Je cherchais une idée pour la
bonne année, pour vous souhaiter pace e
salute, le bien précieux qu’est la santé, et une belle prospérité, car si l’argent
ne fait pas le bonheur, il assure cependant l’ordinaire. Et l’idée de Jupiter
fécondant Danaé en se transformant en pluie d’or reste quand-même
fondamentalement géniale : quelle meuf résisterait ?
si je souhaite à ces dames d'être (un peu) Danaé
je souhaite à ces messieurs de jouer à Jupiter
avec tact et doigté
avec tact et doigté
Alors j’ai creusé, et si le mythe
est riche, ce qui est le cas de le dire, les peintres de tout temps se sont
précipités pour l’illustrer, de manière parfois très imagée. Danaé pour la bonne année : Je ne vous ai pas tout montré dans : http://babone5go2.blogspot.com/2018/12/jupiter-arrose-danae.html
Je vous rappelle le film : Danaé
est fille du roi d’Argos, Acrisios, et d’Eurydicé. Son père ayant été averti
par un oracle qu’il serait un jour tué par l’enfant de sa fille, il enferme
Danaé dans une tour d’airain, afin que nul ne
puisse l’approcher. Mais Zeus, épris de la jeune femme, se change en pluie d’or
et traverse sous cette forme le toit de sa prison pour s’unir à elle. Il faut
dire que bien doté d’imagination, le côté strictement physique de cette union m’échappe
un peu ! De cette rencontre divine, Danaé met au monde Persée. Lorsque
Acrisios apprend cette naissance, il enferme Danaé et l’enfant dans un coffre
qu’il abandonne au hasard des flots.
Le coffre est sorti des flots sur
l’île de Sériphos par un pêcheur, Dictys. Mais Danaé subit la convoitise du
frère de ce dernier, le tyran Polydectès. Persée parti combattre Méduse,
Polydectès tente en effet d’abuser de la jeune femme. Là je suis, on est dans
le monde classique du harcèlement sexuel, pareil dans l’antiquité que de nos
jours. Bref ! Mais Persée, de retour de sa victorieuse expédition au cours
de laquelle il a décapité la Gorgone, sauve Danaé en changeant le tyran en
statue de pierre grâce à la tête de Méduse (dont les yeux ont le pouvoir de
figer à jamais quiconque les regarde). Danaé rentre alors en compagnie de son
fils à Argos, où elle s’installe auprès de sa mère. Son père Acrisios meurt
accidentellement lors des jeux de Larissa par un disque ... lancé par Persée. La
prédiction est bien réalisée !
Dans l’Antiquité, ce thème est
traité dans la céramique attique, où Danaé figure assise ou allongée, vêtue et
recevant la pluie d’or, ouvrant parfois son vêtement pour mieux la recueillir. Je
vous ai déjà montré le vase ad hoc, mais pas la fresque de Pompéi que voici :
Le thème de Danaé sera ensuite largement utilisé et repris
dans la peinture d'histoire. Les premières représentations dépeignent Danaé à
la manière d'une annonciation, comme si c’était la Vierge (on en est pourtant
loin) : robe bleue, pluie d'or à l'image des rayons de l'esprit saint (on en
est pourtant loin).
Dans une rotonde formée par des colonnes de marbre, qui
donne sur une ville idéale où se mêlent des édifices gothiques et Renaissance,
Danaé assise, à demi dévêtue, reçoit la pluie d’or symbolisant Jupiter. Ombre
et lumière, volumes et nuances sont rendus de façon à la fois minutieuse et
élégante dans ce qui est évidemment un équivalent païen de l’Annonciation.
Peintre, dessinateur, graveur,
Jan Gossart, ou Gossaert, dit Mabuse (Maubeuge vers 1478 - Anvers 1er octobre
1532) est un artiste flamand romaniste de style maniériste de l'École d'Anvers.
