vendredi 10 novembre 2017

Marie Cosnay traduit Ovide

Si vous n'achetez pas ce livre pour Ovide, achetez le pour Marie Cosnay : latiniste et "femme-femme-femme"  comme le clame Serge Lama !

Les Métamorphoses, c’est un livre monstre par sa forme et par son projet, un poème de 15 livres qui rassemble en quelque 12.000 vers le récit de 246 fables racontant les métamorphoses des dieux et des héros, depuis le chaos originel jusqu’à la métamorphose de Jules César en étoile. 

C’est un texte tellement important qu’il irrigue tout un pan de l’art et de la littérature. Même si vous ne l’avez pas lu, vous en avez forcément des images ou des fragments d’histoires. Ovide pioche dans l’immense répertoire des mythologies grecques et romaines et recompose sa propre épopée pour nous raconter le monde. 

Ovide est le poète de l’amour, du désir et de l’orgueil, et ce qu’il nous livre est un immense roman d’aventure.

Ah oui, vous avez envie de voir Marie Cosnay ?

ne me dites pas que si elle n'était pas si jolie, Ovide n'aurait pas tant de succès ?
Voici un petit florilège :

ACTÉON (lat. Actaeon). Petit-fils de Cadmos (et donc petit-neveu d’Europe), grand chasseur. S’enfonçant un jour avec sa meute dans une vallée inconnue, il y surprend, près d’une grotte, Diane se baignant parmi ses nymphes. Irritée d’être surprise dans sa nudité, la déesse puise un peu d’eau qu’elle lui jette au visage et le transforme en cerf. Actéon périt dévoré par ses propres chiens. Cf. Métamorphoses, livre III, vers 138 ss. Marc Dupuy en montrait un beau bronze à Toulouse, on ne peut tout acheter !

Giuseppe Cesari
Thymelicus acteon

EUROPE (lat. Europa). Phénicienne, elle est fille du roi Agénor et soeur de Cadmus. Jupiter s’éprend d’elle et lui apparaît sous la forme d’un taureau blanc, un jour qu’elle marche sur le rivage de Sidon. Le dieu l’enlève sur son dos et l’emporte à la nage jusqu’en Crète, où il reprend sa forme avant de s’unir à elle ; Europe lui donne plusieurs fils, dont Minos, qui monte sur le trône de l’île avant de présider le tribunal des enfers. Ovide décrit brièvement le rapt d’Europe au livre VI, vers 103 ss. Je vous en ai parlé moultes fois !



JUPITER (lat. Iupiter). Le dieu suprême des Romains, correspondant au Zeus des Grecs. Quand il ne gouverne pas l’univers du haut des cieux (ou de l’Olympe) aux côtés de Junon, il revêt différentes formes pour visiter le monde des mortels et y donner libre cours à ses innombrables passions amoureuses.














Aujourd'hui comme hier, Jupiter use de tous les moyens les plus futuristes pour se déplacer sur les berges de la Seine, avec un EV4 électrique polonais, doté d'un system przechylania, (qu'il faut absolument commander pour Noël, je vous en reparlerai).


JUNON (lat. Iuno). Soeur et épouse de Jupiter (comme Héra l’est de Zeus). Elle est d’autant plus ombrageuse et jalouse de son mari qu’elle ne lui a donné qu’un seul enfant, boiteux de surcroît : Vulcain (l’Héphaïstos grec). Elle poursuit de sa tenace rancune les humains qu’elle estime l’avoir offensée ; Io et Tirésias figurent parmi ses nombreuses victimes.

Andrea Appiani, la toilette de Junon
IO (lat. Io). C’est une longue et triste histoire, qui commence au livre I, vers 583 ss. des Métamorphoses. La fille du fleuve Inachus tente en vain de fuir Jupiter à qui elle a plu, bien malgré elle. Pour comble de malheur, Junon s’en est aperçue. Surpris par son épouse, Jupiter transforme sa belle en génisse. Mais Junon réclame qu’il lui fasse présent du superbe animal et le mari coupable n’a garde de refuser… Pour la suite, cf. Argus.

les larmes de IO sur les ailes de Vanessa io

Plebejus argus
ARGUS (lat. Argus). Le fils d’Arestor avait, selon Ovide, «la tête entourée de cent yeux. Deux des cent yeux dormaient toujours, jamais les mêmes : les autres, éveillés, restaient en surveillance». Tel est le bouvier auquel Junon choisit de confier la garde d’Io la génisse. Pour l’endormir tout entier, Mercure gagne sa confiance, lui joue de la flûte de Pan, autrement dit de la syrinx, et finit par lui raconter comment fut inventé cet instrument…

SYRINX (lat. Syrinx). La nymphe des montagnes d’Arcadie, dont Ovide compare la beauté à celle de Diane elle-même, avait souvent échappé «aux satyres et aux dieux harceleurs des futaies et des champs» lorsque Pan voulut en faire son amante. Son histoire, narrée au livre I, vers 689, est enchâssée dans le récit des tribulations d’Io (qu’Ovide, comme on a vu, a entrepris un peu plus haut, vers 583 ss.). Mais la digression est interrompue par la mise à mort d’Argus, qui s’est enfin endormi.

