tout ça pour dire qu’un musée
peut initier tout un chacun
à l’art, et à l’histoire (de l’art)
Le musée Ingres de Montauban
présente une exposition des néo-grecs : un groupe qui eut son heure de
gloire à Paris entre la fin des années 1840 et le milieu de la décennie
suivante : les «Néo-Grecs», ainsi nommés par Théophile Gautier, dans son
compte-rendu du Salon de 1847. Le poète et critique d'art avait encensé une
toile signée du jeune Jean-Léon Gérôme, « Jeunes
Grecs faisant battre des coqs » : un jeune garçon très court-vêtu
tente de séduire une jeune fille aux voiles transparents, en faisant battre
deux coqs : on devine que les coqs se battent pour séduire une invisible
poule, et que ce combat est censé éveiller chez la jeune grecque des sentiments
amoureux.
L'oeuvre devient une sorte de
manifeste pour les artistes réunis autour de Gérôme, Henry-Pierre Picou,
Jean-Louis Hamon, Gustave Boulanger, Dominique Papety, Léopold Burthe, Auguste
Toulmouche. Gérôme, Picou et Hamon vivaient et travaillaient ensemble dans une
sorte de « phalanstère d'artistes ». Leur « chalet » de la rue de Fleurus était
fréquenté par des peintres et des sculpteurs mais aussi des hommes de lettres
tels Théodore de Banville, Charles Leconte de Lisle, Henry Murger ou Théophile
Gautier, et des musiciens, Edmond Membrée, Édouard Lalo... L'esthétique
littéraire de Gautier et des poètes parnasssiens est source d'inspiration pour
nos jeunes peintres atticistes. Et leur principale référence en peinture, c'est
Ingres. D’où l’exposition que leur consacre le musée de Montauban.
De son côté, le maître au faîte
de sa gloire n'a cure de ces nouveaux venus sans doute trop frivoles à ses
yeux. Car c'est là leur originalité et leur limite, ces Néo-Grecs entendent
faire revivre l'Antiquité en la montrant sous l'angle de l'historiette
anecdotique ou de la vie quotidienne. En somme, ils ramènent la peinture
d'histoire et le grand style au niveau de la scène de genre.
A Montauban sont réunies quelques
œuvres des musées de Nantes et Carcassonne, notamment Sapho jouant de la lyre,
1849, huile sur toile, 106 x 69
cm (Carcassonne, Musée des Beaux-arts), de Léopold Burthe.
Les artistes romantiques néo-grecs
aiment la dimension dramatique de personnages comme Andromède, Angélique,
Galathée, Virginie, archétypes de la victime. Généralement enchaînées, elles se
trouvent soumises à la puissance aveugle de la vague ainsi qu’à la brutalité
d’un monstre chtonien. Vous avez bien lu : un monstre chtonien. Belle
expression ! De toutes ces figures, Sapho est celle qui incarne le mieux
l’esprit romantique. La poétesse se précipite dans la mer, génitrice redoutable
où l'esprit se noie, au propre comme au figuré, et seul tombeau digne de
l'immensité de son talent et de l'affliction de son amour déçu.
Raillés par leurs contemporains pour leur vision trop
anecdotique de l’Antiquité, les peintres «néo-grecs » eurent ainsi leur heure
de gloire à Paris, autour de 1850.
On peut donc admirer les Grecs
A une demi-heure de Toulouse !
hors sujet, je suis hors sujet : mais j'ai pensé que les amateurs apprécieraient cette belle grecque ...bien en chair ! |