Je vous avais promis de vous reparler de 14-18, et ayant retrouvé d’émouvants souvenirs aux Archives départementales, je vous en fais profiter.
Le Poilu de Saint-Gaudens est une note manuscrite célèbre pour les initiés locaux, car elle est de la main même de Norbert Casteret : tout le monde connaît, le célèbre spéléologue, découvreur des sources de la Garonne. On a peut-être oublié sa découverte, décrite dans le livre sorti en 1933 «Dix ans sous terre », de la grotte de Montespan (ça on sait qui c’est !) d'une statue d'ours en argile blessé de pointes de sagaie montrant que la dite Dame Montespan tenait ses ancêtres des temps préhistoriques ! (1)
Il a 26 ans en 1923, a fait la guerre avec son frère Jean, et sait de quoi il parle. Il a conservé son casque de tranchée sur lequel il fixera une lampe pour ses premières explorations. Et il commente le monument, et ses deux poilus : celui du bas ligoté « une rumeur disant qu’un fantassin du 83° régiment, basé alors à Saint-Gaudens, avait été ligoté puis exécuté par les Allemands ». La presse locale rapporte une version plus lyrique : « une France enveloppée dans de longs voiles de deuil reçoit sur son sein un soldat français, martyr héroïque qu’elle détache du gibet odieux où la barbarie l’a lié après l’avoir meurtri ». La presse adore les métaphores (et la langue de bois).
L’inauguration du monument a lieu en grande pompe le 28 octobre 1923, en présence du Maréchal Foch lui-même venu de sa résidence familiale de Valentine, en bas de l’oppidum, dans la vallée de la Garonne toute proche. Il y retournera aussitôt après la cérémonie, il est venu en voisin, dans la maison de son père, Bertrand Jules Napoléon Foch, ce qui explique les initales NF du perron, Napoléon Foch.
Lui aussi prononce un discours conquérant, mais convenu, cite les batailles de la Marne ; félicite les héros disparus, et évite habilement d’évoquer le monument pourtant si particulier : fait-il allusion aux fusillés, non pas par les odieux barbares allemands, mais par les (gentils) Chefs de guerre français ? Fusillés pour l’exemple, pour montrer à leurs copains que se faire tuer, que ce soit par les allemands ou les français, était inéluctable !
Le plus énigmatique en l’espèce est le sculpteur Paul Ducuing. Encore une fois les discours le nomment. Mais sans plus de commentaires. Son œuvre, c’est Casteret qui en parle avec le plus de sensibilité ; détaillant l’équipement ; évoquant le triomphe modeste du héros sur le piédestal, tenant sa branche de laurier sans ostentation, conscient de la multitude des morts autour de lui qui endeuillent une Victoire chèrement acquise.
Mais qu’a-t-il vraiment voulu dire ?
Les délibérations du Conseil Municipal sont bien énigmatiques : un crédit de dix mille francs a été facilement voté. Après la cérémonie la somme manifestement arrondie a été remise sans barguigner à Ducuing. S’il a laissé (comme il l’a fait à Hendaye) des notes ; des maquettes ; et l’interprétation de son monument, tout cela a bel et bien (apparemment) disparu !
Il faut vraiment entreprendre
des recherches historiques sur ce grand sculpteur !
si un candidat-thésard pouvait lire ce billet…. !
avec un papa prénommé Napoléon, Ferdinant Foch ne pouvait être qu'un grand Maréchal ! |
PS : (1) bien que cela n'ait rien à voir avec notre sujet d'aujourd'hui voici le lien vers la grotte de Montespan : http://www.plongeesout.com/sites/roussilon-pyrenees/haute%20garonne/montespan.htm