dimanche 29 septembre 2013

Au pays des biches…


…et des cèpes


Que faire en cette saison, quand le Lycée finit à 17 heures, et que l’on a à préparer un mémoire de seconde, en S.V.T, sur un biotope, et les animaux qui l’occupent (hors l’homme bien entendu, il doit s’agir des animaux dits sauvages !) ?

On a juste le temps, entre dix huit heures, et le crépuscule où l’on ne voit plus rien : se rendre dans la vallée de la Barousse en remontant la route qui longe l’Ourse ; filer à Mauléon ; tenter d’écouter le brame des cerfs. Peut-être va-t-on en voir un ? Peut-être même des biches ?

Les années précédentes, on escaladait la route du port de Balès jusqu’au sommet à 1.755 mètres d'altitude. Le mot port signifie en gascon « porte » ou « col », qui est le pendant de puerto en espagnol. Le chemin est fastidieux, plein de virages, 19 Km de long ce qui fait 38 aller-retour : au sommet il y a des pâturages, au-dessus de l’altitude des arbres. Des vaches. Et au milieu des vaches, les cerfs viennent brouter en se camouflant au milieu des troupeaux. Futés les mecs !

 















Alors on tente le parcours, il va falloir trois heures aller-retour, ce qui fait rentrer à vingt heures, limite pour diner, faire le compte-rendu, et regarder quelques feuilletons sans compter le journal (de vingt-heures) justement !

Direction Saint-Bertrand. Puis les Hautes-Pyrénées. Traversée des villages célèbres, dont Thèbe et Ferrère. Et escalade du col. La voiture renâcle !

Rien, nous sommes en semaine, les cerfs ne sortent que le week-end, pour se faire admirer des touristes.

Au retour, la voiture roule au pas, car les biches ont l’habitude de visiter les jardins, protégées qu’elles se savent par leur statut d’espèce-qu’on-ne-chasse-pas, sauf à disposer de « bracelets » difficiles à obtenir. Et puis les chasseurs ne vont pas tirer aux abords des maisons, qui sont les maisons des voisins et des copains car ici tout le monde se connaît, et respecte la trêve du brame fin septembre. Enfin, pas question de tuer une biche : elles sont trop élégantes !

Deux biches, prises au téléobjectif. Nous ne revenons pas bredouilles.
 




les photos sont en réalité de Marine
moi j'ai simplement donné un petit coup de klaxon, la biche m'écoute avec son oreille droite !
Comme au marché du coin on a acheté quelques cèpes, les meilleurs, les bouchons de champagne, on sait que le must sera le repas du soir : les photos prises, le rapport destiné au professeur Sciences et Vie de la Terre devrait être impeccable !

vite à la maison,

le meilleur est à venir.


il n'y a pas de mystère : la qualité coûte le double !

le dessert, de saison, n'a pas de prix !

Bains de mer...



en Cornouaille…Tuke

sur la côte espagnole…Sorolla

mêmes couleurs de plages d’été…

Je vous ai montré souvent des jeunes filles nues, beaucoup moins souvent des garçons déshabillés, (sauf récemment Persée mais il porte toujours un accessoire) ! Il est temps de revenir à la parité, vous prouvant ainsi que je ne suis pas de parti-pris ! Les scènes qui suivent se passent au bord de la mer, et autorisent du coup l’absence de maillot ! Cela est méritoire quand la mer est anglaise, plutôt froide, à Falmouth, port de pêche situé en Cornouailles, aussi authentique à l’époque qu’un port breton. Nous sommes dans les années 1900 !
  


Notre premier peintre est Henry Scott Tuke (1858 –1929).  A une époque de sa vie, il achète un bateau de pêche qu’il aménage en atelier. Et peint de jeunes garçons. Ses modèles sont des boys, des jeunes gens du pays, pêchant, nageant, habituellement nus, sur un bateau, ou sur la plage.
















Disons le tout de suite : la nature de ses peintures, teintées d'érotisme, (mais tout à fait convenables), et ses rencontres avec de célèbres écrivains homosexuels de son époque tels Oscar Wilde et John Addington Symonds, lui valent d'être présenté par certaines galeries comme un pionnier de la culture gay.



