
bourgeoisie basque, (le pied), Périco Légasse est le fils de Marc Légasse, écrivain et
homme politique basque (fondateur du mouvement autonomiste au Pays basque
français après la Seconde Guerre mondiale), et de Jacqueline Laruncet, fille de
Jacques Laruncet, directeur de la maison Molyneux, célèbre parfumeur des années
1920, à Paris, et l'arrière petit-fils du peintre Perico Ribera (1867-1949),
dont il porte le prénom. Si j'y réfléchis bien, Périco est issu de Petrus, Pierre, et vous savez ce que cela représente pour moi quand sur cette pierre, le créateur a fondé son église !
Après son baccalauréat, il débute
au Matin de Paris à la régie publicitaire, aux côtés de Vincent Lindon, pas
encore acteur, comme chef de publicité chargé des petites annonces de la
fonction publique territoriale. Il rejoint Jean-François Kahn à L'Événement du
jeudi en 1987, puis à l'hebdomadaire Marianne, où il est aujourd'hui rédacteur
en chef de la rubrique "Savoir vivre".
En 2001, il commence son parcours
d'animateur télé sur la chaîne Voyage, où il anime l'émission Les Carnets de
Périco et collabore de 2005 à 2007 à l'émission Ça se bouffe pas, ça se mange de Jean-Pierre Coffe sur France
Inter. Jean-Pierre ... un sacré parrain !
En 2003, il co-écrit, avec
l'écrivain universitaire Danièle Sallenave, Nos
amours de la France : République-identités-régions aux éditions Textuel,
tentative de compromis entre une jacobine orthodoxe et un défenseur des
particularismes locaux. Je recopie Wiki, mais en ajoutant quelques grains de mon sel.
Après un passage sur France 3
dans l'émission À la carte, il anime de 2009 à 2011 sur la chaîne parlementaire
de l'Assemblée nationale l'émission mensuelle Toques et politique : invités du centre de formation Alain Ducasse,
deux députés de la même région et de bords politiques opposés, débattent de
questions sociales et politiques où le patrimoine alimentaire sert de fil
conducteur, notamment les problèmes posés par l'industrie agroalimentaire, la
publicité pour produits sucrés et la grande distribution. L'émission est
supprimée, en 2011, sur décision de Gérard Leclerc, président de LCP-AN, à la
suite des critiques de certains députés, dont Catherine Vautrin ou Jean-Christophe
Lagarde, s'étonnant du mélange des genres entre politique et gastronomie. Il
est de retour en janvier 2015 sur Public Sénat avec l'émission Manger c'est voter.
... nous y voilà ...!
C’est là que je le regarde en ce
moment : flanqué d’un sénateur, parlementaire du terroir, souvent issu
lui-même du monde rural, parfois même ancien agriculteur, le Sénateur (je mets une majuscule) assume le
rôle de l’homme politique vigilant, bon vivant, comprenant la chaîne du bien
manger qui implique un bon produit, créé par des agriculteurs soigneux de leurs
animaux et récoltes, de plus en plus partie prenante du principe que l’INRA nommait
« de la fourche à la fourchette »,
et tirant de leur travail (qui est plutôt une vocation tant le temps passé est
important) un revenu convenable. Ce revenu est vital pour conserver la liberté
indispensable à leur indépendance face aux Industriels de l'agro-alimentaire et aux acheteurs des grandes surfaces.
le covid19 aura mis un grand coup de pied dans la fourmilière des modes de distribution français, en réinventant les circuits courts
Second personnage, le producteur
et la productrice, qui la plupart du temps ont créé la chaîne partant du
produit, en le valorisant pour en faire le et les mets consommés par le
consommateur final : le lait devient yaourts et fromages. L’orge devient
bière fermière ; le mouton devient pièces découpées et vendues directement
au consommateur, etc…Ca y est : le producteur s'affranchit de la chaîne agro-alimentaire qui le contraignait à des pratiques imposées !
il faut le faire ! et il faut le diffuser dans le monde agricole, tout un programme opiniâtre dans la durée !
avec de la créativité, du soin et de l'intelligence, une cantine peut être gastronomique |
Le troisième personnage de ce triangle vertueux est notre Périco, qui a compris depuis toujours que bien manger implique bien produire et bien transformer. On le savait pour le vin, et l’on réalise (enfin) que c’est pareil pour tout ce qui concerne l’alimentation : les porcs sont élevés en plein air, le temps qu’il faut c’est-à-dire six mois, et ensuite sont transformés en saucissons. Si le porc est bon le saucisson le sera aussi ... à condition qu’il soit bien transformé ! Comme le roquefort est transformé par le penicilium roqueforti, la même moisissure transforme le saucisson en colorant sa peau en bleu. Les bactéries se reproduisent sur le support de bois de pin sur lequel sont accrochés les saucissons, et le temps fait l’essentiel ensuite. C’est tout le contraire d’une production industrielle, où raccourcir les délais de production rapporte plus d’argent, voilà le but des investisseurs. Alors que si l’on veut bien manger, il faut laisser au produit le temps de devenir goûteux, voilà le but des agriculteurs producteurs primaires.
Duculty Lyon "charcuterie d'émotion" |
ce ne sont pas les mêmes acteurs ; ce n’est pas le
même objectif !
Perico anime tout
cela avec gaieté, mais exigence, un goût sûr, le mot juste, et une
éloquence concise.
ce qui paraitrait anecdotique est un vrai plaidoyer construit : je kiffe !
Me revient à l’esprit
la devise de Térence Conran :
Vous le connaissez
tous : il a inventé Conran Shop, rue du Bac
« ne demande pas aux gens ce qu’ils veulent, ils ne le savent pas
tant que tu ne leur auras pas proposé »
C’est ainsi que bien
manger devient un acte politique
Le (la) politique doit s’emparer de la
mission publique d’intérêt général correspondante, le Sénat, issu du terroir,
assumant bien cette mission, la chaine Public Sénat étant ainsi passionnante à
suivre.
Aux Politiques de
proposer à tous des produits alimentaires de goût et de qualité,
tous ne l’apprécieront
pas
tant que ces mêmes politiques ne leur auront pas proposé
Comment peuvent-ils faire, ces pauvres Parlementaires de qui nous attendons tout ? Par exemple, en
imposant aux produits importés les mêmes critères qu’à nos productions
nationales !
Et en ne cédant plus
depuis vingt ans au moins, aux agriculteurs industriels réclamant une fois de
plus un moratoire sur les pesticides, comme viennent de l’obtenir les
betteraviers !
manger c’est voter
un titre bien trouvé
sur le balcon de Manufrance St Etienne, tout un symbole |