lundi 2 novembre 2020

Face à Gaïa par Bruno Latour

Notre pays a l’immense privilège de disposer de brillants cerveaux et ce en grand nombre, et la période actuelle du confinement et de la morosité des Etats et des esprits les conduit à publier plus que jamais des livres, et du coup à fréquenter les plateaux de télévision, tentant d’élever le débat sur les questions de société.

Je vous ai déjà parlé de l’image de Thomas Pesquet regardant la Terre depuis la Station internationale, et y voyant les signes graves qui la frappent : la fonte de l’Arctique ; la croissance des déserts, et la forêt Amazonienne en feu. J’avais percuté sur une image parlante, pour Thomas : -" notre Terre est un vaisseau spatial" dont nous ne prenons pas soin des constantes : continuer à disposer de ressources durables ; d’une teneur en oxygène respirable, de terres émergées suffisantes ; d’eau douce elle aussi capable de faire boire l’humanité et d'irriguer les cultures… etc…

Bruno Latour s'est confronté à la théorie de la croissance qui suivrait la disparition du covid, et rembourserait les immenses dettes (immenses et légitimes) permettant à la France, (la première du monde), de faire face à la crise. Il observe tout simplement (et nous sommes habitués à ce discours) que nos amis Américains consomment 5 terres par an, 5 fois les ressources annuelles que peut fournir la Planète, le Vaisseau spatial en question. La France, bonne mère, trois seulement. Cette contrainte basique reste basique, et devrait contraindre les discours de tous les Gouvernants de la Planète : comment conduire le progrès (et non la croissance) en ramenant la consommation interne du vaisseau spatial Terre dans ses propres contraintes ?


Et il précise qu’en pratique, la vision que l’on nous donne de cette énorme Planète est fausse : nous considérons l'ensemble de la sphère-Terre, alors que nous ne vivons que sur une minuscule pellicule de terre arable recouvrant la surface. Et l'atmosphère que nous respirons n’est qu’une autre micro-couche elle aussi, comparée au volume total. Et ces deux « peaux » toutes petites c’est Gaïa, la Terre nourricière, dont nous ne sommes qu'une partie vivante, qui par des mécanismes interactifs constitue la Vie.

Gaïa, la planète-Terre, la Vie

d'où la question :

comment atterrir ?


 ou comment conduire la notion de progrès-contraint ?

Alors dire que la voie du Progrès consiste à poursuivre nos errements actuels mérite au moins réflexion, puisque à la fois il nous faudra par la croissance rattraper nos dettes, tout en même temps réduisant notre empreinte environnementale sur une Terre qui se révèle bien trop fragile pour supporter le poids de l'humanité !

Je suis impressionné, tout se trouve sur le blog de Bruno Latour, où on lit par exemple son discours à Nicolas Hulot lui remettant la croix d’Officier du Mérite National.

http://www.bruno-latour.fr/fr.html

Un détail, mais heureusement Emmanuel Macron parle un Anglais parfait, les textes dont je ne vous donne que des extraits sont en Anglais, la langue de la planète.



PS : Nicolas Hulot remet la croix d'Officier du Mérite National à Bruno Latour


la réponse du médaillé


alors ? 

les super-riches auraient renoncé à ruisseler ?