mardi 22 novembre 2022

La maison de Zola à Meudan : "nulla dies sine linea"

quelle émotion de découvrir sa devise : je tente très modestement depuis 12 ans de l'appliquer à mes billets journaliers

Si l'habit de fait pas le moine, nous savons qu'il y contribue, et permet aux comédiens - comme nous le confirme Léa Drucker (qui se venge de sa condition féminine dans le film : les Couleurs de l'Incendie) - de faciliter l'immersion dans le personnage. Pareil pour la maison d'habitation : entrer dans l'intimité de Colette ; d'Edmond Rostand à Arnaga, de Monet à Giverny, de Pablo Casals à El Vendrell, Salvador Dali à Cadaquès ; Victor Hugo à Guernesey.... et de Zola à Meudan permet de mieux intégrer le siècle, la décoration, l'ambiance qui entourait le Personnage, je mets la majuscule, car Zola aura influencé largement ma génération. Il restera l'homme de "J'accuse", honorant les Journalistes indépendants, et tous les lanceurs d'alerte.

Il faut revenir très en arrière, en mai 1878. Après avoir séjourné au bord de la mer en 1875-1877, Zola décide de louer, pour l’été 1878, une maison aux environs de Paris : l’Exposition universelle va ouvrir ses portes le 1er mai, et il ne veut pas trop s’éloigner de la capi­tale. Le 9 mai, son ami le peintre Antoine Guillemet lui conseille de visiter la région de Triel-sur-Seine. Plus tard, Zola dira au journaliste Maurice Guillemot : « Nous cherchâmes de ce côté de Paris, à Triel ; en déjeunant là, à l’hôtel de la Marine, je vis ces coteaux avec ces petits villages, je demandai les noms : « Oh ! il n’y a rien, c’est Villennes, c’est Médan. » Sans me fier à cette appréciation, je louai une voiture et voulus me rendre compte : c’était gentil, bien campagne, et justement, un écriteau sur une maison de paysan, À VENDRE. Une vieille femme nous montre, oh ! tout petit, trois fenêtres et un bout de jardin avec des remblais bouchant une ancienne carrière ; nous avions l’intention de louer seulement, elle refusa, alors on marchanda ; elle demandait 10 000, je l’eus pour 9.»  Elle se trouve sur la route de Meulan, tout près du chemin de fer et à 150 mètres de la Seine.

la maison d'origine, sera encadrée par deux tours

la voie ferrée, et la Seine

oui Zola prenait des photos, voici la tranchée de Medan



9 août 1878. Zola écrit à Flaubert : « J’ai acheté une maison, une cabane à lapins, entre Poissy et Triel, dans un trou charmant, au bord de la Seine ; neuf mille francs, je vous dis le prix pour que vous n’ayez pas trop de respect. La littérature a payé ce modeste asile champêtre, qui a le mérite d’être loin de toute station et de ne pas compter un seul bourgeois dans son voisinage. Je suis seul, absolument seul ; depuis un mois, je n’ai pas vu une face humaine. »

 les voisins ne manquent pas de nos jours !

Octobre 1878. Début de la construction de la tour nord, de forme carrée, au som­met de laquelle se trouvera le cabinet de travail de l’écrivain, et que l’on appellera, plus tard, la « tour Nana ». Il est lui-même l’architecte, et confie les travaux au maçon Alphonse Burneron (1823-1904), qui est un habitant de Médan. L’examen des devis est assuré par le « métreur-vérificateur » Émile Brunau. 

la suite se passe en achats de terrains voisins, et en travaux successifs : 