 
J’aime bien ses couleurs, et ses sujets maritimes, avec le chantier naval construisant de grandes maquettes. Tuke peint aussi des sujets très académiques, et pour Emmanuel j’ai retrouvé cette belle baleine. Parmi ses portraits connus, il y a celui de l'officier et écrivain Thomas Edward Lawrence, mieux connu sous le nom de Lawrence d'Arabie.
  








Je contemple ces scènes de bains, et me souviens de notre passage au Prado. http://babo-gazettedesarts.blogspot.fr/2011/10/sala-de-las-musas.html. Deux ans déjà, comme le temps passe ! Interdit de photographier, mais le tableau de Joaquim Sorolla est gravé dans ma mémoire : des scènes semblables, de garçons jouant dans les vagues à la frontière entre mer et sable. Nens a la platja.


Sorolla Joaquim (i Bastida pour être précis) est né à Valence, en Espagne en 1863, cinq ans après Tuke. À 18 ans, il s'établit à Madrid, étudiant les chefs d'œuvre du Musée du Prado. À 22 ans, il obtient une bourse pour étudier la peinture à Rome. De retour en Espagne, sa palette s'éclaircit avec les plages méditerranéennes, les ébats d'enfants, les nus, les pêcheurs valenciens. Il obtient son premier succès important avec « Une autre Marguerite », qui lui vaut la médaille d'or à Madrid. Il devient vite très connu et le meneur incontesté de l'école moderne espagnole de peinture. Son tableau « Le retour des pécheurs » est admiré au salon de Paris et acquis par l'État pour le musée du Luxembourg.
















Il remporte une médaille d'honneur à l'exposition universelle de Paris en 1900 et est nommé chevalier de la légion d'honneur. Une exposition de ses œuvres — paysages, portraits — à la galerie Georges Petit à Paris en 1906 lui apporte une gloire encore plus grande et lui vaut la médaille d’officier de la légion d'honneur. En 1933, Paul Getty achète dix de ses tableaux représentant des scènes de plages impressionnistes. À la fin de sa vie, il réalise de grandes compositions pour décorer l'Hispanic Society de New York, évoquant les jeux et les costumes des régions espagnoles.
 


Il meurt en 1923 à Madrid, six ans avant Tuke. Je rapproche ces deux peintres que tout sépare, la géographie notamment, et qui sans doute ne se sont jamais connus ?

Après sa mort, sa veuve fait don de beaucoup de ses tableaux à l'État espagnol. Ces peintures forment maintenant le fond du musée Sorolla situé dans la maison de l'artiste à Madrid. Ca donne envie d’y retourner…











en cet été indien 2013

cela fait du bien n’est-ce pas

toutes ces scènes de plages ensoleillées ?



un canot de bassin...en mer...sur la Costa dorada...!



vendredi 27 septembre 2013

Persée,



que d’aventures avant d’épouser Andromède !

Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi d'Argos, est l'un des plus grands héros de la mythologie grecque.

Notre histoire commence par Danaé, sa mère : c’est la fille d’Acrisius, roi d’Argos, et semble-t-il d’Eurydice (mais je suppose que ce n’est pas la même que celle d’Eurydice et d’Orphée, il paraît que c’est en réalité Aganippe, peu importe). Elle est enfermée fort jeune dans une tour d’airain par son père, sur la foi d’un oracle qui lui annonçait que son petit-fils, (Persée),  lui ravirait plus tard la couronne (et la vie). Les oracles (vous vous souvenez d’Oedipe), étaient à l’époque relativement fiables, et vous allez voir qu’Acrisius s’est fait avoir in fine.

