Longtemps que je n'avais pas trouvé d'annonce immobilière tentante ! Je viens de repérer chez Patrice Besse un titre énigmatique, parlant d'ancien Hospice, pas loin d'ici : je cite :
on dirait Bonnefont, il ne s'agit pas d'une Abbaye, mais d'un Hôpital, le plan est identique |
"Dans les contreforts des
Pyrénées, en position dominante, un ancien hospice d'époque Louis XV (IMH) sur
dix hectares. Dans le sud de la Haute-Garonne, à une heure de l'Espagne et de
Toulouse (aéroport international et gare TGV).
Je poursuis le texte d'origine, vous allez voir qu'une fois de plus, la vérité va être bien plus surprenante encore que la description technique !
"A dix minutes d'un petit bourg
préservé où se trouvent écoles, collège, une variété de petits commerces,
restaurants, bibliothèque, et même un cinéma de qualité. À l'écart d'un petit village,
juché sur une colline lui faisant face, l'ancien hospice s'impose tant par ses
dimensions que par sa sobriété architecturale. Il surplombe dix hectares de
prairie généreusement arrosée par une source et un ruisseau. Son accès se fait
par un petit chemin carrossable et pentu formant une allée ombragée au travers
d'un sous-bois et qui débouche sur une esplanade située au nord, face au
village. À gauche, l'abside de ce qui fut une chapelle avec clocher-mur se
présente en saillie, encadrant cette face nord avec l'extrémité, elle aussi en
saillie, de la façade ouest. Harmonieux équilibre de symétrie. L'ensemble des
corps de bâtiment s'organise autour d'une cour carrée dont le centre est marqué
par un puits sous abri. Trois côtés (nord, est et ouest) sont aménagés à la
manière d'un cloître, le côté est étant occupé par les anciennes chapelle et
grande salle des malades, aujourd'hui vastes pièces de réception pour des
événements. Les deux autres côtés sont occupés par des logis servant de gîtes
et une cuisine professionnelle. Une porte aménagée dans le cloître, à l'angle
nord-ouest, ouvre sur un petit jardin en terrasse qui s'étire le long de la
façade ouest et d'où le regard porte sur le doux vallonnement des collines. Le
bâti est très sain et a été restauré dans les règles de l'art, conformément aux
exigences des Monuments Historiques : enduits à la chaux, tuiles canal etc.. (Le
corps de bâtiment formant le quatrième côté de la cour n'est pour l'heure pas à
vendre). Sous l'Ancien Régime, un astucieux système d'irrigation avait été
installé afin d'amener l'eau de la source vers un jardin de plantes médicinales
et l'idée de restaurer aujourd'hui ce rare ouvrage d'hydraulique mériterait
d'être considérée. Comme les prairies sont verdoyantes même durant la saison
chaude, elles conviendraient fort bien à des chevaux, l'esplanade pouvant
éventuellement être utilisée comme carrière de dressage."
Je biche, l'histoire du canal abandonné me fait rêver, tout cela me parle, me parle tellement ... que la mémoire me revient : j'ai visité cette bâtisse autrefois ! !
quand j'en ai parlé à Philippe F., il avait le même souvenir de la bastide de Masseube : https://babone5go2.blogspot.com/2014/10/bastide-de-nuit.html |
Et, appuyant fortement (de l'index) sur mon disque dur-cervical-droit, ma mémoire se réveille !
Une légende rapporte qu'au
Moyen-âge, un paysan labourait son champ à Alan lorsqu'il vit tout à coup ses
boeufs s'agenouiller et refuser d'avancer. Saisi d'étonnement, il aperçut au
fond du sillon une statue de la vierge. Les voisins prévinrent aussitôt
le clergé et les habitants des environs qui accoururent sur les lieux, et recueillirent
la statue que l'on baptisa du nom de "Vierge Noire". La communauté
d'Alan acheta bientôt le terrain pour y édifier une Montjoie, petite
construction destinée à exposer la vierge noire et recueillir des offrandes.
Elle devint vite l'objet de dévotions et de pèlerinages. Les nombreuses
offrandes qui permirent vers 1140 d'édifier une chapelle. Deux siècles plus
tard on la nomma « Notre-Dame de Lorette ».
ici aussi les chapelles romanes foisonnent |
Nous voici en Italie dans le
village de Loreto. La légende raconte que pour protéger la maison de la vierge
Marie des envahisseurs, les anges l'avaient transportée dans les airs et
déposée près d'Ancône dans un bois de lauriers. D'où le nom de Lorette :
laurier. C'est en référence à ce transport par les airs que Notre-Dame de
Lorette est devenue la patronne des aviateurs .
Au XIIIè siècle, une riche
famille italienne nommée Angelis possédait d'importants domaines en Palestine
dont la Santa Casa, maison de la vierge Marie. Pour la protéger de l'invasion
des Turcs, ils la firent démonter à Nazareth pierre par pierre, puis remonter dans leur terre d'Ancône à
Loreto. La Santa Casa fait l'objet de nombreux pèlerinages aujourd'hui dans le
village de Loreto.
