Je me suis trompé ! Je
croyais avoir fait le tour (c’est le cas de le dire) de mon chapiteau, voilà
que Christian me « déterre » l’extrait de la Revue du Comminges qui
m’avait échappé, Tome XCII, année 1979, il est vrai qu’il y a 36 ans, davantage
que la prescription trentenale, qui conduit (dans notre cher pays) à prescrire
tous les actes qui ont pu être commis avant. Or il ne faut pas prescrire les
archives !
Deux auteurs célèbres ici
expliquent le Cloitre de la Collégiale de Saint-Gaudens : Marcel Durliat, (qui
est Toulousain), et Gérard Rivère, à qui l’on doit tout ce qui existe ici,
puisqu’il a retrouvé la majorité des pièces romanes, remises en place grâce à
lui, dans les années 1989.
Saint-Gaudens, (dont les racines
chrétiennes s’expriment ainsi de manière ostensible (presque ostentatoire) dans
le nom de la Ville), s’est appelée,
après la Révolution, Mont-Unité. Je
vous l’ai déjà raconté en vous parlant de la Chapelle de la Caoue construite à
l’endroit où a été décapité le Saint. Tous les édifices religieux ayant été
rasés (comme le font aujourd'hui les partisans de l’Etat islamique), il ne
restait plus grand chose de la Collégiale Saint-Pierre-de-Saint-Gaudens remise
aux chanoines par la charte datée de 1059, signée de
Bernard II, évêque. Tout du moins du cloitre et de ses chapiteaux, faciles à
démonter, faciles à brader.
chapiteau de St-Gaudens |
On devine que les amateurs d’Histoire
n’auront de cesse, ensuite, que de rassembler les chapiteaux dispersés dans les
collections particulières, des heureux acquéreurs des biens de l’Eglise vendus
à la Révolution (et pas perdus pour tout le monde). Dans ces acquéreurs,
figurent nos amis américains, qui privés d’Histoire romane ont tenu à racheter
les biens que nous bradions, comme le cloitre de Bellefont dont je vous
parlerai une autre fois. Celui de Tarbes, etc… Nous venons de vivre l’achat par un
marchand Bruxellois de notre dernier chapiteau, sans doute est-il déjà aux
States, où on le verra bientôt, miracle d’internet qui permet d’accéder aux œuvres
de la planète ! https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Cloisters
chapiteau dit de Tarbes aux USA |
Par exemple, Alexandre Dumège
avait acquis en 1815, pour le musée des Augustins de Toulouse, un chapiteau
dont à l’époque la provenance restait indéterminée : il n’existait pas d’inventaires,
encore moins de photos, et celles en noir et blanc pourtant prises dans l’article
cité il y a 36 ans paraissent bien laides par rapport aux photos numériques couleur d’aujourd’hui. Ce n’est qu’en consultant les archives de la Société
Archéologique du Midi de la France, (toujours active aujourd’hui), que l’on
trouve dans le compte-rendu de la séance de 1836 le renseignement suivant : « M Du Mège annonce que Chaton son
correspondant à Saint-Gaudens a envoyé le chapiteau en marbre sur lequel les
apôtres sont représentés ».
voici le Chaton de Du Mège à Rome, il aime décidément les oeuvres néo-classiques |
Je voudrais en effet
vous montrer ce chapiteau, bien en place aujourd’hui :
Il porte au centre d’une des
grandes faces (puisqu’il est de section rectangulaire) Saint-Pierre avec ses
clés. Et avec l’inscription EGO SU(m)/S(an)C(tu)S/PE/TRU/SE- Même si vous n’avez
pas appris le latin, vous pouvez deviner qu’il dit (égo existe toujours,
toujours présent chez les acteurs, les people et les hommes politiques, ils ont un grand EGO :
je suis. Je suis Saint Pierre (comme
pierre).
A côté, il y a Paul :
EGO SU(m)/S(an)C(tu)S/POU/LUS
Quand l’inscription existe, c’est
donc facile ! C’est ainsi que l’on identifie Simon ; Jacques ;
Jean ; Barthélémy ; et Philippe.
Alors ce qui est bien, c’est que
si l’artiste n’a pas laissé son nom, on le devine cheminant d’Eglise en église
dans le coin, pour réaliser les sculptures commandées successivement par les moines….par
exemple à Saint-Aventin.
La parenté est évidente entre le
visage de la mère de Dieu, et l’apôtre central de notre chapiteau : est-ce
le même artiste ?
Qui est-ce ?
Il y a plein d’autres
chapiteaux à observer : Adam et Eve introduits au Paradis terrestre… La
Tentation !
Ensuite : c’est l’EXIT, vous voyez qu’il a existé bien
avant l'Euro et la Grèce : l’expulsion du Paradis !
plus besoin d’aller au cinéma :
Allez voir mes chapiteaux :
Vous y lisez toute notre Histoire !
pour voir celui-là, il faut se rendre aux States ! |