lundi 29 janvier 2018

Citron rouge et sa remorque, finies ! (4)

Voilà, c'est terminé, apprêt ; peinture ; séchage ; montage ; bronzage du laiton ; retouches ; attaches par chaines croisées à l'arrière ; courroies cuir à l'avant. Pour le fun, j'ai installé deux batteries pour s'éclairer la nuit sait-on jamais ?





j'ai du fouiller dans mes réserves, vous pensez-bien !

eh bien...il me reste deux roues !

que puis-je bien en faire ?


Rétromobile dans neuf jours !




dimanche 28 janvier 2018

Le trésor d'Angoulême au Régent

Nous sortons du  Régent : quatre jours de festival de cinéma d’art, et de belles surprises, comme le trésor d’Angoulême,  au cœur de la capitale mondiale de la BD, dans une des plus belles cathédrales du sud de la France !



Si déjà la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême interpelle le visiteur du haut de son rocher et de ses huit cents ans avec sa façade sculptée, son dôme et son haut clocher roman, son trésor va vous fasciner.



D’abord parce qu’on ne s’attend pas à une création aussi contemporaine que spirituelle en ce lieu : Jean-Michel Othoniel, artiste international a voulu qu’en ce début de XXIe siècle on retrouve un sentiment d’émerveillement tel qu’on pouvait l’éprouver à l’époque de la construction de l’église au Moyen-Age. Du rêve donc, où vous allez contempler des objets dorés, des châsses (avec de véritables fémurs) et vous retrouver vous-même dans une châsse, un reliquaire symbolique...tout cela pour reconstituer le goût roman des pélerinages d'antan, à la recherche des reliques des martyrs.

le fémur sur le coussin violet dans le reliquaire en anneaux du centre

Ensuite parce que l’aménagement des trois salles est conçu comme une immense et totale œuvre d’art. Unique en France, il a nécessité huit années de travail, et employé de nombreux artisans. Forcément des Maîtres verriers. Evidemment à Chartres...jusqu'à ce qu'on se retrouve à Murano où un autre verrier, vénitien celui-là, confectionne les célèbres boules de verre enfilées en ligne sur leur support, constituant les pieds des châsses. Elles incluent chacune des feuilles d’or : reflet doré garanti ! Ailleurs on se retrouve dans une fonderie d’aluminium pour réaliser les grilles composées d’anneaux d’aluminium fondu. Encore ailleurs un fabricant de papier peint crée avec son immense presse ces tourbillons de chapelets sur les murs, reproduits sur le sol en mosaïque. Des sculptures au rez-de-chaussée vous accueillent. La seconde salle au premier étage vous plonge dans le quotidien du prêtre. Puis vient le temps de la surprise dans la troisième salle : des entrelacs couvrent les murs et le sol, une douce lumière bleue descend des vitraux décorés de ces mêmes entrelacs ou de cercles innombrables… assortis au bleu du manteau de la Vierge Marie.





Ah ça, le film est super clivant : la Sainte-Vierge ; Jeanne-d’Arc en armure ; Saint Antoine ; Bernadette, cette apologie de la religion Chrétienne même au cœur d’une Cathédrale nous plonge dans cette question : est-ce bien convenable une telle ostentation en pleine laïcité...? ...et nos amis musulmans…et autres confessions...dans ce décor assumé ? Rassurons-nous, nous sommes dans un lieu de culte, et personne n’est obligé d’entrer !...sauf les voleurs, qui ont déjà exercé ici leur sinistre ministère...!

Nul doute que vous (qui assumez vos racines chrétiennes) ressentirez un sentiment d’émerveillement, dans ce tourbillon de formes et de couleurs qui mettent en valeur de beaux objets liturgiques.