la pluie d'or par Léon Comerre

Car Zeus veillait. Vous savez qu’il avait l’habitude de se transformer en n’importe quoi : il se change (cette fois-ci) en pluie d’or. Habile façon de détourner l’attention ! S’étant introduit dans la tour, il séduit la jeune fille (et couche subito presto, à tel point qu’elle en tombe enceinte du premier coup)(c’est vrai : des promoteurs de la PMA ont repris ce mythe de l’insémination par la pluie d’or pour illustrer leurs thèses). Voilà donc Danaé attendant un bébé, puis accouchant de Persée. Père inconnu ! (comme dans la PMA). Des cris de bébé dans le palais d’Acrisius !

la pluie d'or par A.J Chantron
Ce dernier vient voir ce qui se passe, et, furieux de la naissance de ce qu’on nommait autrefois un bâtard, fait jeter la mère et son fils à la mer, dans une méchante barque (ou dans un coffre) que les flots jettent (heureusement) sur les côtes de l’ile de Sériphe. J’ai vérifié vous pensez bien : Sériphe est une île grecque de la mer Égée appartenant à l'archipel des Cyclades. Située au Nord de Sifnos et au Sud de Kythnos, elle fait 78 km² et compte 900 habitants. Point culminant de l'île, le mont Troullos atteint 585 m. Cette île est parmi les plus arides de l'Archipel. La capitale, bâtie au sommet d'un rocher imposant domine la baie de Livadi. L'île de Sériphos ne dispose pas d'aéroport. Il faut donc s’y rendre par voie maritime, je vous laisse chercher comment si vous êtes intéressé !
  







Un pêcheur (on sait qu’il se nomme Dictys) aperçoit l’épave, ouvre le coffre, trouve les deux naufragés encore vivants, et les conduit sur-le-champ au roi Polydecte qui les recueille, et prend soin de l’éducation du jeune homme.
     
Waterhouse
Polydecte tombe, cela devait arriver, amoureux de Danaé. On dit d’ailleurs : « la vierge Danaé » vous avez compris pourquoi. Il veut l’épouser, car à l’époque on ne vivait pas en concubinage comme aujourd’hui, et cherche à  éloigner le fils, jaloux comme le sont tous les garçons de leur maman. Il lui ordonne d’aller combattre les Gorgones, et de lui apporter la tête de Méduse, la plus belle des trois, mais les cheveux pleins de serpents à cause d’un sort que lui a jeté Athéna, je vous passe l’histoire car on n’en finirait pas. Drôle de défi car Méduse avait la réputation de changer en pierre tous ceux qui osaient la regarder ! Persée, aimé des dieux, (eux savaient que le géniteur était Zeus) reçoit pour ce faire quelques super-pouvoirs comme on dit aujourd’hui : Athéna notamment (qui décidément en voulait à Méduse)  lui donne son bouclier et son miroir. Elle lui dit aussi d'interroger les Grées (les « Vieilles »), sœurs des Gorgones, afin d'apprendre dans quelle grotte elle se cache, Méduse. Tout ça se passe en Lybie, mais il faut trouver où précisément ! Les Grées sont nées avec des cheveux blancs et vivent dans une grotte où ne pénètre jamais la lumière du soleil ni la clarté de la lune. Elles n'ont ensemble qu'un seul œil et une seule dent, qu'elles se passent à tour de rôle. Comme elles refusent de coopérer, Persée leur subtilise leur œil unique au moment où elles se le passent de l'une à l'autre, pour les forcer à lui répondre. Il apprend ainsi le chemin qui mène vers les nymphes, après quoi, il jette l’oeil dans le lac Triton, en Libye, afin de les neutraliser définitivement. Persée arrive chez les nymphes, (lointaines parentes des Gorgones). Elles le renseignent, lui indiquent la bonne grotte, et lui remettent le casque d'Hadès (la kunée), qui rend invisible, une besace et, selon certaines sources, des sandales ailées (j’ignore comment elles les ont empruntées à Hermès…)
  














 


