dimanche 9 mars 2025

Losaria coon, rarissime Papilio au corps rose et queues en spatules à pizza


Pourquoi je suis allé à reculons vers les papillons exotiques  ?

même s'ils sont fascinants, ils sont difficiles à aborder parce qu'ils vivent loin, très loin

ils sont même souvent rarissimes

là vous voyez un collègue éminent, je ne sais traduire son nom écrit en Mandarin. Il élève cette merveille dans Heinan Island ! 

et il lui prête un nom simple et compliqué à la fois

Losaria comme nom de famille, alors que je vois un Papilio

Le nom d'espèce, un nom affreux, désormais interdit : coon, signifie... noir, le papillon est certes noir, mais on ne doit pas dire noir, mais seulement la couleur noire, ce qui est faux, car justement ce Papilio appartient à la famille qui se teint le corps en rose... non, aucune allusion à quoi-ou-qui-que-ce-soit !...


Je vous rassure : coon n'est pas du tout noir : c'est un nom propre, celui d'un Troyen célèbre (à l'époque) de l'ancienne Grèce, écrit en ancien Grec, Coôn, encore un collègue de Machaon et Podalirius. Il faudrait lui mettre un nom Majuscule, cela éviterait la confusion.

les spécialistes académiques parlent de corps "rouge" et pas rose

dire "rose" c'est comme "noir" ça prête à j'ignore quels dérives interdites ! 

quand le Grand Architecte a peint ces merveilles, il a assorti le "rose-vif" disons du corps traversé de noir pour faire contraste, avec les ocelles roses des postérieures, là encore séparées de noir

et plus en core, il a peint en blanc 4 intervalles (pas plus) toujours pour le contraste !

et les queues des postérieures, ont la forme d'une pelle d'un pizzaïolo, arrondies à l'extrêmité !

le mot juste est "spatule", allusion j'imagine à la lance que portait le guerrier Coôn

il existe plein de variantes comme toujours


la rareté n'empêche pas qu'il y en ait des tas au même endroit mouillé


je ne vous ai pas tout dit sur le nom

Losaria coon certes, mais il y a cette nuance : double day ! précisément doubledaii génitif latinisé depuis l'Anglais d'origine ! 

Le double day, c'est le truc féministe qui décrit le double travail de la femme sous régime machiste, qui travaille le jour pour son boulot mal payé, (soumis au risque de cuissage et d'injustices). Puis le boulot rémunéré fini, une nouvelle journée gratuite reprend le soir, pour s'occuper du mari, faire le ménage, faire manger les gosses et la lessive. Il se peut que la nuit le mari exerce le devoir conjugal, ce qui fait triple day ! 

Non, il ne s'agit pas de ça mais d'un entomologiste Anglais qui s'appelait Doubleday ! Edward Doubleday ! 



Edward Doubleday (9 octobre 1810 – 14 décembre 1849) était un entomologiste anglais qui s'intéressait aux lépidoptères. Il est surtout connu pour The Genera of Diurnal Lepidoptera: Comprising Their Generic Characters, a Notice of Their Habits and Transformations, and a Catalogue of the Species of Each Genus , coécrit avec John O. Westwood et illustré par William Chapman Hewitson ; et List of the Specimens of Lepidopterous Insects in the Collection of the British Museum.

Quand on est atteint du petit grain de folie qui s'illustre dans ce billet, on peut accéder en ligne à ces textes que je j'ai bien entendu compulsés pour chercher les images... que voici bien entendu !

Doubleday est né le 9 octobre 1810 à Epping, dans l'Essex, deuxième fils de Benjamin et Mary Doubleday. Son frère aîné était Henry Doubleday qui devint également un entomologiste réputé. Ils s'intéressaient tous deux à l'histoire naturelle et passèrent leur enfance à collecter des spécimens dans la forêt d'Epping toute proche. Les garçons grandirent dans une famille quaker et Edward reçut une bonne éducation classique à l'école quaker locale.

