dimanche 4 février 2018

Raden Saleh explose Vannes !

voici Raden Saleh par C.A Schreuel
Record mondial à Vannes : une toile de Raden Saleh adjugée 7,2 millions € !

Ca se passe le 29 janvier 2018 par Interencheres

"Retrouvé dans une cave, un tableau majeur du peintre indonésien Raden Saleh (1811-1880) a été adjugé 7,2 millions d’euros sous le marteau de Maître Jack-Philippe Ruellan samedi 27 janvier 2018 à Vannes. Un record mondial pour l’artiste et une adjudication jamais atteinte dans l’histoire des ventes aux enchères en Bretagne".

Estimée entre 150.000 et 200.000 euros, La Chasse au taureau sauvage de Raden Saleh a créé la surprise samedi 27 janvier 2018 à Vannes. Sous le marteau de Maître Jack-Philippe Ruellan, elle a été adjugée 7,2 millions d’euros, dépassant le précédent record de 1,6 million enregistré pour l’artiste en Allemagne en 2011.

-«Je ne m’attendais pas à une si belle adjudication, s’enthousiasme le commissaire-priseur. D’autant plus qu’il s’agit d’un triple record : pour l’artiste, pour un tableau indonésien vendu aux enchères et pour les ventes publiques en Bretagne. Jusqu’alors, la toile la plus chère adjugée en Bretagne était une œuvre du peintre chinois Zao Wou-Ki (1921-2013) vendue 1,3 million d’euros le 26 mars 2013 à Nantes sous le marteau de Maîtres Couton, Veyrac et Jamault. »


Il faut dire que l’événement arrivait à point nommé. A l’autre bout du monde, la National Gallery de Singapour présente jusqu’au 11 mars 2018 une grande rétrospective consacrée à cet artiste romantique du XIXe siècle. « Je suis allé à Singapour une quinzaine de jours pour présenter l’œuvre et j’y ai rencontré une dizaine d’enchérisseurs d’Asie du Sud-Est qui ont pu ainsi se positionner en toute confiance. Ils étaient déterminés à récupérer cette œuvre majeure de leur patrimoine. Parmi eux, le musée Pasifika de Bali, seule institution indonésienne à conserver trois œuvres de l’artiste, s’est bien battu face à des enchérisseurs qui, présents en salle et au téléphone, ont rapidement poussé les enchères jusqu’au million. Ils étaient encore trois à se battre jusqu’à 6,5 millions d’euros et c’est finalement un groupe de collectionneurs indonésiens présent en salle qui a acquis la toile. Elle rejoindra donc son pays d’origine. »
  


L’adjudication est à la hauteur de la découverte. Au cours de l’été 2017, un habitant d’Auray en Bretagne contacte Maître Jack-Philippe Ruellan, avec l’espoir de se débarrasser d’un tableau trop encombrant. On le comprend : 110 x 185 cm ! Il n'entrait pas dans l'appartement, avait été entreposé à la cave, où il empêchait d'entasser le matériel de pêche, il fallait s'en débarrasser. Il était loin (l'habitant d'Auray) de se douter qu’il avait entre les mains une œuvre majeure du peintre indonésien Raden Saleh, recherchée depuis longtemps par les spécialistes de Jakarta qui en connaissaient l'existence, mais pas le lieu (et n'auraient jamais imaginé qu'il était dans une cave) ! -"Le tableau lui avait été transmis par son père qui l’avait lui-même reçu en héritage de sa grande tante, mariée à un riche diplomate", explique le commissaire-priseur. "Le couple était très fortuné et voyageait dans le monde entier, jusqu’en Asie du Sud-Est". 

Raden Saleh est peu connu en France. Pourtant, c’est une figure majeure de l’art romantique du XIXe siècle. « C’est un héros en Indonésie. Un monument funéraire a été érigé en son honneur près de Jakarta. Sa popularité est comparable à celle de Delacroix en France. »

Né à Semarang sur l’île de Java en Indonésie, ce peintre d’origine aristocratique fut formé en Europe, à l’époque où l’Indonésie faisait partie des colonies néerlandaises d’Asie du Sud-Est contrôlées par les Pays-Bas de 1800 à 1945. Il séjourna à Paris où il rencontra son compagnon de route, le peintre romantique Horace Vernet (1789-1863).

« Après plus de vingt ans en Europe, il retourne en Indonésie en 1851 accompagné de son épouse, une riche néerlandaise. Il est nommé peintre du roi et reçoit de nombreuses commandes de l’aristocratie javanaise. C’est à cette époque, en 1855, qu’il réalisa le tableau que nous avons vendu à Vannes. Celui-ci fait ainsi la synthèse de ce qu’il a appris en Europe. »



PS : voici le descriptif original :

Raden Syarif Bastaman SALEH (Semarang, Indonésie 1811 ou 1814 - Bogor 1880),
"La Chasse au taureau sauvage (Bateng)",
toile signée et datée en bas à droite "Raden Saleh 1855",
110 x 180 cm
(Au revers du châssis, un n° 20ASW. Restaurations anciennes et accident)

* Provenance :
Collection Jules Stanislas Sigisbert Cézard.
Sa vente aux enchères à Batavia (aujourd'hui Jakarta) le 1er mai 1859.

* Expert : Cabinet Turquin, Paris.

Jules Stanislas Sigisbert Cézard, né à Batavia en 1829, était le fils de riches négociants français qui, associés à J. Schounten & Co, exportaient du café et du sucre et importaient des produits européens. Il fit ses études en France de 1839 à 1852, date à laquelle il retourna à Batavia et se maria avec A. C. Vrede Bik, fille du gouverneur hollandais de l'île Célèbes.

Jules Stanislas Sigisbert Cézard reprend le commerce de sucre de son père et de transport vers l'Europe. Il est probablement le commanditaire de notre tableau, Raden Saleh étant lui aussi à Batavia depuis 1851. En 1859, il quitta les Indes Orientales pour rentrer en métropole. A cette occasion, il vendit tout le mobilier et les décors intérieurs de sa maison, dont le tableau de Raden Saleh, comme l'annonce le journal Java-Bode du 30 avril 1859 : " een schilderstuk van Raden Saleh voorstellende eene banteng Jagt " (cet historique nous a été indiqué par le Dr Werner Kraus).

du même peintre : deux tigres ont sauvé un jeune indonésien de la charge du rhino

Raden Saleh est le premier artiste moderne des Indes orientales néerlandaises. Célèbre au milieu du XIXème siècle, sa renommée a grandi ces vingt dernières années au fil des redécouvertes de ses tableaux. Après la rétrospective au Lindenau-Museum d’Altenburg en 2013, il fait actuellement l’objet d’une exposition à Singapour (Between worlds : Raden Saleh and Juan Luna, National Gallery Singapore, 16 novembre 2017- 11 mars 2018).

presque le radeau de la Méduse ,
le même taureau (sauvage) dans ce feu de forêt qui chasse les animaux (sauvages) dont un second taureau

la chasse au tigre est un thème récurrent

à voir en ce moment, à National-Gallery-Singapore






pourtant ... les lions peuvent être gentils...

...parfois !



étonnant ce qu'on peut voir à Singapore en ce moment même !