dimanche 3 mars 2019

Le Caravage de Toulouse à Londres




Je vous ai présenté en son temps le tableau attribué au Caravage, retrouvé dans un grenier à Toulouse, Judith et Holopherne (1). Est-il vraiment du Caravage ? That’s the question, car il n’est pas signé, et des copies existent qui font douter de l'auteur. L’expertise (comme l’art) est un art bien difficile, et les experts s’affrontent ! Comme les propriétaires ont besoin d’argent (n’oublions pas qu’ils ont trouvé leur tableau oublié dans leur grenier, en cherchant une fuite d’eau, et qu’elle n’a toujours pas été réparée :  normal qu'ils tentent de monnayer leur trésor (présumé) le mieux possible, en le présentant urbi et urbi en commençant par Londres, pour continuer à New-York, avant de le vendre à Toulouse le 27 juin prochain). Entre-temps, ils l'ont fait restaurer, et il est tout pimpant. Si vous voulez le voir, il faudra se rendre chez Colnaghi, mais avec un peu de patience, on pourra l'examiner sur place au mois de juin, en se rendant à l'Hôtel Saint-Aubin au centre de la ville rose.



La toile, pour une fois,  est un explosion de violence… féminine : le général assyrien lève les yeux - implorants, ébahis - vers Judith, gracieuse jeune femme juive en train de lui trancher le cou à l'aide d'une épée, en présence de sa servante, sans doute chargée de faire le ménage ?



l'épée dessus, tenue fermement de la main droite. Avec la gauche, elle arrache quelques poils du crâne d'Holopherne
pour faire in fine un test d'ADN, et obtenir le permis d'inhumer ?

Mais attention ! l’épée dans cette version est levée, alors même que la gorge est déjà tranchée, béante et saigne abondamment. Judith se prépare-t-elle à donner un second coup ? Une autre version montre l’épée abaissée dans la plaie ouverte !  Instantané bien plus vraisemblable ! Comment aucun expert (comme par exemple le Français Eric Turquin) ne relève-t-il la bizarrerie de la première scène ? Dommage que l'on n'ai pas consulté un médecin légiste, au lieu des experts de Caravage ayant pignon sur rue, mais peu familiers du tranchage de cou, pour confirmer le peu de vraisemblance de la première version ? Voilà l'origine des doutes sur le tableau de Toulouse !

ce n'est pas du tout la même Judith, et la servante est derrière, le tablier prêt à recueillir la tête !




-"Il y a des changements entre ce que nous voyons et ce que la radiographie nous indique, ce qui prouve que cette image est dans un processus de création, avec des variations et des repentirs. C'est la preuve que c'est un original. Un imitateur copie ce qu'il voit. Ici, il y a une création, il y a des variations", a-t-il déclaré.

-"Nous savions qu'il y aurait des débats, nous savions que le Caravage est un artiste très difficile pour tous les historiens de l'art", a souligné l'expert. "Je ne voulais pas mettre ma réputation en péril. C'est pour ça qu'on a attendu deux ans" avant de le montrer, a-t-il ajouté.

-"C'est un moment très important dans l'oeuvre du Caravage parce que c'est là qu'il quitte Rome et qu'il développe vraiment un nouveau style de peinture, plus sombre, plus noir, plus tragique, plus dramatique, le style qui nous plaît", souligne enfin  Eric Turquin.


Toujours est-il que, méfiant, l’Etat a décidé de ne pas acheter, signifiant que ce n’était plus un « trésor national » ; d’une part  Louis Finson, peintre flamand (1580-1617), contemporain du Caravage  l'a souvent copié, sans signer lui aussi, et si c’était lui ? Pareil pour Artemisia Gentileschi, dont le style est très ressemblant (2). D’autre part, raison plus raisonnable, il ne dispose plus (l'Etat) des 160 millions demandés, les ayant recyclés dans l’augmentation récente du revenu d’activité destiné à augmenter le pouvoir d’achat de nos jaunes classes laborieuses. Sans y prêter attention, voilà que l'Etat se met à diminuer son train de vie ! Bonne nouvelle, surtout s'il évite de mettre de l'argent inutile dans un faux !  L’autorisation a donc été donnée, après le délai réglementaire, d'exportation à l’étranger, même si la vente est prévue à Toulouse, et on espère qu’un riche premier de cordée (de la City) va l’acquérir au téléphone ...

... sauf si un très très riche Toulousain se manifestait …

... la rumeur dit qu’ il y en aurait ? ?

                                                        ... 160 millions...quand-même ! ! 

Marc Labarbe en personne, affirme que c'est un vrai !

Marc Labarbe vend périodiquement des morceaux du Concorde, profitant du  cinquantenaire !




PS (1) https://babone5go2.blogspot.com/2016/04/le-caravage-de-toulouse.html

            http://babone5go2.blogspot.com/2013/09/judith.html


à suivre, combien la toile va-t-elle se vendre vraiment ?


PS 2 : Artemisia Gentilieschi a une facture semblable, voici Danaé, et Vénus :


là également une servante, qui récupère l'or de Zeus... il n'y a pas de petites économies !