En 1835, il se joignit à un autre quaker, Robert Foster, pour un voyage aux États-Unis. Il y écrivit une série de lettres qui parurent dans l'Entomological Magazine de Londres sous le titre courant de « Communications sur l'histoire naturelle de l'Amérique du Nord ». Il passa beaucoup de temps dans le nord de l'État de New York, où lui et Foster collectèrent de nombreux insectes, dont une demi-douzaine de plécoptères inconnus de la science, qu'Edward Newman , un autre quaker, décrivit et nomma dans un article de l' Entomological Magazine. 

À son retour en Angleterre, Doubleday tenta d'obtenir une place dans l' expédition du Niger de 1841, qui connut un destin tragique. Mais il fut refusé et accepta un poste au British Museum, où il constitua l'une des collections de papillons les plus complètes de l'époque. Il resta au musée jusqu'à sa mort, le 14 décembre 1849. Comme l'écrivit Robert Mays, auteur du livre Henry Doubleday: The Epping Naturalist : « Si Edward avait vécu plus longtemps, son nom aurait sans aucun doute trouvé une place à côté de ceux des éminents entomologistes du XIXe siècle ». 

je tente aujourd'hui de participer à sa posthume célébrité

C'est donc en restant à Londres dans son Musée qu'il accéda aux collections. Dans ce cas là, c'est aujourd'hui pareil pour les collègues qui font la même chose à Paris, il repéra des variantes et leur donna son nom, le voici célèbre sans être allé ni au Népal, ni dans les endroits perdus où vit encore la merveille : des îles Nicobar et Assam en Inde, à l'est jusqu'à Hainan en Chine, et au sud à travers l'Indochine, jusqu'à Java et d'autres îles d' Indonésie et du Bangladesh.

dans une collection cela donne cette position académique, les antérieures rangées sur une horizontale
attention ! pas de chance, celui-ci a le corps jaune !

ouf, voici un "rosier " au xorps et ocelles rouges, ou roses c'est selon votre vue


Là où tout devient (pour moi) difficile, c'est la variation des noms, pour des papillons qui se ressemblent : Voilà que je tombe sur le gomphe commun, qui serait le même Losaria coon, un papillon appartenant à la famille des Papilionidae. OK ! Le papillon appartient au genre Losaria. 

C'est là que ça se complique : c'est le phénomène que Musk régle à grand bruit aux States : on apprend en France qu'il faut lire 40 pages pour les Hôteliers, priés de mettre "aux normes" les plaques peintes qui décrivent leur nombre d'étoiles. Quarante pages écrites par des Fonctionnaires zélés ! Supprimons les Fonctionnaires proclame Musk, on simplifie les normes en les empêchant d'écrire 40 pages pour décrire la grandeur d'une étoile, sa couleur, et comment on la peint avec quel pinceau ! 

C'est pareil pour les papillons : il y a toujours un Fonctionnaire dans un Musée que personne ne visite jamais, qui change les noms des papillons en tentant d'introduire le sien.

une revised classification c'est un Mec qui change les noms et me brouille l'écoute

ici c'est un Australien qui intervient dans des papillons d'Inde sans le dire aux propriétaires du coin, et qui change le nom en enlevant Papilio

tout ça c'est du pinaillage d'érudits, ça ne sert franchement pas à grand chose !

tout le monde désormais dit : "Common rose"

Description

"Le papillon a une envergure de 100 à 120 millimètres (3,9 à 4,7 pouces). Les deux sexes sont généralement semblables, mais les femelles ont des ailes plus larges et des queues d'ailes postérieures plus courtes. Le papillon a des ailes longues et étroites et une queue spatulée caractéristique, qui lui donne son nom". Tiens, je trouvais une ressemblance avec une spatule de pizzaiolo, et son nom vient de là ? Je suis perdu ! L'aile antérieure est noire avec des marques claires entre les nervures. Les deux tiers de la cellule de l'aile postérieure sont blancs avec une rangée de taches blanches autour. Il a des lunules cramoisies ou blanc foncé le long de la marge et du disque.

La description détaillée donnée par Bingham (1907) est la suivante : 

qui c'est celui-là ?

