dimanche 13 août 2017

Antiquaires à Luchon

les (faux) coprins de Gallé  !

Je vous explique : la mi-août correspond à la floraison des salons d'antiquaires : aujourd’hui c’est  Saint-Girons, hier c’était Barjac, demain c’est Port-de-Lanne, nous nous décidons pour Luchon, vous savez, la Reine des Pyrénées, en 1900, on y accédait depuis Paris en vingt-quatre heures de train ! 

Il fait beau, pas trop chaud, le moment parfait pour nous garer dans le Parc du Casino.



Surprise ! la célèbre statue d'Ernest Christophe (1827-1892), érigée en 1901, a disparu ! J’espère pour une réfection, j’aurais aimé la kidnapper pour mon usage personnel, j’espère ne pas avoir été doublé par quelqu'un ? A la place, une Cléopâtre foule des serpents aux pieds, impossible de repérer qui c’est vraiment ?

où est-elle passée ?
qui est-ce ?





























Un peu désappointés, nous parcourons les allées de marchands souvent repérés la dernière fois (c’était à Salies du Salat) quand je tombe sur les Coprins d’Emile Gallé. Annoncés comme véritables ! Le prix encourageant le chaland à croire à une affaire ? à moins que ce soit le vol d’une œuvre réputée rare, au musée de Nancy, et fragile, valant une fortune ? Là le prix laisse à croire qu’elle serait vraie, car chère, je me méfie. Depuis des dizaines d’années que je tripote les pâtes de verre, je puis vous dire que je reconnais les copies (disons-le, les faux) d’abord à la qualité du verre : s’agissant des applications superposées d’Emile Gallé, jamais imitées, ici il n’y en a pas. Des coups de roues créant des barres dans le verre font leur effet, mais comparé à l’original, aucune nuance. Les accessoires électriques sont de vraies porcelaines, mais on en trouve encore suffisamment pour faire illusion. 

vrai
copie : manque la couche bleue
























Non, ce que les artisans de l’Est ne savent pas recopier, ce sont les ferrures. Ici, de simples tiges plates ont été écrasées à l’extrêmité en forme de feuille. Les vraies ferrures de Nancy excellent dans la reproduction du chardon lorrain, comme dans les productions de Charles Schneider, dites « le Verre Français », tombé dans le domaine public et recopié en Roumanie, sans que personne ne s’en offusque. La vraie lampe de Gallé "les coprins" voit ses extrêmités recouvertes d’un tube fermé, comme un tout petit coprin dressé sur sa tige.

Très bien fait quand-même, je me glisse dessous pour découvrir gravé Nancy dans le laiton du socle. Et incrusté E Gallé dans le plus grand des chapeaux. Négocier ? Demander la moitié du prix ? N’y pensons-pas ! Je garde la carte de visite du vendeur R.E qui vient du célèbre département 9.3 à Neuilly (sur Marne) s’il vous plait. Tout pour faire illusion.












Ouf ! Après ces émotions il ne reste plus qu’à se restaurer. Difficile de déjeuner d’une truite, les piscicultures locales se raréfient. Au Café de la Paix, impeccable, on nous propose un maquereau (un vrai) ou bien un carrelet grillé. On prend le carrelet. Délicieux ! Les transports internationaux ont ceci de bien que l’on mange des produits de la mer en montagne, et des produits de montagne à la mer. On a refusé les sempiternelles moules : 

on en mangera demain ! 
















PS : il y a six ans, la fortune nous sourit !

PS : comment reconnaitre les vrais ?

les nuances du verre, la protubérance des chapeaux, la spirale des nervures des pieds gris
le pied est en fer et pas en laiton


les ferrures qui supportent les chapeaux sont recouvertes d'un étui arrondi en partie supérieure
ce sont des lampes, destinées à être éclairées
la veilleuse, deux vases, et la lampe de Schneider



le Verre Français, décor "les coprins"