jeudi 26 novembre 2015

Isabelle Boulay chante Reggiani...

...et la beauté !

Joli concert hier soir au théâtre Marmignon : c’était sans doute le top du programme de la saison : une vedette affirmée, avec son charmant zeste d’accent Québécois !

Et…elle parle ! elle explique joliment chaque chanson, la replaçant dans son contexte à elle : sa rencontre avec Reggiani, elle était débutante, il l’invite chez lui, vous devinez l’émoi ! Elle tombe sur sa femme à lui (le stress !) plus le Régisseur. Le pianiste, bref tout le staff ! Sans aucune transition, Réggiani la fait répéter, la corrige, une exigence de pro….et lui propose tout de go : ce soir Concert au Palais des Congrès : vous m’accompagnez ! (peut-être l’a-t-il tutoyée de suite ?). Elle y va ! Et déjà admirative, elle s’habitue à  côtoyer le grand chanteur et son entourage…. Aujourd’hui, elle prolonge son souvenir, une voix superbe, accompagnement superbe, les paroles de Jean-Loup Dabadie sonnent, magnifiques !

Impossible de tout rapporter, j’ai bien pris des notes dans le noir, le concert dure deux bonnes heures ! Isabelle chante « ma Solitude » de Georges Moustaki :

Pour avoir si souvent dormi
Avec ma solitude
Je m'en suis fait presqu'une amie
Une douce habitude
Ell' ne me quitte pas d'un pas
Fidèle comme une ombre
Elle m'a suivi ça et là
Aux quatre coins du monde

Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude

Quand elle est au creux de mon lit
Elle prend toute la place
Et nous passons de longues nuits
Tous les deux face à face
Je ne sais vraiment pas jusqu'où
Ira cette complice
Faudra-t-il que j'y prenne goût
Ou que je réagisse?

Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude

Par elle, j'ai autant appris
Que j'ai versé de larmes
Si parfois je la répudie
Jamais elle ne désarme
Et si je préfère l'amour
D'une autre courtisane
Elle sera à mon dernier jour
Ma dernière compagne


Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude


Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude


Un comportement de Reggiani l’intrigue : après chaque chanson, il regarde vers les coulisses : c’est comme un tic ! Qu’y a-t-il donc caché, Qui ? Vers qui se tourne-t-il constamment, cherchant un assentiment ? un regard vissé au sien ? une approbation muette ? un encouragement ?


Isabelle finit par comprendre : Serge cherche le regard de sa femme Noëlle ! Alors, elle avoue cette anecdote : devenant à son tour tête d’affiche, elle dispose une chaise, cachée dans les coulisses. A la fin de chaque chanson, imitant Serge, elle cherche du regard l’assentiment … ? Mais à ce jour, personne ne s’est (encore) assis sur la chaise …  qui reste vide.

Y a-t-il un candidat dans la salle ?

Elle nous présente son guitariste. Son violoniste, il joue de tous les instruments y compris l’ukulélé. Il s’agit de Marc Papillon-Ferland. Je kiffe sur un pareil nom : « Papillon », vous vous rendez-compte ?


Le véritable ami, qui l’a accompagnée dès sa première tournée alors qu’il était déjà célèbre pianiste, c’est Benoit Sarrazin. Piano grandiose d’abord, il sonne comme une fanfare à lui seul. Accompagnement de Maître, l’instrument souligne les temps forts, accompagne les moments d’émotion, Isabelle se penche sur Benoit, le caline, allume le feu (de Benoit), il répond avec la fougue de l’instrument, union de l’instrument et de la chanteuse, c’est du grand art, très beau moment de superbe musique.
Benoit Sarrazin


Isabelle a cette définition de l’ami : 

-« un ami, c’est quelqu’un qui te connait…
et qui t’aime quand-même ! »

Pour nous de « Saint-Gaudens-Pyrénées-France », nous apprenons que Venise n’est pas en Italie, Venise est partout,  ici aussi, ça fait plaisir !

