Tout se passe au mieux pour les Grandes Fortunes pendant cette pandémie : Rouillac, la grande maison de ventes aux enchères, n'a peur de rien : il les invite à sa 33ème garden party, au château d'Artigny, le 6 juin prochain.
Au menu, un tableau de Monet, détenu jusqu'alors par des Japonais, dans une collection privée : nos propriétaires ont besoin de liquide, et mettent en vente leur merveille : encore un Monet de Dieppe !
dimensions 74 x 60 cm |
S’il n’est pas rare de voir passer chaque année des toiles et dessins de Claude Monet (1840-1926) en vente à New York ou à Londres, ce n’est pas tous les jours qu’un tableau du père fondateur de l’impressionnisme est mis aux enchères en France. « Sur quatre cent cinquante toiles vendues depuis 2010 dans le monde, seules quatorze, à l’exception de fragments et de petites études, l’ont été en France », expliquent les commissaires-priseurs Philippe et Aymeric Rouillac. Dimanche 6 juin, la maison de ventes familiale mettra aux enchères Dieppe (1882) de Monet lors de la 33e Garden Party au château d’Artigny, près de Tours. Mis symboliquement au prix d’un million d’euros, le tableau sera la pièce phare de la vente de prestige.
Dieppe représente la rencontre entre la terre, la mer et le ciel. Monet a peint ce paysage normand en février 1882, lors de son séjour dans la ville côtière. Du plus haut point du village, depuis l’Ouest, le peintre a immortalisé l’entrée de Dieppe avec ses principaux bâtiments civils et religieux mais sans excès de détails superflus. On reconnaît l’extérieur du mur du château et sa tour, l’église gothique Saint-Jacques au centre, le clocher d’ardoise de l’église Saint-Rémy et, au loin, le port dans un « halo brumeux », décrivent les commissaires-priseurs. On aperçoit également un personnage à l’avant-plan parmi les coups de brosse de tons verts et jaunes de Monet. La ville est quant à elle dépeinte de camaïeu de bleus et rehaussée de rouge. Plus qu’une simple vue urbaine, l’artiste a capturé ici les variations de l’atmosphère hivernale du ciel moutonneux en se concentrant sur les effets de lumière. Ainsi Monet a restitué Dieppe en saisissant une impression colorée de la ville à l’aide de juxtapositions de touches vibrantes.
De son vivant, Monet n’a jamais montré Dieppe. C’est après sa mort que sa famille dévoile le paysage normand pour la première fois au public lors de l’exposition du Centenaire Monet à Paris, en 1940. Le chef-d’œuvre reste ensuite un demi-siècle aux États-Unis où il est exposé à deux reprises en 1960, au Museum of Modern Art (MoMA) de New York et au Los Angeles County Museum. À la fin du XXe siècle, il passe en mains privées suisses puis japonaises avant d’être mis en vente aujourd’hui. Présentée à la presse au musée des Beaux-Arts de Tours au début du mois, l’huile devait également être montrée exceptionnellement au public le samedi 20 mars dernier, dans le cadre d’une expérimentation de la réouverture des lieux culturels de la ville respectant les normes sanitaires. Toutefois, la mairie a finalement renoncé à l’événement après la déclinaison de l’invitation par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot (toujours en soins du Covid-19 ce weekend-on-lui-souhaite-un-prompt-rétablissement) et le silence radio de l’État. D’ici le 6 juin prochain, peut-être que le public pourra contempler de ses propres yeux le tableau, avec l’espoir, qui sait, qu’il rejoigne prochainement les collections nationales ? merci Agathe Hakoun de ses commentaires.