J'ai été intrigué comme vous par la forme (serpentiforme) que Girardot donnait aux jambes de ses sirènes, et ai entrepris une recherche (approfondie) des sirènes dans la peinture, pour voir comment se présentaient ces (intrigantes) personnes dans la vraie vie. Du coup, je découvre d'autres formes différentes de celles repérées auparavant (1) puisque ce n'est pas la première fois que je m'intéresse à ce sujet qui a intrigué les Hommes de tous les temps : des femmes, au demeurant fort aimables, habitent le milieu aquatique, se meuvent sous les eaux grâce à leurs branchies et leurs jambes transformées en queues de poisson, pour finalement vous envoûter par leurs chants, et de facto rechercher votre compagnie. Les hommes se laissent aisément tenter, on appelle maintenant ce phénomène "la sidération" : on n'y peut rien, il faut laisser faire...!
scène typique : vous êtes un mec. Au bord de la mer : ces formes vous font penser à des sirènes ? erreur, ce sont de simples phoques ! ! |
Et voilà que je tombe sur Adolphe qui se fait appeler La Lyre, décrit comme "le peintre des sirènes" ! Il était temps de faire connaissance ! Il nait à Rouvres-en-Woëvre en 1848, et meurt à Courbevoie en 1933.
C'est un surdoué. Fils de maréchal-ferrant, aîné de
sept enfants, il est premier prix de dessin de l'Académie de Nancy
(Meurthe-et-Moselle) en 1866 et étudie l'architecture à Verdun. Sa
famille déménage à Paris, et il entre en 1872 à l'École spéciale des dessins et
mathématiques, dont il obtient le premier prix de dessin en 1874. Reçu ensuite
premier au concours de l'École des Beaux-Arts de Paris en 1875, où il apprend
des maîtres tel Puvis de Chavannes, il expose au Salon des artistes français
chaque année entre 1876 et 1929. Il enseigne à son tour aux adultes dans les
écoles du XIIe arrondissement de Paris entre 1877 et 1889.
étonnamment, c'est Sainte-Cécile, prête à se jeter à l'eau |
Après quelques portraits, il
débute avec des compositions religieuses, à l'image de Sainte Cécile martyre,
et Sainte Geneviève instruisant Sainte Clothilde. Représentant ces saintes
dénudées, il poursuit l'exploration du nu féminin sous l'influence de Jean-Jacques
Henner, à travers des scènes de genre comme des baigneuses, et mythologiques à
l'image de Psyché aux Enfers et Léda et le cygne. Il se consacre à la peinture
de nombreuses naïades, lui valant le surnom de « peintre des sirènes ».
l'ange gardien (BNF) |
Psyché (en ailes de papillons) séduit Cerbère (BNF) |
Inspiré par la mode de l'époque
de l'Art nouveau et du symbolisme, par les mythes revisités par Offenbach, il
peint la femme fatale, « rousses opulentes aux croupes prometteuses », à la
« beauté laiteuse ». Pour Gérald Schurr et Pierre Cabanne, il « peint avec
fougue et une hâte excessive des groupes de nudités en mouvement dont les
lourdeurs d'écriture ou de pâte sont parfois contestables ».
"le modèle", musée des Beaux Arts de Saint-Brieuc, (avant réparations) |
Critique d'art, collaborateur de
la Revue des Beaux-Arts et des lettres, il publie en 1910 Le Nu féminin à
travers les âges. Le poète et critique d'art Armand Sylvestre le présente comme
« l'un des peintres de ce temps les plus fidèles au nu ; j'entends au nu
féminin, c'est-à-dire au plus admirable thème de dessin et de couleur qui ait
jamais inspiré les artistes ».
je vous montre d'autres sirènes ci-dessous, celle-ci a deux jambes terminées par deux queues de poisson, comme Girardot |
Ayant découvert le Cotentin en
1872, il revient à plusieurs reprises à Carteret, notamment au Grand hôtel de
la mer à partir de 1883, puis fait bâtir en 1897, sur des terrains achetés à la
Société des terrains et vapeurs de Carteret, sur la corniche, une villa qui
prend le nom de « Château des sirènes ». Dès lors, il peint sa maison et les
plages des alentours, et fait don à la commune, en 1923, d'une partie de ces
paysages pour orner la salle des fêtes inaugurée le dimanche 15 juin 1924. Le
11 août 1886, il épouse Marthe Lévesques, son élève de dix-huit ans sa cadette.... sa modèle !
Carteret depuis le château |
Au lendemain de la Première
Guerre mondiale, il cède sa villa au député radical Henry Franklin-Bouillon,
ancien ministre d'État du gouvernement Painlevé et propriétaire de la villa
voisine Les Liserons, sans cesser d'y habiter. En 1918, à la demande du curé de
Carteret, il dessine les vitraux du chœur de l'église Saint-Germain détruits en
1941.
Il meurt à Courbevoie où se situe
son atelier depuis 1897, boulevard Saint-Denis, après s'être installé à Paris
place des Vosges (Pavillon Henri-IV), et rue Saint-Paul. Il est inhumé au
cimetière Montmartre. Sa femme, Marthe, sociétaire des Artistes français à
partir de 1901, exposée au salon de cette association, fait ensuite plusieurs
dons aux institutions locales et à divers musées en France, pour valoriser
l'œuvre de son mari.
oui, de nombreuses variétés de sirènes ont des jambes tout à fait humanoïdes |
PS : les nymphes de Girardot :
http://babone5go2.blogspot.com/2019/02/les-nymphes-de-girardot.html