T'as pas de quoi prendre l'avion ni même un train
Tu n'pourrais pas lui offrir un aller Melun
Mais tu l'emmènes
Puisque tu l'aimes
Sur des océans dont les marins
N'ont jamais vu la fin
Tu as le ciel que tes carreaux t'ont dessiné
Et le soleil sur une toile de ciné
Mais tu t'en fiches
Mais tu es riche
Tu l'es puisque vous vous aimez

Venise n'est pas en Italie
Venise c'est chez n'importe qui
Fais-lui l'amour dans un grenier
Et foutez-vous des gondoliers
Venise n'est pas là où tu crois
Venise aujourd'hui c'est chez toi
C'est où tu vas, c'est où tu veux
C'est l'endroit où tu es heureux

Vous n'êtes plus dans cette chambre un peu banale

Ce soir vous avez rendez-vous sur le canal
Feux d'artifice

La barque glisse
Vous allez tout voir, tout découvrir
Y compris le Pont des Soupirs
Ça durera un an ou une éternité
Le temps qu'un dieu vienne vous dire "assez chanté"
Quelle importance
C'est les vacances
Tout ça parce que vous vous aimez

Venise n'est pas en Italie
Venise c'est chez n'importe qui
Fais-lui l'amour dans un grenier
Et foutez-vous des gondoliers
Venise n'est pas là où tu crois
Venise aujourd'hui c'est chez-toi
C'est où tu vas, c'est où tu veux
C'est l'endroit où tu es heureux

Venise n'est pas en Italie
Venise c'est chez n'importe qui
C'est n'importe où, c'est important
Mais ce n'est pas n'importe quand
Venise c'est quand tu vois du ciel
Couler sous des ponts mirabelles
C'est l'envers des matins pluvieux
C'est l'endroit où tu es heureux


l’envers des matins pluvieux

l’endroit où tu es heureux !

quel poète pour écrire ces vers !

Je pourrais poursuivre deux heures, le pont Mirabeau, Verlaine, on a droit aux prolongations. Dès le début Isabelle nous a dit son bonheur d’être avec nous, « pour faire reculer la peur ».

Sensible, fine, elle déclare : je ne chanterai pas : « les loups sont entrés dans Paris » !

toute la salle y pensait

Marc Papillon-Ferland

Elle préfère conclure par la chanson de Diane Dufresne :

Ne tuons pas la beauté du monde



Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
Chaque fleur chaque arbre que l'on tue
Revient nous tuer a son tour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le chant des oiseaux
Ne tuons pas le bleu du jour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
C'est maintenant qu'elle se joue

Ne tuons pas la beauté du monde
Faisons de la terre un grand jardin
Pour ceux qui viendront après nous
Après nous


Ouf, je me sens moins seul :

Liberté, égalité, fraternité



Beauté




mardi 24 novembre 2015

avion soviétique abattu

Un F16 abat un chasseur russe !



est-ce que cela recommence ?





1000ème billet


C’était le 28 décembre 2010 : cinq ans déjà, tempus fugit ! Vincent me « débloque le blog », expression que bien entendu ni Flaubert, ni Maupassant, n’auraient eu le motif d’utiliser : la langue française évolue avec le temps. Ils écrivaient à la main, sur du papier, j’ignore comment ils faisaient leurs « sauvegardes », je suppose qu’il n’y en avait pas, cela ne les empêchait ni d’écrire debout en aboyant dans leur gueuloir pour vérifier la sonorité de leur écriture pourtant silencieuse. Ni d’être édités.

Aujourd’hui, c’est tellement facile, un blog, prolongement de soi.

La quantité rime-t-elle avec qualité ?

Cela, c’est autre chose. Elevé à la BD d’Hergé, je sais la facilité de la lecture en diagonale, et l’attrait des images couleurs : j’en suis arrivé à cette étape, d’un foisonnement inorganisé de billets matinaux, traduisant l’humeur du moment, le bruit de l’environnement médiatique, ou de temps à autre le fil d’Ariane d’une enquête (ou d’une quête ?).

Mesamispapillons sont figés depuis leur publication, le lundi 12 mars 2012. Le livre, refusé par les éditeurs, comptabilise pourtant 41300 « contacts ».


Je serais tenté par le papier, car il valorise les images, mais à quoi bon ? De temps à autre, je retombe dans la marmite et me lance, il y a peu dans « les papillons dans la peinture », quelle recherche palpitante d’y voir le signe de l’âme, ou du créateur invisible du vivant !