Les détails foisonnent : 15 février 1879. Zola achète pour 1.200 francs une cheminée de pierre, style Renaissance à cariatides. C’est la cheminée du cabinet de travail, sur la hotte de laquelle il fera peindre la devise qui m'a tant touché : « Nulla die sine linea ». Pas un jour sans une ligne ! Paul Alexis décrira ainsi la pièce : « Tout est immense. Un atelier de peintre d’histoire pour les dimensions. Cinq mètres cinquante de hauteur, sur neuf mètres de largeur et dix de profondeur. Une cheminée colossale, où un arbre rôtirait un mouton entier. Au fond, une sorte d’alcôve, grande à elle seule comme une de nos petites chambres parisiennes, com­plètement occupée par un divan unique où dix dormeurs seraient à l’aise. Au milieu, une très grande table. Enfin, en face de la table, une large baie vitrée ouvrant une trouée sur la Seine. Je ne parle pas d’une sorte de tribune, élevée au-dessus de l’alcôve au divan, à laquelle on parvient par un escalier tournant : c’est la bibli­othèque. Le même escalier mène sur une terrasse carrée, occupant toute la toiture de la nouvelle construction, qui se voit de loin dans la campagne, et d’où le pano­rama est admirable. » 


à sa table de travail par Edouard Manet







A cette époque, avec les créateurs et les artisans nombreux de l'époque, quand on dispose évidemment d'un certain pouvoir d'achat, on commande des vitraux : on joue avec la lumière, et la maison Zola est pleine de vitraux. Juin 1879. Zola fait exécuter par le peintre-verrier Henri Babonneau un vitrail représentant Mes-Bottes, personnage de L’Assommoir que l’acteur Joseph Dailly a rendu célèbre en incarnant le rôle dans la pièce tirée du roman. Le vitrail sera placé dans la porte d’entrée de la nouvelle cuisine, au rez-de-chaussée de la tour. C’est Babonneau également qui place dans le cabinet de travail des vitraux provenant de l’église de Malestroit, en Bretagne.






en 1945, le pain conserve comme aujourd'hui sa valeur primordiale dans l'alimentation

forcément, la cuisine passionne les visiteurs, par ses dimensions, ses faïences au plafond inclus, et le nombre de casseroles en cuivre




Quand les ouvriers partent d'un endroit, Zola achète un nouveau terrain, comme l’île du Platais, située en face de sa mai­son, sur le territoire de Triel-sur-Seine. Il n'est plus tout seul : Août 1880. « Paul est toujours avec moi. Il travaille beaucoup », écrit Zola à Antoine Guillemet. Il s’agit de Cézanne, qui aime s’installer dans l’île du Platais pour saisir les paysages qui bordent la Seine. 

Les deux hommes sont camarades depuis l'enfance, depuis le collège qu'ils ont fréquenté à Aix-en-Provence. Le père de Zola est technicien en hydraulique, presque le Génie Rural avant son invention, inventeur du canal Zola desservant Aix. Et même si l'auteur de « Germinal » vit dans un décor somptueux, une maison aux pièces immenses et décorées de centaines de bibelots, Cézanne, qui n'aime rien tant que l'épure de son atelier, apprécie ses séjours à Médan. Il y viendra dès que possible, six ans durant, peignant le château, le coteau et les bords de la Seine.

Très tôt le matin, le peintre utilise la barque dénommée « Nana » pour traverser la Seine située au bout du jardin. Il plante alors son chevalet sur la rive opposée et, dès 1879, réalise sur le motif une aquarelle aujourd’hui conservée au Kuntzhaus Museum de Zurich. Aquarelle qui un an plus tard deviendra l’huile sur toile que Cezanne peindra à partir du même site. Elle se trouve conservée au musée Art Gallery de Glasgow après avoir appartenu à Paul Gauguin qui l’aurait achetée au Père Tanguy, marchand de couleurs où s’approvisionnaient les deux peintres.

certains voient non pas le château de Meudan, mais la maison Zola à gauche

je ne comprends pas que Cézanne n'ai pas peint Nana, je parle de la barque

y a-t-il pensé en peignant "la barque et les baigneurs" au musée de l'Orangerie ?

voici la version de Renoir :

dedans sa modèle (et maitresse) Lise Trehot
 

Avril-septembre 1881. Nouveaux achats de terrains. Zola possède désormais un espace assez vaste pour y dessiner le parc dont il rêve. Le 27 septembre, il acquiert une dernière parcelle dans l’île. Edmond de Goncourt décrit ainsi l’une de ses visites à Médan : « Aujourd’hui, le ménage Daudet, le ménage Charpentier et moi, nous allons passer la journée chez Zola à Médan […]. C’est fou, absurde, déraisonnable, cette propriété qui lui coûte maintenant plus de 200 000 francs […]. Le cabinet de travail est, par exemple, très bien. Il a la hauteur, la grandeur, mais est très abîmé par une bibeloterie infecte. Des hommes d’armes, toute une défroque romantique, au milieu de laquelle se lit sur la cheminée la devise de Balzac : Nulla die sine linea, et l’on voit dans un coin un orgue-mélodium avec voix d’anges, dont l’auteur de L’Assom­moir tire des accords à la tombée de la nuit. 


