comme au Capitole de Toulouse !
A 30 kilomètres de Perpignan, à
proximité de la frontière espagnole, se dresse l’une des plus belles réalisations
de la période Art Nouveau. Cette oeuvre d’art a été livrée vers 1900
à Justin Bardou, fils de Joseph Bardou, l’inventeur du papier à cigarette de la
marque JOB. Il faut dire que le château d’Aubiry, avec son socle en marbre rose
des Pyrénées, ne peut laisser indifférent. un matériau noble omniprésent dans
l’édifice comme il l’est chez nous à Valmirande : hall, escaliers, balustrades,
colonnes.
Sublime, imposant, étonnant, renversant, ce château de trente pièces
séduit par son mobilier d’époque sérigraphié à la marque JOB et ses fresques.
les cuisines d’époque sont situées en sous-sol où l’on trouve aussi d'immenses
caves, tandis que le rez-de-chaussée abrite les espaces de réception : hall
avec au centre, un immense puits de jour éclairé par une verrière majestueuse
au dernier étage, qui permet d’admirer les balcons intérieurs à chaque niveau,
salle de billard, salle de musique, bibliothèque avec boiseries et cheminée,
salle à manger. au 1er comme aux 2è étage, on découvre les chambres
somptueusement décorées, dont une avec du mobilier chinois offert par le
dernier empereur d’indochine Bao Daï. Quant aux innombrables terrasses et
balcons, ils offrent des vues sublimes sur le parc de 5 hectares qui comprend
une chapelle, d’immenses serres à la structure Eiffel ainsi qu’une piscine
ronde des années folles. « En très bon état, le château peut évidemment servir
de résidence principale, mais il s’agit également du lieu idéal pour y
installer une fondation, le siège d’une grande entreprise ou y organiser des
événements culturels », souligne-t-on à l’immobilière Foch – Sotheby’s
international realty, quand Sotheby tentait de vendre … 24 millions.
Situé à l’entrée de
la ville de Céret, le château ne se trouve qu’à 1 h 15 de Barcelone.
Je creuse pour en savoir davantage :
l’architecte notamment : il est Danois : Viggo Theodor Dorph-Petersen, né à Barfredshøj le 9 février 1851 – mort à Perpignan, 23 juillet 1937.
Paradoxalement, il est l’un des
architectes qui a marqué de façon caractéristique l'architecture bourgeoise de
la Belle-Époque dans les Pyrénées-Orientales en conférant à ce territoire des
airs de Bavière. À la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, sa
réputation et son talent établis, il devient la coqueluche d'une bourgeoisie
décomplexée par l'embellie économique de cette « Fin de siècle ».
Moderniste
par ses techniques et classique par le respect des règles de l'époque, la main
de Petersen correspond bien à ce que veut la haute bourgeoisie de l'époque :
afficher sa fortune et rêver aux temps jadis ». Après ses études à l’école des
Beaux Arts de Copenhague en 1879, il vient parfaire son savoir à l'École des
Beaux-Arts de Paris l'année suivante. Il y étudie les nouvelles méthodes de
construction françaises : Vicat, Baltard. Comment arrive-t-il en Roussillon ?
Petersen dirige des travaux pour un cabinet d'architecture de Paris, où il se
voit confier la construction d'un hôtel à Vernet les Bains
(Pyrénées-Orientales). Il s'installe en location à Perpignan. Montès, Mercader
et Joseph Berthier ont été ses élèves. Il est le contemporain de Claudius
Trénet, Léon Baille, Drogart, Vignol, Henri Sicart...
Lorsqu'il entame sa carrière dans
le département des Pyrénées-Orientales, il tire parti d'une période qui fait
coexister en Roussillon, l'âge d'or des négociants et des industriels et celui
de l'élargissement de Perpignan à la suite de la démolition des remparts nord
de la ville. Un nouvel espace urbain s'ouvre où les architectes vont pouvoir
donner libre cours à leur imagination. « L'austérité de la période précédente
cède la place à une architecture d'une grande ambition monumentale témoignant
d'une clientèle fortunée en quête d'une représentation sociale. Pour répondre à
cette attente, les architectes se réapproprient des modèles historiques. C'est
le cas d'une bonne partie de l'œuvre de Petersen, comme l'hôtel Gibrat,
d'inspiration néo-renaissance avec des éléments néo-baroques ou encore le
château d'Aubiry et l'hôtel Drancourt, suivant l'inspiration de la tradition
palatiale française. Le style de Petersen s'inspire beaucoup de la tradition
académique parisienne suivant les principes de l'École des Beaux Arts et
considéré comme exemplaire de cette filiation stylistique ».
