Un grand plâtre d'Auguste Rodin
(1840-1917), "un chef-d'oeuvre" qui vient d'être classé Trésor
national par le ministère de la Culture, vient d’être exposé pour la première
fois au public à Pau samedi 1er avril, a annoncé lundi l'étude
Gestas & Carrère, qui l'a exhumé d'un garde-meuble de la Côte Basque. Le
plâtre, qui date du milieu des années 1880, est la première version connue de
la sculpture "Je suis belle",
inspiré par le poème de Charles Baudelaire, "La Beauté", tiré du
recueil "Les Fleurs du mal" :
« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière »
Ces vers donnent au groupe le
titre sous lequel il est aujourd’hui connu : Je suis Belle (avant 1886). Ils renvoient
autant à la passion pour Camille Claudel qu’éprouve alors Rodin, qu’à
l’ambition manifestée par sa sculpture de parvenir à l’incarnation de l’âme et
de ses passions.
Un homme nu porte, tous muscles
dehors, l'échine cambrée, à la limite de la rupture, une jeune femme dans une
étonnante position accroupie. Cette grande pièce de 72 cm dégage instantanément
une impression de puissance. La signature "A Rodin" est incisée dans la
terrasse, décrit l'étude dans un communiqué. Ce groupe est constitué de deux
autres sculptures assemblées, "L'Homme qui tombe" et "La Femme
accroupie". Il est apparu d'abord au sommet du piédroit de droite de
"La Porte de l'Enfer", la grande oeuvre de Rodin, dont il faudra que je vous parle un de ces jours !
Au fond d'un carton ! Les
commissaires-priseurs avaient pour la première fois découvert en 2013 ce plâtre
- qui fut identifié mais non expertisé - lors d'un inventaire dans une maison
de retraite médicalisée du Pays Basque. Et ils ont eu la surprise de retrouver
l'oeuvre toujours au fond d'un carton, dans un garde-meuble à Biarritz en avril
2016, après le décès de sa propriétaire, qui le tenait de sa grand-tante. "Ce qui a pris beaucoup de temps, ce
sont toutes les étapes de l'expertise. Au Musée Rodin, on s'est rendu compte
que cette pièce était très importante, qu'elle était antérieure à tout", a
expliqué à l'AFP Patrice Carrère. "C'est exceptionnel, c'est un rêve. On
voit beaucoup plus que dans un bronze. On voit vraiment l'acte créateur. On a
l'impression de sentir le souffle de Rodin. Il y a des traces de ses doigts", a-t-il
souligné.
deux sculptures associées : l'homme, tel Atlas, soulève la femme accroupie |
du coup voici la femme accroupie |
attitude semblable dans "de profundis clamavi" |
"Je
suis belle" a été classé Trésor national le 26 janvier par le ministère de
la Culture et est à ce titre interdite de sortie du territoire pour une durée
de 30 mois, précise le ministère. L'étude Gestas & Carrère n'en est pas à
sa première découverte de trésor caché : en décembre 2016, elle avait vendu un
dessin du XVIe siècle de l'artiste italien Andrea del Sarto (1486-1530) pour
près de 4 millions d'euros.
décidément, la ville de Pau nous en réserve
des surprises !