Quant au jardin, ce sont deux petites et étroites bandes de terrain, dont l’une est de dix pieds en contrebas de l’autre, et cela se prolonge dans les champs, coupés par le chemin de fer, par des bouts de terrain qui, à ce qui paraît, lui appartiennent, et au-delà de la rivière, par encore cin­quante arpents dans une île. On déjeune gaîment et l’on va, après déjeuner, dans l’île, où il fait bâtir un chalet, auquel travaillent encore les peintres et qui contient une grande pièce tout en sapin, au monumental poêle en faïence d’une belle simplicité et d’un grand goût. » 

en bas à gauche le chalet Paradou sur l'ile en face

Je lis ce détail : "En dépit de ce qu’affirme ici Goncourt, il ne semble pas que la célèbre devise ins­crite sur la cheminée provienne de Balzac. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, en tout cas, lui donne comme origine une remarque de Pline commentant l’œuvre du peintre Apelle". 

Me voilà renforcé dans mon admiration pour cette formule illustrissime ! 

Cette phrase latine, Zola la voit donc tous les matins quand il entre dans son bureau pour y travailler : Il s’assied à sa table « comme un marchand à son comptoir » et rédige environ trois pages à partir d’épais dossiers préparatoires qu’il a réalisés. La méthode est rigoureuse car elle se veut scientifique. Mais elle est également douloureuse. Pour Zola, écrire, c’est accoucher d’une œuvre comme d’un enfant – à savoir dans la souffrance. « Moi je m’accouche avec les fers, et l’enfant quand même me semble une horreur. […] Mon Dieu ! Que d’heures terribles, dès le jour où je commence un roman ! Et quand il est fini, ah ! Quand il est fini, quel soulagement ! […] Puis ça recommence : puis, ça recommencera toujours ; […] Ah ! Une vie, une seconde vie, qui me la donnera, pour que le travail me la vole et pour que j’en meure encore ! », fait dire Zola à un de ses personnages dans le roman L’Œuvre.

et le grand oeuvre se poursuit ! 

1882-1883. Construction de la ferme et des bâtiments qui l’entourent. Le 24 sep­tembre 1882, Zola répond à Paul Alexis, qui lui a envoyé un plant de cassis : « La serre n’est malheureusement pas couverte encore, car les ouvriers continuent à me manquer de parole ». Cela n'a pas changé ! Racontant, dans le Gil Blas du 19 juin 1883, une promenade en barque de Paris à Rouen, Guy de Maupassant écrit : « Nous descendons pour saluer Zola. Il nous apparaît au milieu d’un peuple de maçons et de jardiniers dirigeant l’installation de sa basse-cour. Il est gai, heureux de voir pousser ses arbres. »

 

voilà la petite maison d'origine enchassée entre deux tours, un jardin devant

Automne 1885-printemps 1886. Construction de la tour sud, dite « tour Ger­minal », de forme hexagonale. Au rez-de-chaussée sera aménagée la nouvelle « salle de billard », destinée à devenir le véritable centre du foyer, tandis qu’au premier étage se trouvera une lingerie tapissée en sapin de Norvège, ainsi que des chambres de domestiques. Les travaux sont réalisés par Théophile Burneron, le fils d’Alphonse Burneron.




Mars 1886. Henri Baboneau commence à dessiner, en suivant fidèlement les pres­criptions de Zola, les quatre grands vitraux qui ornent toujours la salle de billard : décorés de paons, d’oiseaux aquatiques et de fleurs, ils annoncent déjà l’Art nouveau.