Au début des années 1890, Joseph
Bardou, le richissime fondateur des papiers à cigarette JOB lui commande un
château pour chacun de ses trois enfants. Pour son fils Justin, le château
d'Aubiry à Céret. Pour l'une de ses filles, Camille, mariée à Charles Ducup de
Saint-Paul, le château du Parc Ducup de Saint Paul, aux abords de Perpignan.
Enfin, pour Jeanne, le château de Valmy (l'un des premiers bâtiments privés
construits à partir d'une charpente en béton armé), sur les hauteurs d'Argelès.
Jeanne est l'épouse de Jules Pams, figure de la politique catalane et de la
IIIe République : avocat, ministre de l'Agriculture, adversaire malheureux de
Raymond Poincaré à la présidence.
Le château d'Aubiry a fait
l'objet de plusieurs articles dans la revue La Construction moderne dans
lesquels il est présenté comme un modèle d'adéquation de l'architecture
palatiale aux besoins modernes. Petersen laisse ainsi exprimer tout son
savoir-faire dans des créations raffinées et délicates. Il bâtit des demeures
bourgeoises aux dimensions extravagantes, dont les clochetons travaillés, les
tourelles élancées, les fenêtres longues et asymétriques, les bow-windows et
les médaillons floraux en céramique forment de curieux, mais harmonieux,
mélanges de styles qui tranchent avec les caractéristiques architecturales
locales. Les matériaux utilisés dans ses réalisations sont nobles : pierres de
Charente (Angoulême) livrées par trains entiers pour le château d'Aubiry,
marbre de Villefranche-de-Conflent, des Alpes, de Carrare, céramiques et
carrelages espagnols et italiens... La plupart des fournisseurs de matériaux
sélectionnés sont des lauréats aux salons les plus côtés. Pour la décoration,
des artistes de renom font partie du staff : les peintres Paul Gervais et Henri
Perrault, le sculpteur et marbrier Marius Cantini, le décorateur parisien E.
Lefèvre.
Des fresques murales
partout : de Perrault et Gervais
Henry Perrault est le fils du peintre Léon Perrault (1832-1908), et
l'élève d'Alfred Richemont. Il est membre de la Société des artistes français.
Il épouse une catalane et installe son atelier à Banyuls-sur-Mer. Le conseil
général des Basses-Pyrénées, lui commande plusieurs grandes compositions. Notre
architecte danois aussi.
Il expose au Salon de la Société
des artistes français à partir de 1887. Il présente des œuvres au Salon d'Hiver
en 1914, alors qu'il est domicilié au 72, boulevard Flandrin à Paris.
Après "promenade en voiture", voici un exemple de ses
compositions, marmaids at the shore
vous savez que j’adore les sirènes, pas mal non ?
Jean Louis Paul Gervais, lui, est…toulousain où il nait le 7
septembre 1859 et meurt dans la même ville le 11 mars 1944. Maintenant que je
l’ai cité, tout vous revient, notamment les fresques du Capitole, de la salle dite "Paul Gervais" !
détail : le tableau entier est en bas : on devine que Joseph Bardou a dit à Paul : -"je veux la même chose à Aubiry" ! |
Il étudie dès 1876 à l'École des beaux-arts de Toulouse, puis aux Beaux-Arts de Paris en 1879, où il est l'élève de Jean-Léon Gérôme et de Gabriel Ferrier. Sociétaire du Salon des artistes français, il y obtient de nombreuses récompenses.
Afin de parfaire son savoir, il
visitera l'Espagne en 1891 en passant par Séville, Grenade, Saint-Sébastien,
Saragosse, Madrid, Barcelone, Bilbao, dont il visite les musées en observant le
travail des peintres Murillo, Goya, Le Greco, Rubens, Antonio Gisbert, Le
Titien, Vélasquez, Pieter Brueghel l'Ancien, Juan de Valdés Leal, entre autres.
Peintre d'histoire, de sujets
allégoriques et de scènes de genre, il a à l'époque une grande renommée, le
voilà donc à Céret.
En 1904, il devient professeur à
l'École des beaux arts de Paris à la suite de Jean-Léon Gérôme, puis à
l'Académie Julian à Paris de 1907 à 1912.
Il envoie deux tableaux, Le
Jugement de Pâris et La Folie de Titania, exposé aujourd'hui aux Augustins, à l'Exposition universelle de 1900.
Il est promu officier
de la Légion d'honneur en 1908.
Tout cela réuni à
Aubiry,
j'ai manqué d'à propos il y a deux ans !
à la belle époque, fumer enrichissait son Job !
https://www.dailymotion.com/video/x2pr92i
vous voulez voir les fresques de Gervais, au plafond du Capitole :
PS : je me mets à votre place :
vous voulez voir les fresques de Gervais, au plafond du Capitole :
Innocence |
pureté |
grâce |
et fidélité : tout ce que ces messieurs attendent de leur dulcinée ! |