Il est un précurseur de ce "style italianisant d'Anvers", qui relie
la tradition flamande du XVème siècle, attentive à la recherche minutieuse du
monde réel, à la "manière moderne" italienne dans le rendu de la
perspective et la relation entre personnages et environnement.
Par la suite, les peintres
remplacent la pluie d'or par des pièces, figurant Danaé en tant qu'archétype de
la femme vénale.
Le mythe de Danaé a été un grand
sujet d’inspiration pour les peintres, qui y voyaient une occasion de réaliser
un nu féminin, en y ajoutant une servante ou un Cupidon qui recueillait les
pièces d'or.
La peinture de Corrège s'inspire
dans un premier temps du style de Mantegna, puis, après le voyage à Rome du
peintre (1517-1518), l'influence des grandes figures de la Haute Renaissance se
fait sentir (Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange). Mais en une quinzaine
d'années seulement, ce peintre atypique ira plus loin que ses inspirateurs. En
quoi consiste cette inflexion ? Elle comporte deux aspects. D'une part, Corrège
emprunte à Vinci l'art du sfumato et du chiaroscuro pour produire une peinture
tonale ne comportant pas de délimitation nette des différentes couleurs, mais
des transitions subtiles et une lumière atténuée qui annonce le clair-obscur du
baroque.
Tiziano Vecellio, plus
communément appelé Titien ou le Titien en français, né vers 1488 à Pieve di
Cadore (province de Belluno, Vénétie), mort le 27 août 1576 à Venise, est un
peintre et graveur italien de l'école vénitienne, auteur d'une importante œuvre
picturale. Il est considéré comme un des plus grands portraitistes de cette
époque, notamment grâce à son habileté à faire ressortir les traits de
caractère des personnages. « Il libère aussi la peinture des contraintes de la
ligne et de la forme où elle était emprisonnée depuis le Moyen Âge finissant,
et cela pour donner tout pouvoir à la couleur.
Titien a réalisé pas moins de quatre versions de Danaé.
musée de l'Ermitage |
Prado |
Capodimonte Naples |
musée de Vienne |
Artemisia Lomi Gentileschi, née
le 8 juillet 1593 à Rome et morte à Naples vers 1652, est une artiste-peintre
italienne de l'école caravagesque. Vivant dans la première moitié du XVIIè siècle, elle reprend de son père Orazio la limpide rigueur du dessin en
lui ajoutant une forte accentuation dramatique héritée de l'œuvre du Caravage
et chargée d'effets théâtraux, ce qui contribua à la diffusion du caravagisme à
Naples, ville dans laquelle elle s'installe en 1630. Elle devient une peintre de cour
à succès, sous le patronage des Médicis et de Charles Ier d'Angleterre.
Remarquablement douée et
aujourd'hui considérée comme l'un des premiers peintres baroques, l'un des plus
accomplis de sa génération, elle s'impose par son art à une époque où les
femmes peintres ne sont pas facilement acceptées. Elle est également l'une des
premières femmes à peindre des sujets historiques et religieux
musée de Saint-Louis |
Tintoret représente la fille
d'Acrisios telle une prostituée avide, qui fait ramasser à sa servante toutes
les pièces d'or tombées du ciel. Le personnage de la servante récoltant les
pièces, même s'il s'est vraisemblablement inspiré de Titien (qui le représente
dans trois de ses Danaé), occupe une place plus importante dans la composition
du Tintoret : la servante se retrouve au premier plan et, contrairement aux
tableaux de Titien où elle est représentée sous les traits d'une vieille femme
laide, c'est ici une jeune suivante ravissante. Cette lecture de l'œuvre va
dans le sens de l'hypothèse avancée par certains critiques, qui voient dans
cette peinture une célébration de la rencontre, en 1574, du roi de France Henri
III avec une célèbre courtisane vénitienne de l'époque, Veronica Franco. Le
peintre aurait donc représenté la mère de Persée sous les traits de la belle
vénitienne. Néanmoins, les pièces disposées autour du sexe de la jeune femme signifient
bien qu'elle vient d'être fécondée par le roi de l'Olympe et qu'il s'agit donc
avant tout de l'épisode décrit par Ovide dans ses Métamorphoses.
