Je vous le disais hier : "Grand représentant de l’art du vitrail à Chartres, en France et dans le monde, Jacques Loire, ancien directeur des Ateliers Loire, à Lèves, est décédé, mardi 29 juin 2021, à l'âge de 88 ans". Cette nouvelle me rend bien triste, et j'adresse mes condoléances à ses deux successeurs, eux-mêmes Maitres-Verriers... mais je n'oublie pas Nathalie.
Né en 1932, à Chartres, il est le fils du fondateur des Ateliers Loire, Gabriel Loire. Très précoce, à l’âge de 20 ans, il aide son père en créant ses propres maquettes de vitraux. La passion du vitrail ne le quittera jamais. Voici les propos du journal qui annonce la nouvelle.
"la famille était sa priorité"
Jacques Loire se marie avec Micheline Foulon. Ils ont eu trois enfants : Bruno, Hervé, et Natalie. À son tour, Jacques transmet sa passion du vitrail et de l'art des maîtres verriers à ses enfants. En 1970, il succède à son père et dirige les Ateliers Loire. Puis il confie à son tour la direction à ses deux fils, en 1991. Depuis, Jacques Loire n’était jamais très loin de l’atelier. Il continuait de créer et avait, d’ailleurs, encore plein de projets, explique, avec émotion, son fils Bruno Loire :
« Il était toujours aussi présent
à l’atelier. Il travaillait sur des projets de vitraux pour une école au Japon,
pour un lycée au Havre et pour l’immeuble Bleu Courtil, à Chartres. Il aura
mené ces conceptions, sans jamais pouvoir les voir »
Je vous ai montré autrefois les réalisations en dalle de verre de Jean Lesquibe à Biarritz, créées à partir de ce matériau fabuleux que sont les dalles de verre, coupées une par une à la pince en suivant le dessin du créateur, puis buchées pour créer des reliefs qui font attraper la lumière, avant d'être scellées dans la résine puis le béton. J'insiste : le travail du Maitre verrier ne se borne pas à la réalisation évidemment décisive pour le résultat ! La plus grande difficulté, là où le Verrier devient Maitre, c'est quand son dessin, son carton, qui tient compte de la réalisation qui va suivre, l'anticipe, sait marier les formes, et plus encore les couleurs, vous allez voir ensuite, Jacques a l'oeil, et l'expérience, et le voir dessiner est fascinant :
rien qu'en voyant la pureté du dessin, on sait que le résultat sera beau |
Regardez la puissance du dessin, la magie de quelques lignes, si elles sont bien placées : de simples vitres transparentes, comme le pratiquaient les Cisterciens, et vous êtes projeté dans un autre univers :
évidemment, vous pouvez rajouter des formes, et des couleurs, et ce sera encore plus saisissant :
L’œuvre de Jacques Loire est reconnue en France et à l’international. Ses créations de vitraux pour le Japon, le Zimbabwe ou le Chili, ainsi que celles pour le Carmel de Champhol, l’église Notre-Dame de Pentecôte, à La Défense, et l’église Saint-Denys, à Vaucresson (Hauts-de-Seine), illustrent son immense talent.
Jacques Loire n’est pas seulement
un artiste, il est un acteur du monde du vitrail. En 1960, il construit, avec
son épouse, l’atelier Boussois, consacré à la création de vitraux réalisés avec
les dalles de verre de couleur. Puis il met au point et commercialise des
éléments standards : des briques en dalle de verre et béton, baptisées les
briques Loire. Il participe également à la création de la Galerie du Vitrail,
que sa femme Micheline Loire ouvre en 1976.
Son travail et son investissement l'élèvent au titre de chevalier dans l’Ordre national du Mérite, en 1982 ; d’officier de l’Ordre des arts et des lettres, en 2001. Il a reçu la Légion d’honneur en 2008 et le titre de Maître d’art, par le ministère de la Culture, en 2010. Son fils Bruno Loire évoque celui qui était pour lui un "modèle" :
« Pour nous, c’est un grand artiste, un père et un grand-père extraordinaire, qui nous accompagnait dans nos projets et pour qui la famille était une priorité »