C’est à nouveau Frédéric Taddei
sur d'Art d’art qui me fait connaitre Jean Delville (1867-1953) : en janvier
1877, naît Jean Libert qui prendra le nom « Delville » à l’âge de 10 ans,
lorsqu’il choisira d’être appelé comme son père adoptif. Après une formation à
l’Académie de Bruxelles qui durera huit ans, Jean Delville expose au Salon
organisé par l’Essor en 1887. Il y présentera régulièrement, jusqu'en 1891, des
oeuvres se rapprochant de l’art social réaliste, s’attachant surtout aux exclus
de la société, mais aussi aux paysages de bonne facture. Vers la fin des années
1880, l’art de Delville entre dans la mouvance symboliste.
Il s’implique à cette époque dans
des cercles ésotériques. On verra qu’il connait les mystères d’Eleusis, dont je vous reparlerai demain, car il met
en scène ma copine Perséphone... actuellement (en cette période hivernale), enfermée comme vous le savez au chaud...avec son époux Hadès, privée de ski, dans le feu des enfers !
commentaires demain ! |
Entre 1888 et 1895, sa production s’intensifie :
il publie ses premiers sonnets, peint sa première oeuvre monumentale (le Cycle
passionnel inspiré de la Divine Comédie de Dante), participe à divers Salons
(1892 : premier Salon de la Rose-Croix organisé par Joséphin Péladan, plusieurs
Salons du groupe Pour l’Art dont il est un des membres fondateurs) et publie
son premier recueil de poèmes, Les Horizons hantés. Finalement, en 1895, il
obtient sa première reconnaissance institutionnelle : le Prix de Rome pour son
oeuvre Le Christ glorifié par les enfants.
A partir de 1896, Delville organise, pendant trois années successives, le
Salons d’Art Idéaliste, tout en dirigeant une revue du même titre et un recueil
de textes intitulé Le Frisson du Sphinx. Travailleur acharné, en quelques
années, Jean Delville s’impose dans le monde de l’art avec des oeuvres
monumentales comme L’École de Platon (Musée d’Orsay-1898), la direction d’une
revue intitulée La Lumière (1899-1900), l’enseignement à la Glasgow School of
art (1900-1906) puis à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1907-1938). Au
début de la Première Guerre mondiale, comme beaucoup d’artistes belges,
Delville s’expatrie à Londres où il séjourne jusqu’en 1918. Il est profondément
bouleversé par la violence humaine et peint des oeuvres s’en inspirant.
Taddei encore lui nous présente l’amour des âmes, peint en 1900, et exposé
à Ixelles. Ce tableau s'inspire du mythe de l'Androgyne tel qu'il est décrit
par Platon dans le Banquet. Selon lui, à l'origine, l'Homme était double, à la
fois homme et femme. Plein d'orgueil il décide de prendre les Cieux d'assaut. Pour
l'affaiblir, Zeus les sépare en deux, c'est la séparation des sexes. Et
désormais, chacun aura un vide au cœur, un manque, qu'il n'aura de cesse de
vouloir combler en trouvant sa moitié, son âme-sœur.
Une façon de réconcilier la
parité homme-femme intéressante, que je soumets aux mouvements féministes :
homme-femme, nous sommes un (par l’addition de deux moitiés).
En 1924, il est nommé académicien
et l’année suivante, il réalise Les
Forces, oeuvre qui sera exposée au Salon de Paris puis placée dans la salle
des Pas-perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Toute sa vie, Jean Delville
mettra son énergie à faire un art « utile », compréhensible par le public et au
service de l’éducation, notamment grâce à l’art monumental. Il sera actif dans
le domaine de l’écriture, aussi bien littéraire que journalistique. Jean
Delville s’éteint en 1953 à l’âge de 85 ans, le jour de son anniversaire.
les Forces |
ce n'est pas la roue de la Fortune, mais la roue du Monde encore une oeuvre qui, malgré ses cent ans, parait bien actuelle ! |
Ah ces artistes belges
des Français comme nous,
qui auraient (souvent) des brins de génie en
plus !
le rêve de l'amour ressemble en horizontal à l'amour des âmes |
PS : pour revoir le banquet de Platon, cliquer sur :
cette sublissime mosaïque provenant de Pompéi |