Pan et Syrinx par Michel Dorigny, qui n'a pas hésité à peindre les ailes du grand paon de nuit

PHILÉMON et BAUCIS (lat. Philemon et Baucis). L’un des épisodes les plus célèbres et les plus touchants des Métamorphoses qu’Ovide raconte aux vers 620 ss. Le vieux couple, malgré sa pauvreté, est le seul à offrir l’hospitalité dans son humble demeure à Jupiter et Mercure, quelque part dans les monts de Phrygie. Philémon et Baucis iraient même jusqu’à sacrifier leur unique oie en l’honneur de leurs hôtes. Pour les récompenser, les dieux leur offrent d’abord un festin miraculeux, puis les préservent d’un déluge qui noie le reste de la contrée avant de leur promettre de réaliser leur plus cher souhait. Philémon prend alors la parole : «puissions-nous, ayant vécu dans la concorde, être emportés à la même heure, et que jamais je ne voie son bûcher ni elle ne m’enterre.» Leur voeu est exaucé : ils deviennent, côte à côte, chêne et tilleul.

  « Nous sommes vieux, usés, n’avons plus nul désir,
   Nous nous sommes aimé, chaque jour de concert,
   Trouvant l’un près de l’autre, en de calmes rivages,
   Un port pour accueillir nos paisibles amours.

   Or voici que s’en va tomber la fin du jour,
   Que s’approche sans bruit la Parque sans visage,
   Que l’un de nous brisé, dans l’ombre, solitaire,
   N’aura plus nul soutien, demain, qu’un souvenir.

   Qu’en la même minute et dans un même souffle,
   En la brise attiédie nos pauvres cœurs s’essoufflent :
   Oh dieu, fait seulement que nous mourions ensemble !

   Qu’en l’éther infini, si l’azur nous rassemble,
   Ce qui reste de nous puisse encor se mêler
   Comme ici-bas nos mains, désormais tavelées...

http://www.lesvieilleslettres.com/2014/03/philemon-et-baucis.html
Rubens

la métamorphose d'Atalanta
ATA LANTE (lat. Atalanta). Voir Hippomène : HIPPOMÈNE (lat. Hippomenes). Cf. Métamorphoses, X, 553-704. C’est Vénus en personne qui par la bouche d’Orphée raconte à son cher Adonis l’histoire d’Hippomène et d’Atalante, pour l’engager à ne pas pratiquer la chasse au lion. Atalante avait appris d’un oracle qu’elle cesserait d’être elle-même le jour de ses noces. Pour éviter le mariage, elle fait savoir à ses prétendants qu’elle n’épouserait que celui qui la battrait à la course, et que ses adversaires malheureux seraient mis à mort. Son charme est tel que les candidats acceptent de courir le risque, mais Atalante est plus rapide encore qu’elle n’est belle. A son tour, Hippomène décide de tenter sa chance, mais prend soin de prier d’abord Vénus. La déesse de l’amour l’entend et lui remet trois pommes d’or de son jardin de Tamasos, sur l’île de Chypre. En les laissant tomber à bon escient, Hippomène parvient à retarder Atalante (qui n’est d’ailleurs pas insensible à sa beauté) et gagne ainsi sa main. Malheureusement pour eux, une fois franchie la ligne d’arrivée, les amants négligent de remercier Vénus, et la divinité négligée décide de faire un exemple : alors qu’ils passent près d’un temple de Cybèle, elle inspire à Hippomène un désir irrépressible, et le couple «d’un coït interdit […] souille le saint lieu» (X, 695). Cybèle, outragée, les transforme aussitôt en lions.

VÉNUS (lat. Venus). L’Aphrodite des Grecs règne sur les forces du désir, de l’amour, de la fécondité. Tant sur les hommes que sur les autres dieux, son pouvoir est donc immense. Elle-même en éprouve d’ailleurs les effets : au fil du poème, Ovide rappelle que l’épouse de Vulcain a été l’amante de Mars, s’est unie à Hermès ou s’est éprise d’un simple mortel comme Adonis (entre autres). Une génération
avant Ovide, le poète-philosophe épicurien Lucrèce lui dédie en ouverture de son grand poème sur La Nature des choses (De rerum natura) un hymne inoubliable : la déesse du plaisir y est célébrée comme étant la source inépuisable, cosmique, d’où jaillit toute vitalité – mais ceci est une autre histoire !

Cabanel, le meilleur ?

pour en savoir davantage : 

le sous-titre :

Histoires mythiques d'un écologue

tout sur les métamorphoses !



réservez-le pour Noël !