Persée arrive dans la grotte où les trois Gorgones sont en train de dormir. Couvert du casque rendant invisible, il réussit à s'approcher de Méduse sans en être vu grâce au reflet que lui renvoie son bouclier, en ayant bien soin de détourner la tête. Il se saisit de Méduse à tâtons et la décapite, avec la harpè, serpe en usage chez les Hittites, que lui a remise Athéna. Du sang de Méduse jaillissent deux fils, Chrysaor, père de Géryon, et Pégase, le cheval ailé. Le sang qui sort de sa blessure est recueilli par Asklépios (jusqu'alors caché dans le coin de la grotte) : celui qui coulait de la veine gauche est un poison, tandis que celui de la veine droite est un remède capable de ressusciter un mort, le mythe manifestant ainsi l'ambivalence caractéristique du pharmakon. Asklépios s'en va en les enroulant sur un bâton (plus tard appelé bâton d'Asklépinos ou sceptre pharmacologique. Mais ceci ne concerne pas Persée, même si cette légende constitue le mythe fondateur du bâton des pharmaciens.
  
Persée combattant Phineus : le coup de la Méduse !
Persée met la tête de Méduse dans sa besace et s'enfuit à l'aide de ses sandales ailées, tout en étant dissimulé, grâce à son casque d'invisibilité, aux deux autres Gorgones qui le poursuivent. Selon Hésiode, il enfourche alors Pégase. Quoiqu’il en soit, il vole, à pied ou à cheval. Il est un peu fatigué (quand-même) et demande l’hospitalité d’Atlas. Celui-ci refuse ! Un regard de la tête pourtant morte de Méduse, Atlas est pétrifié : de facto, il est changé en la chaîne de montagnes qui porte aujourd’hui son nom.

Puis il délivre Andromède dont il est devenu instantanément amoureux et qu'il épouse par la suite comme je vous l’ai raconté dans l’épisode précédent.
 
Emile Philippe : musée de Tours
Mais l’histoire de Persée n’est pas terminée :

De retour à Sériphos, enfin Sériphe, il apprend que Polydectès a tenté de violer sa mère Danaé. Un regard de la tête de Méduse, il le change en pierre.


 Enfin il peut rendre la tête (devenue quand-même encombrante) à Athéna, qui la colle en guise de souvenir sur son bouclier. Puis il rejoint sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui, toujours par peur de l'oracle. Il s’est réfugié à Larissa en Thessalie. Rien de commun avec votre sauce préférée dans le couscous. Or voilà-t-il pas que le roi de cette cité, un dénommé Teutamidès, organise des jeux funéraires. Persée (qui s’ennuie un peu) s’inscrit. En lançant le disque trop loin, (toujours les super-pouvoirs), il tue accidentellement Acrisios, devenu un noble vieillard, et assis tranquillement dans les tribunes. La prophétie a donc fini par se réaliser ! Par égard pour son défunt grand-père, Persée, rempli de remords, échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur qui l’a recueilli.

J’ai vérifié : Tirynthe existe réellement, et les archéologues allemands y ont retrouvé les vestiges d’un palais protégé de murs cyclopéens.


vous saviez tout sur Andromède

vous savez tout sur Persée

premier héros, grâce à Zeus, de la PMA !

mercredi 25 septembre 2013

Andromède ...enchaînée...















Je la contemple dans le parc du Château de Compiègne : une vénus nue, un corps superbe, cheveux tressés à l’arrière…une torsion de tout le corps. Elle souffre ! Derrière elle, un rocher, elle a les poignets liés par des chaines, otage captive … offerte…à qui… ? …pourquoi ? Ce n’est pas une Vénus quelconque : c’est Andromède ! Et je vais vous raconter son histoire, seule façon de comprendre pourquoi elle est représentée ainsi, enchainée.

  



















L’art élève l’homme, relève Paul Eluard en son Anthologie des écrits sur l’art. « En voyant chaque jour des chefs-d’œuvre de peinture, de sculpture et d’architecture, les génies les moins disposés aux grâces, élevés parmi ces ouvrages comme dans un air pur et sain, prendront le goût du beau, du décent et du délicat ; ils s’accoutumeront à saisir avec justesse ce qu’il y a de parfait ou de défectueux dans les ouvrages de l’art et dans ceux de la nature, et cette heureuse rectitude de leur jugement deviendra une habitude de leur âme », nous instruit Platon.

