C’est drôle, j’ai un admirateur :
un monsieur nommé Georges F. qui habite la Rochelle. Il connait les papillons
par cœur, et a commandé mon bouquin. Il réussit à trouver mon 06, je le prends au
téléphone, et il m’explique longuement comment il observait les Grands Mars
autrefois, et que nous étions rares aujourd’hui à avoir entendu le bruissement
des ailes si caractéristique quand le beau papillon aux reflets changeants prend
son envol, en quittant une crotte bien odorante déposée là par un cheval, promenant sur un chemin forestier (1).
Il me demande si j’ai lu « La vie des papillons » de Frédéric
Schnack. Tu parles, il s’agit d’un bouquin broché sorti en 1930, j’ai perdu tout
souvenir, et je lui dis (bêtement) … que non ! Il a la gentillesse de me l’envoyer, je me
jette dessus, et me souviens que non seulement je l’ai lu, mais qu’il m’a
fasciné par la précision et la poésie de l’auteur, lui-même ébloui comme les vrais
amateurs le sont encore par la magie des métamorphoses, et l’allusion de leurs
dessins à un Grand Créateur de l’Univers.
Profitant de l’été qui pousse à
se cacher du soleil, je lis et je relis (à l’ombre), appréciant les
connaissances de Schnack : c’est manifestement un Allemand, puisque le
livre a été traduit en Français par Georges (encore un) Lacheteau. Je trouve l’original
sous le titre Das Leben der
Schmetterlinge chez ZVAB.com, et comme je m’en doutais, certains
exemplaires princeps sont décorés d’aquarelles de Claus Caspari et Karl
Grossmann : Schnack en parle tout le temps, de ces illustrations,
mentionnant les mérites de copains passant leur temps à dessiner et peindre les
papillons. Page 173, il cite « le peintre de papillons de Nuremberg Roesel
von Rosenhof, qui précéda dans son art le vitrier de Würzburg, lui-même peintre
forcément, en rédigeant les « Divertissements entomologiques ». Cette
fois, on est bien plus tôt dans la diffusion des connaissances, en 1746, date
de sortie du bouquin Insecten Belustigung.
Image étonnante : au centre, l'Artémis d'Ephèse : ce ne sont pas des seins, mais des oeufs, comme les pondent les femelles papillons à gauche, Diane figure la Connaissance des êtres des forêts, et s'emploie à décrire un Univers dominé par le Soleil ; à droite Pline l'Ancien mesure tout, avec le niveau et l'équerre dessous, les putti inventorient la Nature, et ont réuni quelques papillons dans la première collection du monde j'ai retrouvé cette Artémis se trouve à Naples : http://babone5go2.blogspot.com/2018/08/gabinetto-segreto-5.html |
Je vous montre les premières
pages : Il y a près de 2000 ans, Pline l'Ancien (vers 23 après J.-C.) a
déclaré: « Rerum natura nusquam magis quam in minimis tota est » traduit
vaguement par «La nature est nulle part aussi grande que dans sa plus forme la
plus petite». N'ayant aucun moyen de grossissement, il n'aurait pas pu voir la
structure complexe et la beauté des guêpes ou d'autres organismes minuscules. Un
cheveu mesure (en épaisseur) 100 microns. On a découvert au Costa Rica une
guêpe mesurant 250 microns !
La citation complète de Pline
serait plutôt : « sed
turrigeros elephantiorum miramur umeros taurorumque colla et trues en iactus
sublime, rapinas tigrium, iubas leonum, cum rerum naturus nusquam magis quam en
minimis tota sit. ... cum dans contemplatione naturae nihil possit videri
supervacuum ».
"Nous admirons les épaules des
éléphants portant des tourelles, et les taureaux qui jettent de côté tout ce
qui leur barre le cou, le ravage provoqué par les tigres, la crinière des
lions, mais la Nature n'est nulle part plus grande que dans ses plus petites créations" ...dans le monde naturel, rien n'est superflu.
"Si quelque chose est physiquement
possible dans les êtres vivants, certains individus d'au moins une espèce,
éteinte ou existante, l'auront vraisemblablement atteinte, de sorte que la
limite de taille inférieure, quelle que soit la taille choisie, a presque
certainement déjà évolué - quelque part Si nous ne les avons pas encore
trouvées, nous devons sûrement être près de découvrir les plus petits insectes
et autres arthropodes »
Voici comme je l’ai fait
précédemment avec d’autres livres anciens sur les papillons, quelques
illustrations : grossies, elles sont d’un détail extraordinaire, mieux
encore que les photos numériques :
Encore une citation latine,
encore un témoignage d'admiration :
Admiranda tibi levium spectacula rerum
contemple avec émerveillement la plus petite créature (Virgile)
il est beaucoup plus facile qu'on le croit d'acheter de vieux bouquins !
promenez-vous sur internet !
... des ailes d'Apatura iris prenant son vol ... :
... et rejoignant sa meuf :
(1) pour vous souvenir du bruissement spécial ...
... des ailes d'Apatura iris prenant son vol ... :
un vrai Viking amateur de Grand mars ! |
que cette selle sent bon le cuir ! |
... et rejoignant sa meuf :
ces photos sublimes viennent de : http://www.danske-natur.dk/iris.htm photographe Pav Johnsson |