Depuis la création du musée de la Romanité de Nîmes, la ville romaine étonamment préservée est de plus en plus comparable à Pompéi. Une mosaïque l'illustre, celle de Penthée, un personnage dont on a peu l'occasion d'entendre parler.
Il faut remonter le temps : lors de fouilles de sauvetage
menées, entre 2006 et 2007, sur le boulevard Jean Jaurès à Nîmes par l’Institut
national de recherches archéologiques préventives (Inrap), a été mis au jour une villa. Comme à Pompéi, deux sols sont retrouvés, en mosaïque, le premier abîmé, l’autre dans un état de conservation exceptionnel.
La qualité et la taille de ce panneau de 35 m², daté du IIe siècle, indiquent
sans aucun doute une opulente maison urbaine romaine, probablement
abandonnée dans le courant du IIIe siècle : au centre, c'est le châtiment de Penthée : une iconographie rare.
nous ne parlerons plus de la mosaïque d'Achille, si abîmée que la figure centrale a disparu
par contre, celle de Penthée est quasiment intacte :
Un épisode mythologique rarement
présenté : Penthée, le roi de Thèbes, châtié
pour s’être opposé au culte de Dionysos et avoir épié les rites secrets
auxquels se livrent les Bacchantes, les servantes du dieu. Dans une trame
formée d’une tresse à deux brins est disposée une série de médaillons aux
thèmes variés, un type de composition qui se rencontre surtout en Tunisie.
Aux angles, les Bacchantes, (le Monde parle de Ménades, femmes possédées du dieu), apparaissent couronnées de lierre et vêtues de voiles
qui laissent deviner leur nudité. Elles assistent à la mise à mort de Penthée
par sa propre mère, Agavé, qui abat sur lui son thyrse. Qu'est-ce donc que ce truc ? Un bâton entouré de feuilles de lierre, (ou de vigne) surmonté d'une pomme de pin. Seize compartiments en
ellipse sont occupés par des oiseaux, tandis que les bustes des quatre Saisons prennent
place dans des octogones.
le centre et les huppes |
Des images de Pan, dieu des bergers et des troupeaux, et du
satyre Silène ainsi que deux masques de théâtre complètent le répertoire. Quatre espèces d'oiseaux représentés par deux couples : huppe ; perruche ; perdrix et canard. Dans le fond de la pièce, la présence d’un pavé mosaïque noir et blanc
correspond probablement à l’emplacement du lit de repas. Voilà pourquoi j'ai émis la même hypothèse pour l'emplacement laissé libre à Pompéi dans la maison de Jupiter.
printemps |
été |
automne |
l'hiver, Pan et les perdrix |
Pour créer ce chef-d’oeuvre, les
mosaïstes ont employé une grande variété de matériaux, du calcaire
(blanc, gris, noir et ocres), de la pâte de verre opaque (verts et bleus), de
la terre cuite (orange), et sans doute du marbre. Les tesselles, de 3 à 15 mm
de côtés en moyenne, ont été fixées grâce à un lait de chaux.
Selon Bertrand Houix, ingénieur
de recherche à l’Inrap, la rareté de la référence à cet épisode dionysiaque
ainsi que l’originalité et la qualité esthétique de ce pavement en font un
vestige remarquable de la Gaule narbonnaise et justifiaient qu’il soit
rapidement restauré afin d’être présenté au public. La mosaïque de Penthée
constitue aujourd’hui une pièce majeure des collection du musée de la Romanité,
musée archéologique de la Ville de Nîmes.
Un détail d'importance : les Professeurs de mathématiques ont examiné la rigueur de la composition, et décrit les figures utilisées... sans ordinateur ni machine à calculer ! Il y a une rigueur géométrique dans la composition, la symétrie, les figures utilisées, dont les ellipses parfaites servant de cadres aux figures, comme les oiseaux... et bien sûr la figure centrale, qui se découpe comme un puzzle :
PS : pour approfondir :
une fois déconfinés le 11 mai prochain,
rendez-vous à Nîmes !
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