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introduction du livre de Gaspard Monge |
La stéréotomie (du grec : στερεός : « solide » et τομή « coupe ») est l'art de la découpe et de l'assemblage des pièces en taille de pierre et aussi en menuiserie (terme moins souvent utilisé pour ce métier), dans le but de construire des éléments architectoniques comme des voûtes, des encorbellements, des trompes, des volées d'escalier.
L'étude théorique de la
stéréotomie s'appuie sur des traités où sont développées les techniques de
dessin permettant de représenter les ouvrages à réaliser. Ces techniques de
géométrie, développant l'art du trait ont été codifiées par Gaspard Monge dans
la géométrie descriptive et s'appuient sur les projections.
La stéréotomie est surtout l'art
de découper des volumes en volumes plus petits, formant un ensemble qui « tient
debout ». Par exemple, la division d'un arc en plusieurs pierres. Les tracés
peuvent en être très complexes. Par exemple, la division d'un arc en anse de
panier à 11 points, rampant, de biais dans une trompe conique. Lors de la
taille des pierres de ce type de tracé, aucune face ne sera d'équerre avec une
autre, et le tailleur de pierre aura besoin de panneaux en vraies grandeurs
(surface exacte projetée perpendiculairement) pour toutes les faces de son «
caillou », le calepineur préparera les projections de toutes ses faces à une
certaine échelle, puis l'appareilleur préparera à l'échelle 1 les panneaux
servant à la taille.
Le spécialiste en stéréotomie est
avant tout un excellent projeteur. La complexité et la réalisation de certains
calepins étant difficilement concevable par d'autres dessinateurs, telle la
réalisation de panneaux de têtes et de calibres rallongés servant à la taille
de limons d'escalier (projection parallèle de segments d'hélicoïdes sur une
surface plane servant à l'édification des panneaux formant la courbe du limon)
ou le calepin pour l'appareil d'un escalier en vis de Saint-Gilles.
En général, le trait se pratique
avec une règle, une équerre et surtout un compas. Un spécialiste ne se servait
principalement que du compas et de la règle, et était capable de diviser un
cercle en 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, etc. parties égales en appliquant des règles de
géométries descriptives simples, basées sur des rapports reconnus. De même, pour
diviser un angle en 2, 3 ou 4 angles égaux, et le raccordement de segments
d'arc différents, trouver une perpendiculaire à une droite passant par un point
donné, etc.
L'apparition de la CAO et de la DAO bouleverse un peu les habitudes, mais n'empêche pas de gagner du temps en connaissant ces règles.
Tout à fait à l'origine, le carnet de Villard de Honnecourt présente des exemples de trait pour un
voussoir. Il faut bien que le tailleur de pierre coupe les pierres une à une, avant de les assembler selon un demi-cercle, posé provisoirement sur un échafaudage en bois, lui-même découpé et assemblé par un menuisier, afin de construire un arc roman. Ce carnet n'est pas
un traité mais un recueil de recettes. Cependant il montre qu'une science du trait
existait au XIIIè siècle.