A Alan, célèbre pour son palais de l'Evêque, et la vache qui en est l'effigie, (1) subsiste le souvenir d'Olivier de Lubières, évêque de Saint Bertrand de Comminges : il fonde en 1734 un hôpital de campagne, spécifiant que doivent y être soignés et secourus
les malades pauvres des localités avoisinantes, les mendiants, les vagabonds,
exempts de maladies contagieuses. A l'époque plus de de huit français sur dix
habitent la campagne, sans moyens de transports, les plateaux techniques de la
médecine et de la chirurgie sont inexistants. C'est dans ce contexte qu'une
ordonnance royale du 12 septembre 1724 avait prescrit la création de petits
hôpitaux en milieu rural pour soigner les populations au plus près de leur
lieu d'habitation. L'hôpital Notre-Dame de Lorette peut être considéré comme
l'un des vétérans de la première politique hospitalière française.
Originaire de Grenade en Espagne,
Jean de Dieu (1495-1550) consacre sa vie à l'accueil et au soin des malades,
après avoir été lui-même interné et malmené en hôpital psychiatrique. En créant
pour la première fois dans l'histoire de la médecine des unités hospitalières
en fonction des pathologies, il est l'initiateur de l'hôpital moderne. Mais
c'est aussi la dimension sociale de l'hospitalité qui caractérise son
engagement, puis inspire l'ordre religieux des frères hospitaliers de Saint
Jean de Dieu. Il va lui-même chercher dans les rues de Grenade les sans logis
trop misérables pour être accueillis dans les autres hôpitaux. On l'appelle
"le pauvre des pauvres".
L'ordre de Saint Jean de Dieu se
développe d'abord en Espagne et en Italie où il compte 236 hôpitaux en 1650,
puis essaime un peu partout dans le monde. En France à la veille de la
révolution, il compte 27 asiles et hôpitaux dont Notre-Dame de Lorette à Alan,
et 40 établissements de soins. Souvent chirurgiens, accordant une large place
aux soins par les plantes et aux bienfaits de la musique dans le processus de
guérison, leur qualification plutôt exceptionnelle au XVIIIè siècle, est
reconnue et respectée au-delà du cercle médical. Voltaire leur a même épargné
ses sarcasmes moqueurs en les qualifiant de « seuls moines utiles ».
C'est tout naturellement aux
frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu de la Charité que l'évêque fondateur
confie la responsabilité de l'hôpital Notre-Dame de Lorette. Ils sont au nombre
de cinq, dont un prieur, un infirmier, un apothicaire, un dépensier,
chirurgiens de formation assistés de cinq domestiques.
Seuls les malades hommes sont
admis dans l'hôpital, les femmes n'y seront acceptées qu'après la révolution
lorsque la commune d'Alan en devient propriétaire. Combien de malades ?
Probablement autour d'une trentaine, mais ce chiffre incertain masque une grande
part de la réalité. Les médecins de Lorette se déplacent quatre lieues à la
ronde pour soigner à domicile. Les mendiants
vagabonds viennent y chercher des repas qui leur sont distribués au travers
d'une trappe du portail d'entrée. Enfin les convalescents sont embauchés aux
travaux de la ferme pour payer leur séjour de soins en même temps que pour
parfaire leur guérison. Cela fait au total beaucoup de monde pour un hôpital
dont le secteur s'étend sur 40 communes.
Comme la plupart des petits
hôpitaux ruraux, Notre-Dame de Lorette devient progressivement un hospice
pour vieillards au cours du XIXè siècle. Il reçoit cependant des blessés de la
guerre de 14-18 qui sont les derniers malades soignés avant la fermeture de
l'hôpital en 1925. Une villageoise d'Alan se souvient que l'instituteur avait
emmené toute sa classe « voir des noirs » en convalescence à l'hôpital.
Pendant la guerre de 39-45 il
honore sa tradition d'hospitalité en hébergeant des réfugiés alsaciens ainsi
que quelques enfants de familles juives toulousaines et de résistants recherchés
par la police allemande. Les bâtiments manquaient d'entretien depuis le début du
siècle. Au sortir de la guerre en 1945, ils se trouvent déjà très détériorés,
du fait notamment de toitures en bien mauvais état. Le bâtiment ouvert à tous
vents, envahi par la végétation, est alors livré à l'abandon et au pillage.
Lorsque Christophe Ferry, artisan
ébéniste, acquiert les bâtiments en 1985, certaines parties sont déjà
écroulées. Il faut d'urgence entreprendre d'importants travaux pour stopper
l'évolution des dégâts. Les murs fragilisés sont réparés, les charpentes
menaçant de s'écrouler sont démontées.
Vient ensuite le chantier au long
cours qui se déroule sur 20 ans : changement d'une grande partie des charpentes
dont 20 poutres de 9 mètres de portée, réfection à neuf des 2000 m² de
toitures,réparation de la voûte de la chapelle remplacement des plafonds à la Française,
des parquets, des menuiseries extérieures.
L'atelier d'ébénisterie est
installé dans les anciennes écuries, deux gîtes sont aménagés dans l'ancien
corps de ferme, la salle des malades et la chapelle sont restaurées pour
recevoir fêtes et manifestations culturelles. Peu à peu Notre-Dame de Lorette
reprend vie, non sans une certaine continuité avec sa vocation initiale
d'hospitalité et d'ouverture sur le monde extérieur.
Et si notre Communauté de Communes
se portait acquéreur ?
(795.000€, subventionnables à 60%,
reste à financer 320.000€, répartis sur 40 communes...?)
se portait acquéreur ?
(795.000€, subventionnables à 60%,
reste à financer 320.000€, répartis sur 40 communes...?)
quel lieu central pour relancer le Tourisme des contreforts des Pyrénées ! |