Aller manger dans une des grandes brasseries parisiennes, c'est bien : si elle possède un décor Art-Nouveau, et que l'on dîne sous une verrière immense, c'est mieux : je vous ai montré celle de Saint-Quentin, voici celles du "Bouillon Julien", avant que je vous montre le Vagenenge :
Deux ans avant qu'éclate la
Révolution française, le Sieur Jean-François Gauthier fonde un estaminet (on
dirait aujourd'hui un café) à l'enseigne du Cheval blanc au 16 de la rue du
Faubourg Saint-Denis. Le citoyen Gauthier deviendra, peu de temps après, un de
ses intransigeants révolutionnaires siégeant au tribunal.
Sous l'ombrage des acacias, les
habitués aiment à s'y attabler dans le grand jardin ou sous l'élégante rotonde.
Dans les années 1830, un peintre en réaction contre l'académisme, Alexandre-Gabriel
Decamps, y défend ses idées et y expose ses sentiments. Autour de lui, on
trouve d'autres artistes romantiques ou de l'école de Barbizon qui annoncent
l'impressionnisme, ce sont Paul Huet ou Théodore Rousseau, mais aussi leur
ami... Alexandre Dumas.
Il devient l'un des premiers
cafés-concerts du quartier, lançant même la mode. En 1857, on peut y écouter
chanter Mlle Agar qui sera l'une des plus grandes actrices de la Comédie
Française.
Le propriétaire, Edouard
Fournier, décide en 1901 de construire un nouveau bâtiment, ce sera un
«bouillon». C'est-à-dire un restaurant où l'on peut déguster un bouillon de
viandes et de légumes.
Fournier en demande la décoration à ces artistes imaginatifs et poètes que sont les tenants de l'Art nouveau. L'établissement va se parer de fleurs, de paons et de nymphes apparaissant et disparaissant au gré des reflets dans les grands miroirs.
Le neveu de Fournier, Julien
Barbarin, en hérite dans les années 1920. Il veut y faire entrer la lumière
zénithale afin d'éclairer délicatement les fleurs et les nymphes. Pour cela, il
va commander trois grandes verrières aux motifs floraux. Ces dernières vont
être dessinées par Charles Buffet qui n'est autre que le père du peintre
Bernard Buffet.
En 1938, Julien Barbarin lègue
son prénom à l'établissement et c'est depuis que nous allons « Chez Julien »...
La Môme Piaf y amène ses amis, non loin de la salle d'entraînement de son grand
amour, Marcel Cerdan.
Jean-Paul Bucher acquiert, en
1975, l'enseigne qui devient une brasserie, avec le succès que l'on sait. Dans
son extraordinaire décor Art Nouveau, préservé par le temps, on y croise au
hasard des jours des personnalités aussi différentes que Jean-Paul Gaultier,
FabriceLuchini, Lorànt Deutsch ou Angelina Jolie en voyage à Paris.
on peut ne pas choisir de bouillon !
sur demande, on peut avoir la carte en Français mais ça fait moins class ! |