Les vitraux sont particulièrement beaux. Un travail titanesque : ne trouvant pas le bleu précis recherché, Othoniel a accepté la suggestion du verrier de juxtaposer des teintes dégradées, de petits morceaux découpés en rond (bonjour la découpe !). La réalisation a été confiée à l’atelier Loire, basé à Chartres, réputé en la matière. « L’atelier a été fondé en 1946 par mon grand-père. Aujourd’hui, avec mon frère, nous sommes la troisième génération », indique Hervé.


Le grand vitrail mesure 6,50 m de haut et 4 mètres de large. Il  est composé de 30 panneaux indépendants. Certains d’entre eux sont composés de plus de 500 pièces de verre. Au total, il s’agit d’un puzzle de 10.000 pièces de verre  », explique Hervé Loire. « Les plombs ont des largeurs différentes pour accentuer l’expression graphique et ont été étamés pour donner un côté plus brillant », précise-t-il. Au cœur de certains panneaux, on trouve, également, des « cabochons », des ronds de verre, et même des demi-sphères « réalisés par un verrier suisse et fournis par le scénographe », le tout montés en "chef d’œuvre", en trouant le verre sans le casser, une pratique courante au XVIe siècle ».  Moi c’est la première fois que j’en vois. Encore mieux que les cives de nos amis Catalans à Barcelone ! (tiens que devient leur belge ex-Président ?)



















Jean-Michel Othoniel est un créateur de renommée internationale. Il façonne avec ses perles de verre un monde enchanté où le merveilleux aide à s’abstraire des difficultés de la vie. Il est connu du grand public pour avoir habillé de verre de Murano la bouche de métro du Palais-Royal. Sa bibliographie sur wiki est impressionnante et je vous laisse vous y rendre.

A un moment, Jean-Michel (nous sommes à la fin du film) conclut : -"il y aura désormais deux sortes de gens sur terre : ceux qui auront vu le trésor d’Angoulême (gagnés par la grâce dégagée par l’Art sacré)…et les autres" !

grâce au Régent,

nous faisons partie des heureux élus :


un moment d’enchantement !




le kiosque des noctambules au Palais Royal
déjà les mêmes matériaux

la tentation de Venise !

samedi 27 janvier 2018

1950 2CV Citroën Federspiel

On sent que Rétromobile se prépare, les grandes maisons d'enchères ont préparé leurs catalogues, et chez Osenat, il y a cet engin : une 2CV TYPE A «FEDERSPIEL»
N° de châssis : 0001268
Sortie d’usine le 12 septembre 1950
39.591km au compteur - Servo-suspension FL-lot 233


C'est la servo-suspension qui est remarquable, comme l'est le nom Federspiel, Spiel c'est le jouet, et Feder le ressort ou la suspension. Il me parait extraordinaire que l'inventeur porte vraiment ce nom qui ressemble davantage à un pseudonyme, du moins si l'on décortique l'Allemand ? En Allemagne, ce terme désigne un vin, et il existe des familles Federspiel, du-moins-c'est-wiki-qui-le-dit.

Dans un article paru en Mai 1955, le magazine Science et Vie titrait « Un ingénieur français découvre la suspension automobile idéale». "Nous présentons à la vente (c'est donc Osenat qui écrit dans son catalogue) la 2CV ayant permis à l’ingénieur Jean Federspiel de mettre au point sa géniale invention. Jean Federspiel n’est pas un ingénieur automobile de formation mais un ingénieur électronicien, spécialiste de la radiodiffusion et de la télévision. C’est lui qui eut la responsabilité de reconstruire l’émetteur TV de la Tour Eiffel en 1945. Il utilisera ses connaissances pointues en électronique et en propagation des ondes pour développer la première suspension active. 