La composition de l'œuvre,
dominée par les lignes diagonales que forment les corps des deux femmes et les
plis des tentures, est, quant à elle, caractéristique de l'art du Tintoret,
tout comme le chatoiement des couleurs, la touche rapide et le plasticisme des
personnages, à la forme allongée.
en effet, les pièces (restées dehors) sont bien placées ! musée de Lyon |
Danaé est un tableau de Rembrandt
conservé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Composé entre 1636 et
1643, il est entré avec la majeure partie de la collection Crozat en 1772 à
l'Ermitage. C'est l'une des toiles les plus grandes de l'auteur, puisqu'elle
dépeint deux personnages en grandeur nature. Rembrandt a commencé ce tableau en
1636 deux ans après son mariage.
musée de l'Ermitage |
Cette scène représente Danaé nue
alanguie sur son lit. Sans doute s'apprête-t-elle à recevoir Zeus ? Rembrandt prend sa femme Saskia comme modèle. Celle-ci meurt en
1642. Il change ensuite le visage de Danaé avec celui de sa maîtresse Geertje
Dircx, comme le révèle une étude aux rayons X. Celle-ci révèle également que
l'artiste avait auparavant peint une pluie de pièces d'or (forme qu'avait prise
Zeus pour visiter Danaé) qu'il supprime à cette époque ; Danaé avait le regard
tourné vers le haut et non de côté, et l'ange sculpté riait. Ces changements
donnent donc plus de mystère et de profondeur au sujet.
Le tableau a été vandalisé au couteau et à l'acide
sulfurique par un dément lituanien, le 15 juin 1985. la restauration du tableau
a duré douze ans, jusqu'en 1997.
Giovanni Battista Tiepolo ou
Giambattista Tiepolo (francisé Jean-Baptiste Tiépolo), né à Venise le 5 mars
1696 et mort à Madrid le 27 mars 1770, est un peintre rococo et un graveur
italien ayant travaillé dans plusieurs cours européennes, fait caractéristique
de la circulation des artistes dans l'Europe des Lumières.
Les œuvres qui ont fait sa
réputation sont les grands cycles de fresques qu'il a peints à Venise et dans
sa région mais aussi à Bergame et, hors d'Italie, à Madrid et à Wurtzbourg pour
décorer palais et églises, mais il a également laissé de nombreux tableaux et
esquisses peintes.
musée de Stockholm |
Wertmüller a été actif surtout en
Italie, en France, en Espagne et aux États-Unis. Il a peint des motifs mythologiques
dans un style néoclassique. En 1787, il réalise son
chef-d’œuvre, Danaé et la pluie d’or, œuvre qui s’avérera controversée comme
l’un des premiers nus féminins exposés aux États-Unis. L’année suivante, il
part s’installer à Bordeaux puis, après le déclenchement de la Révolution, à
Madrid en 1790, à Cadix en 1791, avant de rejoindre, à bord d’un brick suédois,
en 1794, l’Amérique.
Cette version de Wertmüller fut le premier nu exposé aux
Etats-Unis
Deux versions de Danaé seront
également réalisées par Girodet. L'œuvre de Girodet se situe à la charnière des
deux grands courants artistiques du début du XIXè siècle : la peinture
néoclassique et la peinture romantique. La recherche de la beauté idéale selon
les canons classiques l'inscrit dans la lignée des peintres néoclassiques
davidiens dont il est avec Antoine-Jean Gros, François Gérard, et Jean-Auguste-Dominique
Ingres l'un des principaux représentants, alors même que, par une forte volonté
d'innovation, il imprègne ses peintures d'une grâce et d'une poésie singulière
qui préfigure le romantisme.