A l’origine, il y a donc cinq ans tout ronds, l’objectif était de faire vivre la création de « my cars » entreprise en 2005. Ce projet s’épuise, j’ai bien du mal à mener à terme le caddy, encore engoncé dans son cocon dont il a peine à sortir sous la forme définitive. Mais je ne renonce pas.

Décidément, c’est la Gazette des Arts qui aura le mieux duré, elle occupe en tous cas la majorité de mes recherches.

Aujourd’hui le blog numéro deux, lancé le 31 mars 2012 dans la mesure où l’hébergeur avait bloqué le plafond, puis l’a débloqué, atteint 1000 billets. Chiffre rond pour 1333 jours. Moins d’un billet par jour car au début la paresse ne m’imposait pas le rythme actuel. Il faut ajouter à ce score les 458 billets de la première partie depuis le début, 28 décembre 2010.

en tout, 1458 billets, un gros livre illustré





















L’autre jour, écoutant sur thé ou café la fille de Françoise, Catherine Dolto, voilà qu’arrive une très grande amie, la sœur de Yann, Anne Quéffélec. Grande pianiste. Elle joue un morceau, et de suite l’âme trépigne en nous, émue de se retrouver en direct avec quoi ? la notion d’infini qui nous dépasse, est-ce Dieu ? Cette immensité inconcevable.

Et Anne, parle de la quatrième devise, qu’elle porte en elle, après les trois inscrites sur les frontons des Mairies :

Liberté, égalité, fraternité, BEAUTE

Il m’est arrivé (pour le moment) un privilège :


Le nom de code : « Gazette des Arts »

 ne m’a pas encore été « fauché »



Lendemain d’ultimanum

C’est souvent comme cela un lendemain d’ultimatum : la pression d’hier n’était pas si forte, l’enjeu si prégnant, qu’il soit si vain de faire monter la pression, pour une affaire après tout sans importance. « Il n’y a pas de problème, en effet, que l’absence de solution finisse par résoudre » !

Que s’est-il donc passé hier lundi, sachant que nous sommes mardi ?

rien

silence radio

La date passée, la décision non prise, la demande formulée il y a trois mois n’ayant pas eu de réponse, la fiche Cerfa a été jetée (virtuellement) à la poubelle. Elle n’a jamais existé, l’autorisation est tacite : pas de réponse vaut réponse.

Remarquez, cela entraîne une conséquence magique pour la gestion des Affaires publiques ! Pas de réponse égale : pas d’Administration, qui n’a plus d’utilité pour ne pas répondre. Quelle économie ! 

On formule une demande après tout, sur internet, même plus d’encre ni de papier ! On l’envoie à la non-Administration qui, n’existant plus, ne risque plus d’embêter quiconque en répondant : si elle disait oui, elle se confirmerait inutile puisque en ne répondant pas on obtient la même chose. Elle n’a donc de sens que si elle répondait non ? Mais alors, on sait bien qu’en fonction de la puissance ou du lobby du demandeur, il va en appel pouvoir obtenir (faute de réponse) le même résultat qui sera favorable ! De toute façon, qui contrôle aujourd'hui ? Voilà une solution radicale pour dégraisser le mammouth de la Fonction Publique !

Avouez que pour une copie de chapiteau (surévalué), s’en préoccuper davantage relèverait d’une obstination maladive : il y  des choses plus importantes quand-même !


Je pense à notre marchand, il ne risque pas de rentrer à Bruxelles. Pendant que se passait notre tout relatif mélodrame, voilà que les évènements du 13 novembre ont bouleversé les consciences. Ce qui était possible ne le devient plus. Les Etats d’Europe découvrent leur naïveté, et d’un coup se mettent en guerre. Bruxelles est bouclé, métro fermés, écoles, Universités de même, et le Parlement, il siège toujours ? Il parait que le cours du chapiteau baisse fortement, (en sens contraire à celui des explosifs), ce n’est pas là que notre marchand va encaisser la liasse cachée dans une valise, rémunérant sa petite entreprise, la valise risquant trop d’être fouillée !