Et puis Victor Hugo nous dit : Le but de l'art est presque divin : ressusciter s'il fait l'histoire ; créer, s'il fait de la poésie."  Préface de Cromwell / 1827)

Je vais pour vous ressusciter Andromède !

Andromède. Encore une victime de sa mère ! Cassiopée, reine d’Ethiopie, parce qu’épouse du roi Céphée, passait son temps à proclamer que sa fille (et du coup : elle, sa mère) étai(en)t d'une beauté égale à celle des Néréides, les nymphes marines qui servent d'escorte à Poséidon, (comme Kadhafi avait ses amazones). Voilà Poséidon furieux !. Pour se venger, le dieu de la mer provoque une inondation et envoie un monstre marin (la baleine Cetus) qui se met à détruire hommes et bétail. Emmanuel dirait que cela n’a rien d’une baleine, un animal pareil avec des dents, parfois des défenses comme un dinotherium, même pas une orque : un monstre, un monstre inconnu de Linné. En fait, c’est un dragon à la fois aquatique, et amphibie. Désespéré, le roi consulte l'oracle de Jupiter-Ammon (que consultera plus tard Alexandre le Grand en Lybie), qui révèle qu'aucun répit n'aura lieu tant que le roi n'aura pas livré sa fille au monstre. Flute ! On imagine le roi engueulant sa femme, bref ! Andromède est donc enchaînée (nue pour être plus appétissante) à un rocher près du rivage. Heureusement, le monstre a autre chose à faire, et ne se précipite pas de suite.

Piero di Cosimo : une vraie BD : Persée en vol à droite, se prépare à trancher la tête du Dinotherium
pendant qu'Andromède l'attend à gauche, en plein stress !

Et voilà le sauveur : Persée. Il va falloir que je vous raconte à part le mythe de Persée car c’est à lui seul toute une histoire, dans la mesure où tel James Bond, il est doté de tas de gadgets comme des sandales ailées qui lui permettent de voler dans les airs à la vitesse de l’éclair, Avouez que c’est bien commode ! Et puis il possède un cheval célèbre : Pégase ! Enfin il possède un casque qui rend invisible, parfait pour faire des frasques ! Toujours est-il que de retour après sa victoire sur la Gorgone Méduse, il aperçoit Andromède (du ciel puisqu’il vole à basse altitude) et s'informe de ce qui lui est arrivé. Il en tombe immédiatement amoureux et promet à Céphée de tuer le monstre à condition de pouvoir épouser Andromède. Céphée accepte bien entendu. Tout cela se fait sans smartphones androides ce qui est pour moi l’exploit le plus extraordinaire vu l’époque ! Il attaque alors le monstre avec son glaive (on imagine dans les BD les fusils-laser beaucoup plus efficaces) et le massacre après une lutte acharnée au corps à corps, sans même recourir au pouvoir pétrifiant de la tête de Méduse qui constitue son ultime arme secrète. Saint-Georges fera pareil quelques centaines d’années plus tard.


encore une superbe mosaïque de Zeugma : il y a tout : Cétus ; la tête
de la Gorgone ; les ailes aux pieds ; le bouclier-miroir ; le glaive

Selon Ovide, après sa victoire, Persée  dépose cette tête sur un lit d'algues (pour être libre de ses mouvements et faire un kiss à Andro), algues qui rougissent et durcissent à son contact, devenant ainsi la source du corail. Voilà pourquoi j’ai toujours un bout de corail corse pas loin. Le plus rouge. Le plus beau.

Persée épouse Andromède. Vous devinez que rien n’étant simple dans la vie, Andromède avait un passé, ayant été auparavant fiancée (de force) à son oncle Phinée, qui convoitait le trône de son frère Céphée et voulait s’assurer d’avoir une reine (une reine de beauté). Lors du mariage, une querelle a lieu entre les deux prétendants et Phinée est à son tour changé en pierre grâce à la tête de la Gorgone (que Persée gardait toujours à portée au cas-où, bien lui en a pris).