Contemporain de Chateaubriand,
Anne-Louis Girodet était une figure marquante à son époque, mais presque
oubliée de nos jours. Comme l'Histoire est avide de nouveauté. Girodet,
brillant élève de David gagne le Prix de Rome.
musée Minneapolis |
Cette Mademoiselle Lange en Danaé n’a rien d’extraordinaire
sur le plan artistique, sinon l’énorme scandale qui l'entoure.
En 1799, tout Paris en parle.
L’oeuvre suscite une vive réaction qui se transporte jusqu'aux hautes sphères
du pouvoir révolutionnaire, le Directoire. Il s'agit d'un acte de vengeance et
d'une oeuvre de satire de Girodet, un affront à cette actrice à la beauté
exceptionnelle, nouvellement mariée, Mademoiselle Lange.
Un portrait a été commandé par
son mari Michel-Jean Simons, mais l'oeuvre de Girodet ne plaît pas à
l’intéressée, qui fait livrer ce mot à l'artiste : -« Veuillez, Monsieur, me rendre le service de retirer de l’exposition
le portrait qui, dit-on, ne peut rien pour votre gloire et qui compromettrait
ma réputation de beauté. Mon mari et moi vous supplions de vouloir bien faire
en sorte qu’il ne demeure pas vingt-quatre heures de plus. »
Le tableau est aussi tôt retiré
et découpé en lanières par l’artiste, le tout retourné à la jolie dame
mécontente. Trois jours plus tard, un nouveau tableau est livré pour la fin du
Salon du 1799. On peut y reconnaître Mademoiselle Lange en Danaé. Un dindon
représente son mari Simons, spéculateur, riche banquier et vendeur d’armes.
Dans le coin droit, un dénommé Beauregard, l'amant de la dame, est représenté
en masque cupide avec une pièce d’or dans l’œil. La petite fille sous les
traits d'un ange est Anne-Élisabeth Palmyre, fille de l’actrice, née d’une
précédente liaison avec un banquier d'Hambourg; elle aide sa mère à tenir le
morceau d'étoffe bleue pour accueillir les pièces d'or tombant du ciel.
la petite fille aux ailes de papillon |
Je kiffe de voir un banquier
figurer dans le tableau, banquier qui forcément ne peut que jouer sur terre le
pâle rôle de Jupiter dans les airs !
Je ne vous remontre pas le tableau d'Alexandre Jacques Chantron (1842
– 1918) né à Nantes. Ses premières oeuvres étaient principalement
des portraits et des natures mortes. Ensuite il développa des études de nu à la
manière de Bouguereau, un thème qu'il continua à développer tout en menant des
expérimentations avec la technologie chancelant de l'époque la photographie.
Quant à Gustav Klimt, il a abordé le thème de manière érotique, la pluie d'or se glissant
entre les cuisses fléchies de la jeune femme dénudée, son visage suggérant l'extase
amoureuse. Le positionnement de l'héroïne dans une forme blanche ovoïde
symbolise la fécondité.
Il fallait bien une sculpture !
Gustav Seitz, né le 11 septembre 1906 à Mannheim et mort le
26 octobre 1969 à Hambourg, l'a réalisée : il montre Danae comme une femme provocante dans
une pose érotique, s'offrant à l'amour de Zeus, et il l'appelle : "Große Danae, Bronzeguß", ce qui ne signifie pas du tout "grosse Danaé", mais "grande Danaé" !
Je cherche partout les pièces d'or...
mais apparemment, quelqu'un les a déjà ramassées !
château Oldenburg |
Jupiter est décidément bien sympathique |
PS : merci pour ses commentaires et interprétations à :
http://www.une-vie-de-setter.com/2016/01/danae-ou-la-pluie-d-or-une-peinture-d-histoire.html
http://www.une-vie-de-setter.com/2016/01/danae-ou-la-pluie-d-or-une-peinture-d-histoire.html