De notre côté, à Paris, nous regardons admiratifs notre porte-avions, le Grand Charles, à toute vitesse sur la Méditerranée : vous vous rendez-compte ? 60 à l’heure ? Incroyable non ? Notre puissance de feu a quadruplé, et les puits de pétrole volés par Daesch sont détruits l’un après l’autre, écornant significativement les recettes pétrolières de l’ennemi. L’endroit le plus tranquille, après tout, reste Paris. Sans oublier ici, où le réchauffement climatique a cédé la place à l'hiver.

Je me rends virtuellement sur Googlestreet, pour parcourir (virtuellement) le quai Voltaire. Il doit bien y avoir des valises diplomatiques non fouillées ? Je me méfie toujours des valises diplomatiques : que peuvent-elles bien cacher ? Imaginez une perquisition, découverte de pièces archéologiques, venant du Moyen-Orient, banalisées par un simple chapiteau roman, en couverture, de provenance inconnue... ? On peut tout imaginer ? Où est-il donc, cet antiquaire ? 

derrière ce rideau entrouvert ? 



Tout le monde cherche dans les malles, les HLM, les valises justement, des armes, des ceintures, des engins de mort, des tracts, de fausses barbes, des pièces volées à Palmyre...!

Je pense au RAID, au GIGN, aux forces de police

ouvrant la valise

trouvant le chapiteau

Ils vont de suite, eux le passer au détecteur de métaux, au scanner, aux rayons X

et découvrir le faux

Ils n’ont pas fini de rigoler

Ca va leur faire du bien, cette séquence de bidonade, dans l’ambiance de mort qu’ils vivent au quotidien


Au moins, on les aura fait marrer !

lundi 23 novembre 2015

Da Vinci code à SaintGO

tout ceci est strictement la vérité
je le jure
 histoire de chapiteau :

notre patrimoine vaut de l’or !

En exclusivité, voici une une histoire extraordinaire, comme on n’en trouve que dans les romans fantastiques. Le plus étonnant n’est pas l’histoire, pourtant étonnante ! C’est qu’elle est strictement vraie. Nous serons obligés de cacher des noms. De dire des noms. Nous serons attentifs avec la vérité, car quand elle est toute nue, elle peut amuser, mais elle peut aussi étonner ! surprendre ! choquer !

La chute de cette histoire vous surprendra :

à malin, malin et demi !

je vous ai déjà parlé de (presque) tout au cours des épisodes précédents, 

en voici la liste ci-dessous en fin de ce billet 

coup de théâtre !


en exclusivité :

Premier épisode : nous nous promenons dans le cloitre de la Collégiale, nous l’aimons tous ce cloitre, il est la marque visible de notre Histoire, il remonte à l’an mille cent, il fait de nous « d’opiniâtres gardiens de notre mémoire et de notre culture » … je vous tiens ce langage académique… à vrai dire, c’est un peu de la langue de bois !  Ce n’est pas tout à fait vrai ! Il en a vécu, des histoires, avec un petit h, ce cloître. Nous n’allons pas les raconter, ce n’est pas le but, disons qu’il a été remonté récemment, en 1989 précisément, pierre après pierre, grâce à l’opiniâtreté des Amis de la Collégiale, conduits par leur Président bien connu des Saint-Gaudinois. En Amérique on dirait simplement : G.R. Trois côtés : un pan gothique ; un pan roman ; un pan … pas toujours défini, car les chapiteaux y sont à l’état brut, sans les sculptures qui font le charme des autres. Saint-Pierre par exemple figure de manière visible, puisqu’il tient la clé, et que son nom figure au-dessus de sa tête : pas de risque de se tromper !