vue de l'extérieur, c'est une 2CV ordinaire, à remettre en route

L’invention du génial inventeur permet d’obtenir une garde au sol constante, une absence totale de cabrage et de roulis tout en optimisant le confort de suspension. Le servosuspension FL (c'est quoi ce L ?) fonctionne comme un filtre qui absorbe la propagation des ondes nuisibles au confort. Pour développer en conditions réelles son invention, en novembre 1951 Jean Federspiel fait l’acquisition d’une 2CV A sortie d’usine le 12 septembre 1950. La petite Citroën s’avère être la voiture idéale puisque par son architecture et sa suspension à quatre roues indépendantes elle se prête plus facilement à l’installation des tuyauteries, des renvois de connexions des cylindres, récepteurs et autres systèmes pendulaires nécessaires au fonctionnement du servo-suspension. Les clichés d’époque témoignent de l’extrême efficacité du dispositif. Dans les virages la 2 CV ne subit aucunement l’effet de la force centrifuge. Au contraire le véhicule adopte un spectaculaire effet pendulaire et se penche… à l’intérieur de la courbe. 

à l'intérieur, de mystérieux cylindres constituent la federspiel : bonjour pour remettre ce prototype en marche !
















Convaincu d’avoir inventé la suspension idéale, Jean Federspiel puise dans ses économies personnelles pour mettre au point son invention et dépose à grands frais des brevets jusqu’en Amérique. Il présente son invention lors du cinquième congrès de l’Automobile de Munich en septembre 1954 et sollicite les plus grands constructeurs afin d’industrialiser son invention. Renault, Panhard & Levassor seront contactés en vain. C’est finalement Citroën qui accepte de recevoir Jean Federspiel afin d’étudier la faisabilité industrielle de sa suspension active. Mais il est déjà trop tard : le constructeur du quai de Javel commercialise sa suspension hydropneumatique depuis 1954 sur la 15 Six H et s’apprête à sortir la DS 19. Les responsables de chez Citroën ne donnent pas suite. Par une lettre adressée à Federspiel ils reconnaissent « que le système est une excellente réponse au problème de la suspension des véhicules terrestres. Mais la mise au point industrielle reste à faire. Notre suspension actuelle a nécessité 18 ans de mise au point industrielle. Nous pensons que la mise au point de votre système demandera autant de temps. Elle serait exploitable au moment où les brevets seraient prêts de tomber dans le domaine public, ce qui en réduit fortement l’intérêt…» 

Jean Federspiel continuera à développer son invention jusque dans les années 1990 mais accaparé par ses importantes responsabilités professionnelles il délaissera peu à peu sa 2CV. Selon les témoignages familiaux, la voiture est vendue à la fin des années 1960 et rejoint une collection automobile prestigieuse. Dans les années 1980 le propriétaire actuel découvre la voiture par l’intermédiaire d’une annonce dans La Vie de l’Auto. Il achète aussitôt la 2CV à un prix conséquent pensant acquérir un prototype usine. En découvrant sur le tableau de bord la plaque gravée « Jean Federspiel » il entame des recherches pour trouver l’origine de son intriguant véhicule. 


La 2CV est depuis lors restée à l’abri dans la grange de la propriété familiale située dans le centre de la France. Elle dispose encore de ses équipements « servo-suspension FL»: mécanisme pendulaire, poulies, pompe hydraulique, réservoir de liquide hydraulique,chaînes, ressort. Le compteur affiche 39.591 km qui pourraient être d’origine puisqu’il s’agit d’un prototype de développement. Cette voiture ayant été essayée par les membres du bureau d’étude Citroën, il est fort probable qu’André Lefebvre, Jean Cadiou ou Paul Magès en aient pris le volant. Voici une sortie de grange rarissime, témoignage de l’histoire de l’automobile et symbole de l’excellence de l’ingénierie française du XX siècle.

Il parait qu'il faut sortir 20.000€...

avant de la remettre état concours.

C'est là que je suis bien heureux

qu'il existe des amateurs fortunés !


PS : normalement, je la verrai à Rétromobile
si j'apprends d'autres détails, je vous raconte tout !