Mâle, dessus de l'aile noir mat, plus pâle sur l'aile antérieure que sur l'aile postérieure. Aile antérieure avec des stries pâles très visibles, deux dans chaque espace intermédiaire qui s'étendent bien dans la cellule, mais n'atteignent pas le termen, où la couleur de fond noir mat forme une large bande transversale. Aile postérieure noire, avec chez les spécimens frais sous certaines lumières un beau lustre bleu ; une grande zone blanche centrale composée d'une tache blanche dans les deux tiers apicaux de la cellule et de taches plus ou moins allongées de largeur variable à la base des espaces intermédiaires 1-7, toutes ces taches très nettement divisées par les nervures largement bordées de noir, la tache dans l'espace intermédiaire 4 plus ou moins obsolète ; enfin, une rangée subterminale de taches blanches plus ou moins en croissant, les deux inférieures ombrées de pourpre suivies d'une tornale pourpre et d'une tache terminale similaire mais plus brillante à l'apex de la nervure 3, la queue spatulée noire. Dessous semblable ; la couleur de fond plus terne. Aile postérieure : une tache discale blanche souvent dans l'espace intermédiaire sous la nervure 1, les deux taches inférieures de la série terminale entièrement cramoisies. Antennes, thorax et abdomen au-dessus jusqu'au segment préanal noirs ; tête, palpes, côtés du thorax et reste de l'abdomen cramoisis, l'abdomen avec des taches latérales noires.

"Femelle semblable ; aile antérieure plus claire. Aile postérieure : les marques blanches centrales plus grandes, la tache subterminale dans l'espace intermédiaire 2 blanche, coalescente avec la tache tornale cramoisie. Antennes, tête, thorax et abdomen comme chez le mâle.

Bingham décrit la race cacharensis , Butler, la sous-espèce trouvée à Cachar (Assam) comme suit :

"Les mâles et les femelles sont plus petits, la couleur de fond est plus terne et les taches blanches discales de l'aile postérieure sont nettement plus petites. Selon Rothschild, les marques subterminales et terminales sont également plus claires, souvent rouge jaunâtre. La tête, les côtés de la poitrine et l'abdomen sont rouge jaunâtre au lieu de rouge vermillon.

la conclusion ?

"Le gomphe commun est une espèce forestière que l'on rencontre aussi bien dans les plaines que dans les collines. On le trouve dans l'Assam, le Manipur et les îles Nicobar (Inde), dans toute l'Asie du Sud-Est continentale , à l'est jusqu'à Hainan (Chine) et au sud jusqu'aux îles indonésiennes de Sumatra , Java et Bawean . Il est absent de Bornéo "

C'est quoi un gomphe ?.

Losaria coon compte huit sous-espèces, à l'exclusion de l'ancienne L. palu , désormais considérée comme l'espèce distincte Losaria palu (Palu Machaon).

Il existe huit sous-espèces répertoriées pour cette espèce :

Pachliopta aristolochiae Fabricius, 1775 – Rosier commun. Je suppose que "rosier commun" désigne la couleur rose du corps ? Drôle de traduction ?

Pachliopta aristolochiae

que vient faire l'aristoloche dans cette confusion ?

Je préfère vous montrer la chenille et la chrysalide, si jamais vous en trouviez trainant dans un aéroport, comme il arrive avec les espèces introduites chez nous par mégarde



à ce stade, l'entomologie atteint pour moi ses limites

quand on pense que toutes ces merveilles sont des variations de Machaon

lui aussi vient de Machaon, c'est Demoleus, sans queues !

le voilà Machaon, mais il n'a pas (encore) de spatules aux caudales !

variante syriacus

il n'est ni noir ni blanc puisque la dominante est jaune

et voici Zelicaon
on dirait presque Hospiton ! 

à ne pas confondre avec cet Alexanor maccabeus
pourquoi maccabeus ?

l'entomologie, ça peut être magnifique

mais ça peut aussi être très très compliqué

c'est pour cette raison que peu d'écologistes s'en préoccupent

c'est pour la même raison que je vous en parle

parce que sinon, vous ne feriez pas attention à toutes ces créations si inventives

et pourtant, dans quelques jours, toutes ces créatures éclosent pour le printemps !


c'est l'occasion de voir la Vie en Rose

si près de la Ville Rose

où le Rose, ce ne sont pas les briques, mais la fleur...rose...

https://www.youtube.com/watch?v=rzeLynj1GYM

bon dimanche !