Quand je vous ai fait visiter le musée romain de Tipasa, j'ai omis cette mosaîque : les Anglais disent "slave mosaïc". J'étais à vrai dire gêné d'en parler, tant elle est symptomatique de ce qui a toujours existé : la domination de certains peuples sur les autres, notamment par l'esclavage. Oui l'esclavage a existé, il s'est exercé ici à Lugdunum convenarum, et je suis toujours ému de voir à la fois nos ancêtres commingeois-gaulois présentés nus à genoux. Et la belle hispanique de st Bertrand de Comminges présentée dévêtue comme captive, destinée à servir les conquérants. Comme les belles mauresques servaient leurs maitres. Comme Vercingétorix exhibé à Rome en vaincu, condamné à mourir devant la foule en liesse, ravie de tels captifs, illustrant par leurs mérites la gloire des vainqueurs qui les ont capturés.
J'en reviens à la mosaîque qui a toujours frappé ceux qui l'ont découverte et en ont raconté son histoire dans Persée :
Mon ami Algérien qui m'alimente sur facebook de ses photos a cette interprétation :
J'ai trouvé la description écrite en Anglais, qui précède la traduction française qui suit, et je vous livre les deux, car certains mots ne sont pas sans poser problème aux autochtones contemporains, qui s'en émeuvent en posant la question : -"mais c'est quoi être autochtone" ?
le texte commence par "the frizzly hair..." ça commence très mal !
The frizzly hair of the "slaves" and of the twelve
surrounding figures is the Roman iconographical featurewhich identified the
native people of the provinces of northern Africa. A modern politically
oriented interpretation of the mosaic purpose suggests it was meant to
humiliate the inhabitants of Tipasa of non-Roman origin. It might not have had
such a general significance and perhaps it was made to celebrate a specific
event. We know that Emperor Antoninus Pius ordered the construction of walls to
protect Tipasa; the town was therefore threatened by something, possibly a raid
by nomadic tribes who lived in the Sahara desert, similar to the Garamantes in
Libya. The mosaic therefore might have celebrated a fight in which an attack by
these tribes was repelled or a successful punitive expedition in their
territories.
voici la traduction "officielle" avec le mot "autochtone" :
Les cheveux crépus des « esclaves
» et des douze figures environnantes sont la caractéristique iconographique
romaine qui identifiait les peuples autochtones des provinces d’Afrique du
Nord. Une interprétation moderne politiquement orientée de la mosaïque
suggère qu’il était destiné à humilier les habitants de Tipasa d’origine non
romaine. Il n’a peut-être pas eu une signification aussi générale et peut-être
a-t-il été fait pour célébrer un événement spécifique. Nous savons que
l’empereur Antonin le Poire a ordonné la construction de murs pour protéger
Tipasa. La ville était donc menacée par quelque chose, peut-être un raid de
tribus nomades qui vivaient dans le désert du Sahara, semblable aux Garamantes
en Libye. La mosaïque aurait donc pu célébrer un combat au cours duquel une
attaque de ces tribus a été repoussée ou une expédition punitive réussie sur
leurs territoires.
Cette mosaïque décorait de la plus agréable façon le sol d'une pièce de réception : on recevait ici les visiteurs. On mangeait, on dormait, on festoyait ... dessus... !
Les esclaves contribuaient au bonheur des propriétaires
drôle d'époque pour les vainqueurs !
alea jacta est pour les vaincus :
cette "romanisation" devient une "talibanisation" en
Afghanistan :
cela me fait frémir : il va y avoir les mêmes captifs humiliés
.../...
comment vous dire un certain... malaise ?
à Valcabrère, les fouilles de la nécropole continuent
une saison encore..."ON" (de la façon la plus légale qui soit) ...déterre les morts !
Cette jeune femme était-elle du côté des vainqueurs ? Des "autochtones" ? Croyait-elle à la vie éternelle ? Méritait-elle de mourir en paix ? (Bien malgré elle) elle vient de léguer ses os à la Science : quelle maladie couvait-elle ? Quelles bactéries alimentait-elle depuis deux mille ans ? ...
...Paix soit à son âme...!
Nous nous interdisons d'explorer l'aqueduc alimentant Lugdunum Convenarum, qui n'est qu'un amas de pierres inertes,
... mais nous exhumons les corps des "autochtones" sans état d'âme ?
moi ça me dérange (un peu)
même si ma concession perpétuelle perso ne durera que 50 ans...
et que la jeune femme a bénéficié, elle, de deux mille ans de tranquillité !
depuis l'Orient, on voit toujours en ligne Valcabrère et St Bertrand mais entre les deux, la nécropole est en chantier : les morts sont exhumés, vive les vivants ! |