Je viens de feuilleter les autres catalogues de Bonhams et Artcurial, ce dernier ayant le choix le plus prestigieux. Comme toujours on peut enchérir pour des voitures exceptionnelles. Par contre, en dehors d'une Bugatti 35 Art-Collection-Auto, et de quelques voitures d'enfant au prix de vraies voitures, il n'y a quasi plus de maquettes métal.

sur la Vie de l'auto de cette semaine, une 2CV de châtelaine a été suréquipée d'accessoires de prestige
comme ce volant Quillery, ici sur une traction

vendredi 26 janvier 2018

la Citron rouge (3)

La remorque a bien avancé, tout est prêt pour repartir à zéro : tout démonter, nettoyer et peindre :







Rétromobile n'est plus que dans quelques jours : Je viens de contacter Michel Leredde, qui aura son stand à la place habituelle, sous le nom Leredde-miniatures. Il vend une B14 "livraison", et un châssis Kégresse qui me rappelle des souvenirs...!

tant pis pour les 20€ de l'entrée !


( à suivre)

jeudi 25 janvier 2018

Erckmann-Chatrian

comme ils ne posent pas forcément dans l'ordre, 
j'ignore qui est Emile et qui est Alexandre ?
...et les les contes des bords du Rhin

... réunis !

















C'est une (vieille) histoire de famille. De collections de livres du grand-père collectionneur. De la division en trois de trois bibliothèques, dispersées aux trois coins (des six) de l'Hexagone. D'héritiers qui décèdent et voilà l'une des trois bibliothèques qui réapparaît : des Jules Verne qu'on a tous lus. Sainte-Beuve et les grands noms de la littérature qui m'a inspiré dans de rédactions dans les années cinquante. Les contes drolatiques de Balzac... Napoléon et ses batailles...et les contes des bords du Rhin...




















Va savoir pourquoi on lisait enfant les livres d'Erckmann et Chatrian, deux écrivains tellement associés que leurs noms ont été à jamais réunis. Va savoir pourquoi on entretenait ainsi le souvenir d'anecdotes alsaciennes, de myosotis se nommant fergiss-mein-nicht (1) ; de prénoms comme Hans, d'amis comme Fritz ?











Jacques qui n'avait pas reçu les Contes des bords du Rhin légués à sa soeur, les avait cherchés tellement qu'il les avait trouvés, en une grande édition, et puis aussi dans une petite. Je viens de lui porter la troisième, lui revenant de droit, qui satisfait la maxime : jamais deux sans trois. Quant à vous, si vous voulez lire les contes des bords du Rhin, lisez-les sur votre écran chez Gallica.



Ces histoires nous reportent dans un monde passé. Que le monde a changé ! Je râle parfois contre nos pratiques mettant à mal la planète, mais comme on vit mieux que nos grand-parents au XIXèS ; on se déplace en voiture, en train, en avion. On est mieux soigné. On est plus libre...

... Je ne voudrais pas redevenir l'ami de Fritz !


Les libraires Hachette et Hetzel avaient de drôles d'objectifs commerciaux : ils commercialisaient des livres de morale, en précisant les nuances selon les pays !

Déjà que je ne vois plus très clair dans ce qui constitue la morale française, voilà que je découvre que (dans des temps révolus) il y avait une morale universelle, déclinée par grand pays d'Europe !

...du coup, je cherche les huit bouquins qui suivent 
je collectionne moi aussi !





tout ce qu'il fallait lire pour être cultivé
au siècle dernier


(1) Le nom allemand "Fergiss mein nicht"  (ne m’oublie pas) existe depuis le 15ème siècle : les fleurs bleues dans la croyance populaire rappelant les yeux des gens fraîchement amoureux, les myosotis bleus sont devenus le symbole d’amour et de loyauté, principalement d'un homme à une femme. C'est pourquoi on trouve dans les anciens écrits en haut-allemand le nom Fridiles auga ("oeil de l'aimé") comme nom de plante. 

De facto, vous savez ce qu'il faut commander à votre fleuriste si vous voulez pratiquer le langage des fleurs auprès de l'élue de votre coeur !

myosotis scorpioïdes