C’est merveilleux le bois :
la chlorophylle des forêts fixe le carbone de l’air pour en faire du bois … essentiellement
composé de carbone ! Le bois
(des forêts) sert soit de bois d’œuvre (les essences nobles, le chêne, le hêtre).
On peut en faire des meubles ; des charpentes ; des maisons (à
ossature bois). Ou alors on le triture, pour en faire du kraft, de la pâte à
papier. C’est ce que l’on fait dans deux usines en France : Tarascon (sur
Rhône, la ville des contes de Daudet) et Saint-Gaudens. In fine le carbone va être brûlé : comme du charbon, mais le
charbon est fossile, tandis que le bois est renouvelable, donc durable.
On me demandait l’autre jour :
« Saint-Gaudens, c’est quoi comme
caractéristique ? ». Et mon interlocuteur ajoutait : « …le Jazz ? »
Pas d’accord : le jazz, c’est
Marciac (dans le Gers). Notre festival à nous, est très sympa, mais ce n’est
pas le phénomène (mondial) qu’est devenu Marciac.
Saint-Gaudens, centre
géographique des Pyrénées, sa vraie spécificité, c’est Fibre Excellence, au centre de la forêt pyrénéenne !
Comme cette idée me trotte dans
la tête depuis longtemps, et que rechercher l’excellence est un exercice
motivant, je demande rendez-vous à la Direction. Barrières franchies (nous
sommes dans une usine Seveso II, hyper-certifiée ISO 9001 et plus), j’entre avec curiosité dans ce lieu industriel
si représentatif des enjeux énergétiques d’aujourd’hui
Comme me le dit François Lewin,
le Directeur Général chargé de l’approvisionnement des deux usines françaises :
-« nous sommes en Midi-Pyrénées
assis sur un (gigantesque) tas de bois (celui de la forêt pyrénéenne, dont
Fibre Excellence est le centre) ». Le vrai défi est celui-ci : « comment le mobiliser, dans l’intérêt
conjugué des propriétaires et des consommateurs » ? Il évoque les
consommateurs au sens industriel : les scieurs (qui vont valoriser le bois
d’œuvre). Les triturateurs comme lui. Les collectivités pour en faire de l’énergie.
Les particuliers pour leur chauffage.
Nous sommes en plein paradoxe :
il reste à exploiter ce qui est le plus difficile, les petites parcelles
privées, mal desservies, car le bois il faut d’abord aller le chercher quelle
que soit la pente et l’altitude, et il faut le transporter quelles que soient
les difficultés d’accès, en montagne, en forêt où il faut créer des pistes, sur la route où l’usine ici
reçoit 200 camions gros porteurs par jour, sans compter les trains complets : 200 par an !
En plus, l’offre a été réduite
par deux tempêtes en 1999 et 2009, sans compter la tempête Xinthia en 2010.
Enfin, le "gâteau se rétrécit", depuis que les consommateurs ont augmenté autour
de la table : car les chaudières à bois se multiplient : Airbus chauffe
au bois. Castres aussi. Turboméca. L’Ariège vient de lancer un projet qui
consomme 70.000 t par an. Au total, c’est déjà 10% de l’approvisionnement qui
est maintenant dirigé vers le bois-énergie !
Le facteur limitant ? ce n’est
pas la production, c’est la mobilisation :
Fibre Excellence fait appel à 500 acteurs pour s’approvisionner ! 2,5
millions de tonnes par an ! La moitié de la production naturelle de la
forêt pyrénéenne est ainsi mobilisée. La moitié, c’est beaucoup. Mais c’est
peu, si l’on songe qu’on pourrait doubler l’exploitation !
Si les marchés s’écroulent comme
ils sont en train de le faire avec l’effondrement du sciage. Si on ne peut plus
rémunérer les bois nobles, les autres vont perdre leur valeur, et on va
observer une rétention à la propriété refusant (légitimement) de brader ses
bois : le massif risque de mourir faute d’aménagement !
On est assis sur un tas de bois
encore faut-il aller le chercher !
un camion repart à vide...se faire remplir de rondins ! |
On parle beaucoup de reconversion
énergétique. On parle en ce moment
beaucoup de Total, et de l’exploration (interdite) du gaz de schiste. On parle
toujours d’énergies renouvelables, résignés à ne pouvoir faire une confiance
totale aux éoliennes en cas de panne de vent. On a dans nos montagnes épuisé l’énergie
hydraulique, et on ne couvre plus nos toits de panneaux solaires depuis qu’on
les a découverts … chinois.
On dispose d’une forêt
remarquable, observant paradoxalement qu’elle s’étend, notamment quand les
travaux de Restauration des terrains en montagne nous montrent les massifs
dénudés largement repeuplés cent années plus tard.
Je sens, je crois,
que l’on peut (que l’on doit) relancer une vraie mobilisation forestière.
dans un an, le salon (trisannuel) au parc des Expositions du
Comminges va se nommer : « les
pyrénéennes »
Alors, notre spécificité, à Saint-Gaudens …?
…la forêt…
… on y va ?
l'usine travaille 355 jours par an, des jours de 24 heures... l'écologie en action...c'est beau, la nuit ! |