Second épisode : il se passe dans le monde initié, donc secret, des véritables spécialistes. Nous sommes en juin de cette année 2015. Vendredi soir vers 17H45, vous savez cette heure où commence le week-end, au cours duquel à part la Police ;  les urgences, les cinémas et les cafés, toutes les activités publiques s’arrêtent, et que rien  ne peut être engagé dans les Administrations : la vie publique ne reprendra que lundi matin, vers 9 heures ! Vendredi soir donc, alerte d’un membre de la Société Archéologique de Toulouse : un passionné d’art roman, un sénior forcément, qui d’autre s’occupe d’archéologie aujourd’hui ? Voilà le « tuyau » : au Crédit Municipal de Toulouse, est à vendre un chapiteau. Pas n’importe lequel, notre lanceur d’alerte est initié. Il a lu da Vinci Code. La description est vague, elle a été faite par un expert, mais l’expert ne l’est pas autant que l’initié : l’expert dit : « chapiteau roman, art poitevin ; en terre graniteuse ». L’initié, lui a une idée. Ce n’est pas ça du tout, la matière est du marbre, de Saint-Béat. Poitevin, « mon œil » ! Le chapiteau, vient de Saint-Gaudens. Des gens d’ici l’ont tenu en main. Il appartenait un médecin de Martres, où fut trouvée la Vénus de Chiragan ; Il est décédé il y a longtemps. Sa veuve le conservait, le chapiteau, dans son salon. A son tour, elle est décédée. La succession est en cours, les héritiers se moquent comme l’an quarante du chapiteau sans grande valeur pour eux : ils l’ont mis aux enchères, avec le reste !

la vérité est toujours nue
mais elle a déposé les armes
Votre serviteur (nous sommes vendredi soir) cherche sur internet. Pas de vente au Crédit Municipal. Curieux ! Qui vend, et où ? Enquête policière. Conclusion : Maître Catherine Chausson, Commissaire-priseur, vend bien un chapiteau, mais le présente dans la Salle du Crédit municipal. Les ventes publiques se font maintenant avec un catalogue numérique où l’on trouve la photo de l’objet, sa description, et le prix de départ : 2500_3000 Euros. Une affaire !

Les acheteurs locaux sont des experts. Ils reconnaissent l’objet. Ils se téléphonent le samedi et dimanche qui suit, se disant qu’il serait intelligent de ne pas surenchérir l’un sur l’autre. L’un prend un chèque de 2500 Euros au cas où personne ne serait intéressé, hypothèse vraisemblable : qui en pleine crise va donc acheter un chapiteau ? L’autre plus aisé, mais pas vraiment fortuné, constate que le compte chèque de la Société toulousaine dont il est le trésorier dispose de 5000 Euros, et que s’il le faut, il surenchérira sur un intrus, dans cette limite qui reste modeste : le prix peut doubler, on est prêt !

Lundi c’est jour d’enchère, les acquéreurs sont dans la salle du Crédit Municipal….pas tous ! Car les véritables intéressés, les vrais initiés, sont chez eux, regardant ce qui se passe sur place grâce à des caméras sophistiquées sans doute. Dans la salle, au téléphone, les collaborateurs de la Commissaire-Priseur sont au téléphone, et attendent les ordres téléphonés, munis de cautions les protégeant contre des acheteurs indélicats et invisibles. Tout cela est extrêmement sécurisé ! Y compris l’exportation d’œuvres d’Art françaises à l’étranger voyez-vous !

 Les enchères commencent, vous savez comment cela se passe, en théorie un bon Commissaire c’est une minute par objet, donc une minute le chapiteau ! Assez vite on sort des 3000 pour arriver à 5000 (la Société Toulousaine atteint son plafond). Puis un acquéreur local (insensé) déclare 10000, et puis cela se passe au téléphone. Un téléphone dit 15000, l’autre une seconde après hurle 20000, comme cela jusqu’à 30000. Une seconde d’hésitation pas davantage, et le noble acheteur-invisible-marchand-belge se voit conclure « adjugé » appuyé d’un coup de marteau d’ivoire de la Commissaire-Chausson : 33400 Euros. Avant frais. Après, cela monte à un peu plus de 40.000. On n’en est plus à quelques centaines d’Euros près. La salle est sidérée ! Il reste quelque 20 chapiteaux sur place, à Saint-Gaudens, et ils ont une colonne de marbre dessous, un socle, un mur, dessus, bref, ils valent bien 50.000 chacun ? Si on multiplie par 20, cela donne 1 million d’Euros. Bingo ! on peut se payer localement le Leclerc (vide), qu’on a acquis sans le moindre Euro en caisse (c’est vrai), et il reste à la Ville une soulte de 200.000 Euros ! De quoi voir venir quand il faudra solder Epicure ? Epicure c’est une autre dette-pas-nette. Hors sujet, je ne vous explique pas. Le message nouveau, inouï, presque rassurant dans la déprime des finances locales, où le Maire sortant a vidé la caisse pour réaliser d’urgence des travaux routiers pour (ne pas) se faire réélire :

le patrimoine roman vaut de l’or !

