Comment, devenus
majoritaires,
avaler les déficits
des prédécesseurs ?
Tous les jours, les média nous
détaillent tel ou tel ratio amenant le doute sur la gestion de la France, que
ce soit au niveau central, obligé de restreindre ses dépenses pour revenir aux
critères de déficit de -3% imposés par la règle européenne (nous tendons (en
principe) vers -3,8% en 2014, nous poursuivons (en principe) vers les fameux -3%
en 2015 !). Ou au niveau territorial, trop dépensier, qui va être
davantage contraint encore par la diminution des subventions de
l’Etat-providence.
On apprend que quand l’Etat
diminuait ses effectifs de fonctionnaires, les Collectivités territoriales
continuaient d’embaucher !
C’est une chose d’être simple
citoyen, spectateur de la nouvelle politique gouvernementale « de
rabot », qui ne s’appuie
(malheureusement) pas encore, sur de véritables économies structurelles. Et de
devenir (même à un modeste niveau) acteur, acteur Conseiller municipal de base d’une
Collectivité territoriale : d’une commune de plus de dix mille habitants.
C’est fait : après
l’élection, le temps de la gestion est arrivé, puisqu’avant la fin avril 2014
la règle est de voter les budgets d’une année déjà bien entamée. Cela commence
par les comptes passés : le compte administratif 2013.
Vous reconnaitrez à l’évidence
que ce compte passé, ressort de la gestion de l’équipe passée : elle est
représentée à la proportionnelle par 6 élus, contre 27 de la nouvelle majorité.
Le premier de ces élus est l’ancien Maire.
C’est bien lui le responsable du
déficit de fonctionnement de 2 millions d’Euros ! Il apparait maintenant
au grand jour, chiffre à rapprocher des 6,5 millions que rapportent Taxe
foncière + taxe d’habitation. J’ai tort d’utiliser le terme : « déficit ». J’ai tort de
penser : « trou » :
le mot juste est bien plus doux aux
oreilles : c’est : « résultat
négatif » !
C’est quand même un déficit conséquent, dont j’ignore encore
comment il va être financé : pour un particulier, il recourrait à un
crédit révolving, comme le pratique SOFINCO
avec ses taux préférentiels de 2,9% (sur un an seulement) piège auquel je me suis parfois laissé
prendre, avec comme punition l’obligation de rembourser tous les mois intérêts
et capital. De tels taux sont bénins ! Nos prêts « toxiques » , dont le capital représente
(quand-même) 15 millions, nous coûtent 10% d’intérêts chez DEXIA ! Dix
pour cent, quand la France finance sa dette (sa chère dette) à 2% ! !
Nous sommes vraiment mal barrés !
Comment gérer ce « résultat négatif » ?
Quand des enfants reçoivent de
leurs parents endettés de tels dons (négatifs), ils ont le droit de refuser la
succession. Nous n’avons pas le droit de refuser l’héritage : il va
falloir résorber deux millions d’Euros, et 15 millions d’emprunts toxiques, par
la seule force de notre gestion « en
bons pères et mères de famille ».
vous voyez au mur le tableau d'Auguste Charpentier que je vous ai présenté précédemment photo : la Dépêche |
Voilà dans quelle situation nous
sommes ce soir du 24 avril, premier Conseil municipal public, avec la
présentation des comptes à l’ordre du jour. Il y a des centaines de pages, pour
en arriver à l’héritage. Tout le
monde, majorité et opposition, a voté les comptes déficitaires. Tout le monde
adoptait un rictus figé, celui des hommes et des femmes qui avalent une
couleuvre : dur à avaler, il faut déglutir, respirer en même temps, éviter
la « fausse route », on
doit se concentrer sur la manoeuvre, faute de tousser, voire de
« recracher le morceau ».
Dans la langue française, il y a
une expression pour définir ce que nous venons de faire : « avaler des couleuvres ».
Synonymes ? rester muet, ne rien
dire ; dur à avaler ; incroyable, invraisemblable ; avaler sa
chique ; avaler un crapaud ;
avaler la pilule.
Je me souviens du Président
Chirac, affirmant sentencieusement : « faire
de la Politique, mon bon Monsieur, c’est un métier ».
Je progresse dans
l’ordre de la connaissance :
Ingénieur, je ne
croyais qu’aux faits, aux lois de l’Univers, à celles de la mécanique.
au cycle du
carbone ; au bon sens (paysan) ; à la succession des saisons…
…à la règle
d’or : « on ne dépense pas davantage que ses ressources »…
je progresse, j’avale des couleuvres
je découvre la Politique
Dans le Figaro n°21679 de samedi
de Pâques, Edouard Balladur cite le Président Pompidou :
« si vous avez du bon sens, et si vous avez du courage, alors vous
faites partie d’une toute petite minorité ».
pour finir sur une note artistique, voici "la justice et la vengeance...poursuivant le crime"...! Proudhon |
PS : dans les pages saumon du Figaro du samedi 26 avril 2014, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a décidé de ne pas modifier la note AA- de la France, prédisant l'augmentation de la dette mais jusqu'en 2017 seulement. A cette date (bénie), le déficit ne sera plus que -2,7%. Tout se présente donc pour le mieux ! Ne doutons pas qu'à la même date, notre commune aura elle aussi résorbé sa dette, et son déficit de fonctionnement, pour retrouver la note AAA.