vendredi 31 juillet 2020

Tibiran, ultimes révélations ; je rentre dans le canal (5 et fin)


Tirant mon habituel fil d'Ariane, j'atteins irrésistiblement le but espéré ! J'en étais resté aux frontières de saint-Martin, il a eu pitié de moi, et m'a parlé une nuit. Pas que lui d'ailleurs, Bertrand s'y est mis, et a sonné le rappel de ses copains, je ne parle pas de n'importe quel Bertrand, mais de la statue en terra-cotta magnifique, incrustée à l'époque par le Baron Louis de Fiancette d'Agos dans le mur de son château de Tibiran.

Il faut dire que mes publications confirment les annonces sur place de Bertrand.M (oui, il se prénomme Bertrand !). en villégiature dans une bien jolie demeure au pied du rocher de la ville basse. Grâce à lui j'ai également rencontré A.G, spéléologue amateur, quel amateur (au sens propre du latin ama) ! sa Jeep Cherokee n'a aucun complexe devant aucune ornière romaine, avec lui on se rend dans tous les champs, un sacré personnage qui m'ouvre les yeux...et 'm'emmène au centre de ses expéditions : le poudac de Générest, le vrai ! Rassurez-vous, il est au sec en cette période estivale, mais j'ai entendu le grondement, et quand il déglutit, c'est dans un grand souffle d'air pulsé à 10Kg qui parait-il fait décamper les rares personnes présentes !

la presse locale a ceci d'étrange que'elle ne cite aucun nom, et n'annonce les évènements qu'après qu'ils aient lieu, pas avant

En deux mots, non seulement "ils" se sont rendus sur place, mais G... le spéléo est descendu dans le puits : assis sur les fesses il a jeté les pieds en avant, et est rentré en "reptation dorsale" (un terme spéléo) dans le conduit du puits de captation, puis dans la crépine jusqu'à la veine terminale. Il m'autorise à publier son interprétation, je le cite : -"les dalles de marbre formant le conduit horizontal de 3,3m de long sont en un seul bloc, sans joints. Elles n'ont pu être glissées dans le puits actuel. Il a donc été construit à l'air libre, dans la résurgence naturelle de l'époque, à 3,1 m sous le niveau actuel. Ce n'est qu'après qu'il a été remblayé en terre, émergeant ainsi à peine au-dessus du sol reconstitué, à la cote de +3,1m nécessaire à l'alimentation du canal créé à la partie supérieure"


entrée dans le conduit horizontal avec trace de vannes (qui donc les manoeuvrait sous l'eau ?)(photo AG)

quatre plaques de marbre  mouilléez : pas un joint sur 3,3 m de long ! (photo AG)

arrivée dans la crépine (photo AG)
G. a franchi la plaque : il est dans la crépine, un peu plus grande donc moins difficile à entrer dedans
étonnant la feuillure d'origine dans le marbre. 

la veine, heureusement vide d'eau, sinon il faudrait des bouteilles d'air comprimé...! (photo AG)
Nous avons rendez-vous devant l'église de saint-Martin, adorable terminus (provisoire) de mon cheminement depuis quelques jours dans ce bocage-commingeois, si peu accessible et si intemporel.



toutes ces moraines ont laissé sur place des rochers surprenants




et je retrouve le fil de la séquence précédente :





par une trouée : le bocage à perte de vue

j'y suis enfin ! Je me retrouve en Arles, des années auparavant !




comment dit-il mon copain spéléo ? -"reptation dorsale pieds devant" ?

j'imagine bien que, victime de plusieurs risques de co-morbidité, cet exercice physique m'est strictement interdit ?
le plafond est intact, 2045 ans plus tard, c'est du costaud !

par contre le sol nécessite un gros décaissement de la terre et des cailloux qui n'ont rien à faire ici : les dépôts de calcaire de part et d'autre photographiés par Baillache doivent être dessous ?

Jean-Luc M...e poursuit, et trouve les cunettes, avec au bout, le rocher rond qui barre le passage







une fois encore, Marcel Baillache avait raison !


je me retrouve 44 ans après, comme à l'époque en Arles !


ou plus proche, dans un contexte semblable à celui d'Auch !

la conclusion revient à Baillache :


Non seulement Saint-Bertrand constitue un site unique, par sa cathédrale

les stalles de Jean de Mauléon

la vieille ville haute

et la ville basse avec ses thermes

mais l'état exceptionnel 2045 ans après, de l'alimentation romaine en eau 

utilisant une résurgence elle même exceptionnelle 

le poudac de Générest ; puis un puits artésien artificiel romain

rend l'ensemble étonnant !

et dire que beaucoup pensent qu'il n'y aurait rien à voir en Comminges !

merci Bertrand !


PS : Arles :
mais en Arles il y a la Vénus... enfin maintenant au Louvre, donc absente pour jamais du Théâtre d'où elle provient. A quand la Vénus de St Bertrand de Comminges ? Vous me direz que la Vénus de Martres n'est pas mal du tout ! Et puis, il y a la figure de la bibliothèque...!
https://babone5go2.blogspot.com/2012/05/la-venus.html

L'aqueduc romain de Traconnade 13490 Jouques, va de Jouques à Aix


Pour construire un aqueduc romain :
http://aqueducsromains.free.fr/technique.htm

Le poudac, le vrai :




un souffle d'eau au fond, fin juillet 2020


le réveil (photo spéléo Corbières-Minervois)

en eau

les filles de Valcabrère

en guise d'épilogue

et si notre exploration s'interrompait là ?

le tracé continu à gauche illustre la partie de l'aqueduc visible (1). Ensuite, nous sommes sur un versant, reste-t-il des vestiges ? (pointillé); Enfin, le point 2 désigne la traversée de l'Estang, avec la muraille romaine existante étouffée de lierre.

la muraille de la traversée de l'Estang que tout le monde connait

vue prise depuis la muraille de l'Estang : le voyez-vous ?

je ne perds pas espoir de vous livrer d'autres informations ?

il y a un moment où l'aqueduc débouche quelque part ? où se trouve le "castellum divisionis"  comme à Nimes ?
où l'on passe à une distribution par conduites sous pression
un dernier où l'on débouche sur les thermes....

peut-être n'est-ce pas terminé ?


il existe en effet bien d'autres endroits secrets
par cette canicule, mes amies hirondelles s'en donnent à coeur joie dans l'eau des fontaines de la ville-basse
décrites par Jean Picard (PJ)


PS : le récapitulatif  des 4 épisodes précédents :
http://babone5go2.blogspot.com/2020/07/tibiran-laqueduc-retrouve-suite-4.html

Addendum :
Il est émouvant de retrouver, dans la revue du Comminges consultable sur Gallica, pages 594 à 605 (1), la présentation par Jean Picard, (qui a 95 ans aujourd’hui), de la manière dont s’alimentait en eau la Cité des Convènes. Tout d’abord il recense les sources naturelles comme celle de Maouloc et mieux encore celle des fées (Hera Hount de las Hados) qui, émergeant à une altitude supérieure à la ville haute, en alimentent les fontaines par le principe des vases communicants. Ensuite, il reprend comme nous le faisons aujourd’hui le travail très précis de Marcel Baillache, pour en confirmer les vestiges romains. A ce propos, fasciné comme nous le sommes par les parties en souterrain, il publie cette photo dans le tome CXX 2004.






Comme nous, Jean Picard aurait aimé retrouver le castellum divisionis équivalent à celui si bien conservé de Nimes, mais sans doute ne faut-il pas trop demander ?...

... quoique...?