jeudi 7 mars 2024

Christie's vend Magritte à Londres


René Magritte, né le 21 novembre 1898 à Lessines (Belgique) et mort le 15 août 1967 à Schaerbeek, est un peintre surréaliste, ça tout le monde le sait. Il est belge, avec  ce décalage dans la manière de voir les choses que l’on apprécie toujours chez nos voisins : Philippe Deluck ; Benoit Poelvoorde ; Cécile de France ; Jean-Claude Van Damme ; Jean Van Eyck ; Pierre Alechinsky…. et tant d’autres !

Magritte met en évidence notre difficulté à faire coïncider la réalité du monde avec nos images mentales. Il a développé un véritable alphabet pictural en usant de motifs récurrents : la pomme, l’oiseau, l’homme au chapeau melon, les corps morcelés… Ses images sont souvent cachées derrière ou dans d’autres images, alliant deux niveaux de lecture possibles, le visible et l'invisible.

J’ai viré quelques Euros à Wikipedia pour rétribuer le droit à citer ses excellents commentaires, et voici ce qui caractérise les peintures de René Magritte :



« Ses peintures jouent fréquemment sur le décalage entre un objet et sa représentation. Par exemple, un de ses tableaux les plus célèbres est une image de pipe sous laquelle figure le texte : « Ceci n’est pas une pipe » (série La Trahison des images, 1928-1929). Il s’agit en fait de considérer l’objet comme une réalité concrète et non pas en fonction d’un terme à la fois abstrait et arbitraire. Pour expliquer ce qu’il a voulu représenter à travers cette œuvre, Magritte a déclaré : « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « Ceci est une pipe », j’aurais menti ! »

désolé je n'ai pu m'empêcher de vous montrer cette choquante pratique

ceci n'est pas une pipe, mais une Reverso Jaeger-Lecoutre

Je poursuis

« La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le mystère : « Je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées », déclara-t-il. Son mode de représentation, qui apparaît volontairement neutre, académique, voire scolaire, met en évidence un puissant travail de déconstruction des rapports que les choses entretiennent dans la réalité. 

la Voix des airs

« Parmi les objets qui contribuent à faire de ses toiles d'impénétrables énigmes, un objet apparaît de façon particulièrement récurrente : une sphère noire, lustrée, fendue en son milieu, qui apparaît dans de nombreuses œuvres, dans des dispositions et des tailles extrêmement différentes. Souvent qualifié de « grelot », dont il n'a pourtant pas la forme, il a été successivement interprété comme un œil noir, la représentation d'un sexe féminin, ou une simple forme géométrique. L'artiste, avec un humour dont ses toiles portent souvent la trace, laisse intact le mystère sur un objet qui concentre l'attention tout en résistant à l'interprétation ». 

ceci n'est pas une pomme, mais une sphère, peut-être notre Planète, ou la préfiguration... d'Apple ?

« Magritte excelle dans la représentation des images mentales. Pour Magritte, la réalité visible doit être approchée de façon objectale. Il possède un talent décoratif qui se manifeste dans l’agencement géométrique de la représentation. L’élément essentiel chez Magritte, c’est son dégoût inné de la peinture plastique, lyrique, picturale. Magritte souhaitait liquider tout ce qui était conventionnel. « L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » déclara-t-il. Pour lui, la réalité ne doit certainement pas être approchée sous l’angle du symbole. Parmi les tableaux les plus représentatifs de cette idée, La Clairvoyance (1936), nous montre un peintre dont le modèle est un œuf posé sur une table. Sur la toile, le peintre dessine un oiseau aux ailes déployées. Pour moi, c'est la colombe issue de l'oeuf qui représente la Paix (je pense à Gaza ?) 


Un autre tableau, La Reproduction interdite (1937), montre un homme de dos regardant un miroir, qui ne reflète pas le visage de l’homme, mais son dos. De la même manière, la peinture n’est pas un miroir de la réalité. 


Peintre de la métaphysique et du surréel, Magritte a traité les évidences avec un humour corrosif, façon de saper le fondement des choses et l’esprit de sérieux. Il s’est glissé entre les choses et leur représentation, les images et les mots. Au lieu d’inventer des techniques, il a préféré aller au fond des choses, user de la peinture qui devient l’instrument d’une connaissance inséparable du mystère. « Magritte est un grand peintre, Magritte n'est pas un peintre », écrivait dès 1947 Scutenaire.

Où veux-je en venir, pensez-vous en me lisant ?

Les médias ne cessent de répéter qu’un petit nombre d’entre nous possède la majorité du patrimoine qui couvre la planète. Le pouvoir d’achat de ces fortunés leur permet d’accéder à des produits financièrement avantageux comme les œuvres d’art, rares et uniques, elles sont chères et constituent un placement financier utile, en cas de chaos. Christie’s nous propose à Londres, le 7 mars quelques œuvres dont une sculpture. Il y a d'ailleurs un avion tout trouvé pour s'y rendre :

Les voici :


Vous savez maintenant que ce ne sont pas des pommes, précisément des Granny smith, mais des objets volants non identifiés ! Titre ? Le principe d'Archimède : il y a des pommes dont le poids les range dans la coupe, sous l'effet de la gravité (découverte par Isaac Newton) ; et celles qui sous la poussée d'Archimède et grâce à leurs deux feuilles comme des ailes, volent comme des étoiles. C'est une gouache sur papier, dimensions 15,1 x 17,8 cm : c'est tout petit ! Estimation : 450/650000 £ : c'est très cher !

plus classique est le lot 101


Là nous sommes dans le classique Français-moyen avec son melon de l'époque, baguette de pain, verre de gros rouge vidé, vu de dos. En pratique, il s'agit de l'ami intime, peint en 1958. Sa taille est "normale" de 72,6 x 64,9 cm, ce qui n'est pas bien grand pour l'estimation de 30 à 50 £ millions ! Nous n'en sommes pas à 20 millions près ! 

Avec un zéro de moins, il y a le lot 109, le paysage de Baucis

s'agit-il du mari de Philemon, qui a inspiré une Fable à La Fontaine, avec la morale :

"la fortune importe peu à ceux qui s'aiment" ?

Encore une gouache format A4, peinte en 1966, estiomation 2,4 à 3 millions (nous sommes en GPB)

Il y a la magie noire, pas noire du tout, lot 112, une huile 73 x 54cm

estimation 3 à 5 millions. On aurait pu penser à Dali, dont une toile est à vendre : naissance des angoisses liquides, mais sans dame ni nue ni noire

... et puis, les adorables genoux de la même dame à la plage


 le titre est l'évidence éternelle : genoux

20 x 20 cm, plus petit qu'un A4 pour 4 à 700.000 GPB


Je termine par un titre qui pourrait provoquer, 

mais qui passera sans doute puisqu'il s'agit de "la race blanche"

c'est un bronze de 1967, 53 cm de haut


un oeil, une oreille, des lèvres, posés sur deux nez

en fait ce n'est pas la race blanche, mais l'allusion aux cinq sens ?

petit prix : 3 à 500.000 £

j'ai retrouvé le géant de Lessines


mais il n'est pas à vendre !

pas davantage que "la lumière des coïncidences"

au MoMa à Manhattan, où l'on peut voir également

"le faux miroir"


je vous laisse avec ces amants,
le Mec étant réduit à sa tête : vaut mieux pour la contraception ?