Andromède suit son époux à Tirynthe en Argolide et ils ont six fils : Persès, Alcée, Héléos, Mestor, Sthénélos et Électryon, et une fille : Gorgophoné. Ils sont à l'origine de la lignée des Perséides par l'intermédiaire de Persès. Leurs descendants dirigent la Mycénie depuis Électryon jusqu'à Eurysthée, puis Atrée dont la funeste descendance (les Atrides) inspirera les grandes tragédies de l'époque classique; le grand héros Héraclès fait aussi partie de cette descendance.

Après sa mort, Andromède est placée par Athéna parmi les constellations, dans l'hémisphère nord du ciel, près de Persée et de Cassiopée.


Quatre constellations sont associées à ce mythe. Visibles à l'œil nu, ce sont :

Une tête d'homme portant une couronne, placée à l'envers par rapport à l'écliptique: la constellation de Céphée, le père-roi.

Une figure plus petite, près de l'homme, assise sur une chaise, près de l'étoile polaire: la constellation de Cassiopée, la mère-reine.

Une vierge enchaînée, se détournant de l'écliptique: la constellation d'Andromède, près de celle de Pégase.

Une baleine, juste sous l'écliptique: la constellation de la Baleine : Cetus.
 

Andromède a aussi donné son nom à la Galaxie d'Andromède, une galaxie spirale importante proche de la Voie lactée.

Une pareille histoire (je vous ai raconté l’essentiel, mais on peut broder des heures sur les détails) ne peut qu’inspirer les artistes, qu’ils soient peintres, graveurs, sculpteurs. Prenons Joseph Chinard par exemple, un lyonnais :

Joseph Chinard est sculpteur né à Lyon en 1756 et mort en 1813 après avoir été professeur de sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, qui se trouvait dans le palais Saint Pierre (le lieu où se trouve le musée). Nous aurions pu nous fréquenter ni nous n’avions habité Lyon si tard !
 





















Nous sommes en 1786. Chinard participe cette année-là à un concours organisé à Rome : le concours de l'Académie de Saint-Luc. Le sujet est le même pour chacun des participants : Persée délivrant Andromède. Aujourd’hui, on s’en fout, mais à l’époque, c’était un sujet captivant. Il exécute à cette occasion un premier modèle en terre cuite et remporte le concours, évènement très rare pour un artiste français. Ce qui est amusant, est que Chinard reste obsédé par cette histoire, et réalise quelques années plus tard une seconde œuvre, très ressemblante : il y a ainsi deux Andromède et Persée au Musée de Lyon.


Autre artiste parisien cette fois, Raymond Delamarre. Lui aussi est élève de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts à Paris. Soldat au cours de la Première Guerre Mondiale,  puis fait prisonnier, il séjourne à la Villa Médicis à Rome. C’est l’auteur de multiples monuments publics, et de tas de médailles. Il a réalisé des tas de décors pour le paquebot Normandie, évidemment disparus. Nous sommes cette fois-ci en 1925, pleine période Art-Déco, et sa sculpture est plus conforme à ce que je préfère aujourd’hui : je vous livre ce commentaire : « classé parmi les Néo-grecs, c'est à dire ceux qui succèdent à Auguste Rodin en rompant avec son esthétique, il est le sculpteur de la grâce et de la tendresse... ».
 


Je vous ai déjà parlé de l’exposition au musée Jacquemart-André : http://babone5go2.blogspot.fr/2013/09/reves-de-beaute.html . Cette fois c’est Edward  Poynter qui a choisi Andromède. Elle est toujours enchainée, Persée n’est pas encore arrivé, c’est l’instant de la résignation, et elle s’abandonne au désespoir…heureusement, on sait, nous, que la fin sera une happy end !

Le thème est traité d’une manière propre au mouvement esthétique : « la narration est éclipsée au profit de la recherche de la beauté pure. C’est en effet un nu d’une grande beauté, à la force érotique indéniable. L’artiste, en peignant pour la première fois sur un nu anglais les poils pubiens de la jeune fille, ajoute au trouble du spectateur. Le tout est magnifié par les éléments déchaînés, la force du vent s’exprimant par la volute du voile vert qui contraste avec les cheveux roux ».  Ces propos ne sont pas de moi, mais du critique du Musée Jacquemart-André, apparemment connaisseur en  redhead !


