c’est un salon…
Drôle d’idée me direz-vous de
visiter un salon…de la machine-outil ! Quelle stupéfaction : partout
des tapis rouges. Messieurs bien habillés. Dames (décoratives) en talons hauts.
Stands étincelants : les machines sont à l’honneur, et quelles machines :
propres, pas une goutte de graisse ni d’huile. Pas de vapeur, de fumée. Tout
est silencieux, électrique, informatisé : j’apprends qu’il n’existe plus
trois axes, x, y et z, ça c’était avant. Maintenant chaque axe voit la possibilité
d’une rotation de l’objet, ce qui fait deux axes de plus fois trois = 6
axes en tout. Mais avec cinq axes seulement, la machine-robot fait déjà le tour de l’objet
produit qui peut être très complexe, d'une précision inouïe. Elle ne récrimine
pas la machine : réglée, elle tourne 24/24, sans bruit, sans vacances, il lui suffit qu'on la programe bien et surtout...qu'on l'aime !
René qui m’emmène a conçu il y a trente ans des pompes qui, écoutez-moi bien, créent une pression de 4000 bars ! On n’a pas idée de ce que cela représente sauf à se rappeler que les pneus d’une voiture sont gonflés à 2,5 Kg. Là c’est 4000 ! Alors les boulons en inox sont énormes. Des vitres protègent de l’éclatement. Supposons de l’on gonfle de l’eau sous cette énorme pression, le jet qui va sortir par la buse va couper littéralement tout matériau que l’on met dessous : de la tôle d’acier ; de l’aluminium pour créer un engrenage parfait... ou une simple peau de cuir.
Ce qui est amusant, c’est que l’on
se sert d’énormes clés à molettes pour visser la buse, avec une telle pression,
il ne faudrait pas qu’elle se détache !
Le résultat est probant : la
prochaine peau Channel sera ainsi découpée, avec dessous une autre peau d’un
cuir de couleur contrastée. De petites mains avec des cutters ne pourraient
être aussi précises et encore moins aussi rapides !
Ailleurs, c’est un robot doseur
qui remplit les alvéoles d’un coffret de beauté, pour y glisser précisément les
couleurs qui permettront aux belles d’ombrer de bleu leurs paupières (ténébreuses) !
Sur place, on câble, on pose l’électronique,
on programme l’informatique, et on achève la machine devenue intelligente. Mettons
que le bâti vous revienne en tout à 20.000 transport inclus. Vous le revendez 30.000 fini. Vous
avez ainsi payé vos charges et faites une marge suffisante pour vivre. Si les
mécaniciens restent indispensables, le facteur clé de succès, c’est l’informaticien,
devenu incontournable : voilà pourquoi il va rester le seul salarié des
nouvelles usines sans ouvriers puisque vous avez compris...
...ils sont restés en Chine !
Il suffirait qu’ils se mettent à l’informatique :
ils finiraient la machine eux-mêmes !
on espère qu'ils ne vont pas y penser !