 


Novembre 1886. Fin de l’aménagement de la tour hexagonale. Le 4 novembre, Zola annonce à Henry Céard : « Nous nous débarrassons de nos derniers ouvriers ». Ainsi, à la fin de 1886, la maison de Médan présente-t-elle, à peu de chose près, l’aspect qu’elle offre au visiteur actuel : à droite de la façade, la tour « Ger­minal » équilibre la tour carrée : le parc, soigneusement planté d’arbres et de fleurs, s’étend par derrière ; à l’extrémité nord, la ferme avec ses animaux et ses potagers com­plète le microcosme naturel que Zola a voulu construire autour de lui. Deux trouées ouvrent ce monde clos sur l’extérieur : la Seine, qui longe la propriété, et, en plein milieu, dissimulée dans un creux, la ligne du chemin de fer, de Paris au Havre. 

Avril 1888. La salle de billard s’orne d’une panoplie d’instruments de musique. Zola demande à Numa Coste de lui procurer un tambourin : « Je le préférerais ancien : il y en a du XVIIIe siècle, avec de fines sculptures et une patine très belle ». C’est à cette époque également qu’il achète pour son cabinet de travail des vitraux qui proviennent de l’abbaye de Malestroit, dans le Morbihan.

Printemps 1895. Vers cette époque, Zola aménage à Médan un laboratoire de développement photographique qui est installé, ainsi que le rapporte Albert Laborde, « dans le sous-sol de l’antichambre de la salle de billard » 


comme tout a changé depuis !

attendez, il y avait une salle de bain, avec chauffe-eau au gaz !




et la lingerie, ornée d'un beau buste



ce n'est pas terminé : 

Le cabinet de travail est situé au second étage, c’est la pièce la plus imposante de la maison. On remarque la cheminée encadrée de cariatides, sur laquelle est peinte la célèbre devise. Devant une alcôve éclairée par un vitrail, se trouve la première table de tra­vail de l’écrivain ; non loin, un grand fauteuil tapissé de cuir, décoré de la devise des Hautecœur, les personnages du Rêve (« Si Dieu veut je veux »). Parmi les éléments qui meublent la pièce : une Vénus accroupie (sculpture de Bosio), des caricatures, des édi­tions originales, des affiches, des objets ayant appartenu à Zola (un encrier, un porte-plume…). Et sur la cheminée, est posée la pendule noire rendue fameuse par le tableau de Cézanne (Nature morte à la pendule noire, 1866).

voici la Vénus, et puis la pendule

j'interromps ici une Histoire qui commence en 1903, et s'achève aujourd'hui avec la réouverture de la maison Zola, et du musée Dreyfus voisin

pensez à l'écrivain tous les matins,

à sa page blanche,

et écrit sur son mur cette maxime : "nulla die sine linea"

365 jours par an

aujourd'hui nous sommes le 326ème jour de 2022

il me reste trente-neuf  lineae  à écrire !

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merci Pierre Tequi de ses photos sur facebook

Pierre Bergé, Audrey Azoulay, François Hollande, Émilie Zola et Martine Leblond-Zola à l'inauguration de la Maison Zola – Musée Dreyfus, Médan, 2 octobre 2016.



Pierre Téqui a observé cette bouche de chaleur, pile sous le fauteuil d'Emile :

un raffinement contre-productif... pour les illustres hémoroïdes !



PS : les soirées de Meudan

Après la disparition de Zola, en 1902, le mythe de Médan commence à se développer. Henry Céard, par exemple, s’en empare en 1903, dans un article intitulé « Maisons de Zola ». Il souhaite évoquer, dit-il, des « souvenirs aimables » qui datent d’une époque où tous avaient le plaisir de se retrouver à Médan. Le mythe renvoie à un âge d’or où régnait la concorde. Moments heureux, s’exclame Céard, situés avant les divisions apportées par l’affaire Dreyfus. Seule comptait la littérature ! L’image de Maupassant en canotier surgit sous sa plume, à côté des évocations de Huysmans, d’Hennique et d’Alexis : « Je revois Maupassant parti de Sartrouville avec son canot, et débarquant à l’improviste, après de longues heures de nage, abordant dans le pré au bout du petit jardin où montait un jet d’eau, et reçu par des acclamations dans la cuisine où se préparait le déjeuner. Sur la grande allée d’arbres bordant la propriété et descendant à la rivière, ensemble, avec Huysmans, nous allions retrouver Hennique assis sur la berge, sous un saule, et trempant dans l’eau que les égouts n’avaient pas encore salie une ligne meurtrière aux goujons. On revient, on se met à table et ce sont des plaisanteries galamment acceptées par Paul Alexis... »