Poynter est un artiste à la formation cosmopolite, qui avant de suivre les cours de la Royal Academy à Londres, passa trois ans dans l’atelier parisien de Charles Gleyre. Tous ces passages à Paris des artistes étrangers les rendent forcément meilleurs ! Cette formation française est peut-être la raison de l’influence évidente d’Ingres sur ce tableau : le déhanché souple d’Andromède ressemble à celui de l’héroïne du tableau d’Ingres : Roger découvrant Angélique. Oui, nous sommes les plus forts !

Tout se termine au mieux, y compris dans la  tragédie de Monsieur Pierre Corneille, Andromède, qui commence d’ailleurs par l’histoire que je vous ai racontée, (mais en termes cornéliens), et qui se termine par ces propos du Chœur :

Allez, amants, allez sans jalousie
Vivre à jamais en ce brillant séjour,
Où le nectar et l'ambrosie
Vous seront comme aux dieux prodigués chaque jour ;
Et quand la nuit aura tendu ses voiles,
Vos corps semés de nouvelles étoiles,
Du haut du ciel éclairant aux mortels,
Leur apprendront qu'il vous faut des autels.


Il ne vous reste plus

Qu’à lever les yeux au ciel

Pour retrouver Andromède !

voici Chassériau (1840) : maintenant, vous savez tout et pouvez faire vous-mêmes
les commentaires : je propose le titre :
en attendant Persée !

samedi 21 septembre 2013

Au pays des ânes



Dans notre campagne, il y a des ânes, de toutes sortes, les plus grands (les plus beaux) sont les ânes des Pyrénées. Il y a des adultes, le sénior porte une cloche pour rompre le silence des prés ; et aussi des bébés..enfin, plutôt des ados. Des gris, et des marrons foncé.
















le plus ancien a mis une petite laine

Il y a des colchiques aussi, elles sont géantes, toutes fraiches, toutes roses, avec les étamines jaunes safran, comme ça dans les prairies, sans que personne les ait jamais plantés.

Personne ne les cueille : c’est une règle tacite.

et nous vient aux lèvres la chanson de nos dix ans :

"colchique dans les prés..."

Au restaurant, le mouton est goûteux, je ne vous parle pas des frites, cuites par des dames mystérieuses qui papotent et qui rient dans la cuisine au fond, on n’a pas le droit d’y entrer, le patron y veille avec fermeté, car sa femme est aux fourneaux, interdit de la perturber ! On a même le droit de manger la truite de l'Ourse (la rivière) avec des frites ! (on ne cultive pas de riz ici)















Il y a des cathédrales aussi, toutes vides depuis que les touristes sont partis, on peut enfin s’y rendre pour méditer sur la vie, et ce fichu temps qui passe (à toute vitesse).


Au retour, on mange les cèpes trouvés dans les fossés, et les trompettes de la mort qui sont en avance, bien que, (comme c’est arrivé vite) : ce soit aujourd’hui le dernier jour d’été.







c’est bien au pays des ânes

il y a des ours aussi

et même plein de gens comme nous…

…qui aiment les ânes...


sans tambours ni trompettes  !

                        ......et avec la chanson....


                                                   ....colchiques dans les prés
                                                       fleurissent, fleurissent,
                                                       colchiques dans les prés,
                                                       c'est la fin de l'été !

                           Refrain : La feuille d’automne emportée par le vent
                                           En ronde monotone tombe en tourbillonnant

                                                       Châtaignes dans les bois
                                                       Se fendent se fendent
                                                       Châtaignes dans les bois
                                                       Se fendent sous les pas


                                                        Nuages dans le ciel
                                                        s’étirent s’étirent
                                                        Nuages dans le ciel
                                                        S’étirent comme une aile


                                                         Et ce chant dans mon coeur
                                                         murmure murmure
                                                         Et ce chant dans mon coeur
                                                         Appelle le bonheur