Nous allons nous livrer à un autre voyage : aller dans des pays encore improbables, en montagne, en haute-montagne, en Chine, en Russie, au Tibet, partout où c'est désert, vide, peu accessible, et haut : là nous côtoierons forcément des papillons libres.
Nous avons en tête la théorie de Wallace, le père de l'évolution géographique : chaque île voit l'évolution se faire de manière spécifique, différente de l'ile d'à côté : tout simplement parce que nos papillons ont beau voler très bien très haut, ils ne vont jamais loin. Restent casaniers dans leur biotope pourvu qu'il offre la nourriture suffisante aux chenilles. Il faut des femelles exploratrices, (elles existent chez Alexanor chez nous ; et chez Croseus attaqué par les palmiers à huile dans l'ile de Bacan) : certaines fichent le camp de la tribu, et explorent de nouveaux lieux : il suffit qu'elles pondent sur les plantes éloignées pour engendrer une lignée autonome ailleurs, susceptible d'évoluer différemment pourvu qu'on se donne quelques milliers d'années pour observer la différence.
ce n'est pas Charltonius, il n'a pas les ocelles bleues |
Il en est de même pour les vallées, et pour les sommets des montagnes. On a étudié dans les sciences urbaines le phénomène qui régit l'implantation humaine ; ce phénomène des vallées isolées qui hébergent des villages dans lesquels on se marie entre soi. De temps en temps, il faut aller au village en face pour trouver des gênes neufs. Cela vaut pour les populations de papillons.
Comme le Roi de la montagne est Apollon, on va parcourir inlassablement toutes les montagnes de France. Puis celles d'Espagne, pour chercher les variations sur les ailes des Apollons. J'en suis personnellement là, mais suis attiré par l'ailleurs vous comprenez pourquoi ?
Si l'on se rend dans l'Himalaya, l'altitude va atteindre 5000 mètres, et là vont vivre des populations tout à fait différentes. Aux taches d'origine noir et ocelles rouges sur fond blanc vont s'ajouter des parures nouvelles : du bleu pour faire bleu-blanc-rouge. Des zigzag noirs. "rien du tout" pour faire tout blanc et ne montrer que les nervures, remarquables par l'optimisation de la tenue des membranes alaires.
Parfois des taches énormes d'orange vont baliser tout cela, ces variations touchant toujours les ailes postérieures, celles que l'on exhibe pour effrayer le prédateur. Les ailes antérieures qui les recouvrent au repos étant beaucoup plus semblables entre les déviants.
Quelle ingénierie, une fois de plus préside à cette évolution : le hasard du croisement des chromosomes tente une différence, la maintient, revient en arrière, la fixe dans le dur, et continue inlassablement !
C'est comme cela que simple amateur d'Apollon dans les Pyrénées ce qui est déjà pas mal, on en demande davantage, et on s'intéresse à Charltonius, une variante hautement sophistiquée, et d'autant plus rare que le voyage pour la découvrir devient une aventure.
Pour des aventuriers extrêmes
recherchant l'exploit d'y être allé,
d'en être revenu
en ayant côtoyé
les seigneurs de la montagne !
on peut tomber sur une ponte
et faire un élevage sur place
pour peu que l'on reste un peu de temps
cette fois, nous en sommes à onze papillons improbables
il en existe des tas d'autres
je demande une pause
avant de reprendre la suite...!
on peut tomber sur une ponte
et faire un élevage sur place
pour peu que l'on reste un peu de temps
cette fois, nous en sommes à onze papillons improbables
il en existe des tas d'autres
je demande une pause
avant de reprendre la suite...!
les variations sont innombrables, voici Charltonius augustus |