Lecture de Paul Alexis chez Zola

Le récit s’ouvre sur la figure sportive de Maupassant ; il se poursuit avec la présentation, plus intellectuelle, du trio que forment Huysmans, Hennique et Céard ; et il se conclut sur un registre comique, en livrant le portrait d’Alexis, le dilettante, dont la fonction est d’apporter au groupe la fantaisie qui lui est nécessaire. L’écriture du mythe trouve ici une expression quasiment parfaite. Les membres du groupe sont saisis à partir d’un trait singulier qui les différencie individuellement. L’harmonie règne ; chacun s’épanouit selon sa propre personnalité. Aucune loi autoritaire ne pèse sur la communauté des disciples. Comme les pensionnaires de l’abbaye de Thélème, décrits par Rabelais dans son Gargantua, ils n’obéissent qu’à un seul impératif moral : « Fais ce que voudras ».

Avec J.-K. Huysmans, Henry Céard, Guy de Maupassant, Léon Hennique et Émile Zola, Paul Alexis fait partie du « groupe des six » à l'origine des Soirées de Médan parues en 1880. Maupassant écrit : 

« Nous nous trouvions réunis, l'été, chez Zola, dans sa propriété de Médan. Pendant les longues digestions des longs repas (car nous sommes tous gourmands et gourmets, et Zola mange à lui seul comme trois romanciers ordinaires), nous causions. Il nous racontait ses futurs romans, ses idées littéraires, ses opinions sur toutes choses. Certains jours on pêchait à la ligne. Hennique alors se distinguait, au grand désespoir de Zola, qui n'attrapait que des savates. Moi, je restais étendu dans la barque la Nana, ou bien je me baignais pendant des heures, tandis que Paul Alexis rôdait avec des idées grivoises, que Huysmans fumait des cigarettes, et que Céard s'embêtait, trouvant stupide la campagne. »

 

Cézanne : Paul Alexis fait la lecture à Zola

Amateur d'art, Paul Alexis possédait une riche collection dont huit Cézanne avec une nature morte, des pommes, un exemplaire des joueurs de cartes, que le maître exécuta devant lui, un coin d'atelier ou nature morte au panier aujourd'hui au musée Orsay à Paris et un dessin de l'Estaque que le peintre lui donna sur le motif en 1870, plusieurs Manet dont il fit un vibrant hommage, grue sur Seine de Paul Signac. Il aida Van Gogh lors de son exposition à Montmartre avant son départ pour Arles. Il fréquenta le café Guerbois, le café des artistes avec Sisley, Seurat, Pissarro, Lautrec, le cercle littéraire de la comtesse de Noailles avec Duranty et le Théâtre-Libre d'André Antoine.

Tels sont donc ces lieux de la bataille naturaliste que nous pouvons retrouver encore, aujourd’hui, en nous promenant dans Paris ou en prenant le train à la gare Saint-Lazare, en direction de Villennes et de Médan. Ils nous rappellent le souvenir d’une époque que Léon Hennique pouvait évoquer avec nostalgie, en 1930, à l’occasion d’une réédition en librairie du recueil de nouvelles qui avait proclamé l’existence du groupe : « Temps simple ! Temps probe, affectueux ! Aucun de mes amis n’admirait que soi ; ils avaient des maîtres, les chérissaient, les respectaient : Flaubert, Edmond de Goncourt, Alphonse Daudet, Zola. Morts, tous morts, et nous également, presque tous... Que s’efforce durer une parcelle de notre vie antérieure, une parcelle mélancolique, avec cette récente édition des Soirées de Médan. »

bien sûr qu'il existait une Carte Postale Delcampe !


le buste de José de Chamoiy (1879-1914) est remis d'aplomb