La Gazette Drouot, célèbre journal hebdomadaire, présente périodiquement le classement des ventes à Drouot : cela s’appelle : le top des enchères. 2 Juillet pour être précis. C’est un palmarès, ce top, car cela montre les prix élevés de ce que beaucoup prennent pour des billevesées : ce jour-là, il y a deux gagnants, un vrai morceau de la Sainte Croix du Christ, dans une croix de cristal de roche, 187.440 Euros. Le chapiteau, (que même la Gazette n’a pas encore identifié comme provenant de Saint-Gaudens), arrive en seconde position, avec ses 40.492 Euros, là il s’agit du prix définitif officiel.

vérité, ou création artistique ?

Troisième épisode : Vous croyez l’affaire terminée…Localement, ce premier épisode est passé par-dessus la tête du public, les spécialistes fort peu nombreux oublient, carrément désabusés. Ailleurs, à l’extérieur, on oublie aussi, avec un peu d’amertume..… les lanceurs d’alerte poursuivant cependant leur veille vigilante. L’un d’eux habite Paris. C’est tout un réseau les amateurs d’Art roman, et ils ont un téléphone qui prend des photos. Ils ont des réseaux, et ils se passent les infos. Le Parisien passe le long des vitrines du quai Voltaire. Il y a là une boutique spécialisée dans l’art roman. Notre chapiteau y est ! Il n’est donc pas à Bruxelles, incroyable non ? Vous devinez qu’il n’y pas d’étiquette, on n’est pas chez Leclerc ! Il suffit d’entrer, une fois que la porte a été débloquée, on ne sait jamais. Si le visiteur parait bien habillé, intéressé, accent étranger simulé, portant bien sur lui, (je vous décris notre ami amateur d’art), il suffit qu’il explique son intérêt pour le chapiteau, laissant comprendre qu’il fait la différence entre le granite et le marbre…et la réponse finit par tomber : -« 169000 Euros mon cher Monsieur » !  Le marchand poursuit, convaincu : –« il viendrait de Saint-Gaudens, en marbre de Saint-Béat. En exclusivité mon cher monsieur, c’est une affaire ! »

Vous pensiez que la marge d’une Grande Surface pouvait aller jusqu’à faire ce qu’’on appelle « la culbute », pour les connaisseurs il s’agit de doubler le prix : nous en étions à 42000, cela donne 84000. Non ! C’est le prix doublé que l’on double, quatre fois plus. Vous noterez l’astuce commerciale du marchand : il n’a pas annoncé 170.000, il a enlevé 1000 Euros : on appelle cela « un geste commercial ».  Peut-être même qu’en payant en espèces (ce qui est strictement interdit) l’acheteur pourrait faire sauter la TVA ? Obtenir un rabais supplémentaire ? Vous allez voir que cette hypothèse est tout à fait plausible, par exemple si l’Administration s’en mêle…ça commence à téléphoner sur le réseau ! Ca arrive à Toulouse, au point de départ de l’épisode précédent ! C’est un petit monde qui se connait bien !

vérité ? ou illusion ?

Je viens d’évoquer un acteur, c’est l’Administration, elle représente l’Etat Français ! Notre fonction publique est comme vous en êtes convaincu, un modèle que le monde nous envie ! Vous avez noté une précision : le chapiteau est encore à Paris. Son nouveau propriétaire est Belge. Va savoir pourquoi, notre Belge n’a pas de valise, il n’a pas emmené (secrètement) son chapiteau à Bruxelles ! Il a ses failles, comme nous le prétendons, nous Français, de nos voisins belges : celui-là est plus belge que belge ! Bref, s’il vit à Paris, on peut comprendre qu’il vit proche de son nouveau bébé.  C’est peut-être ici et pas à Bruxelles que vivent ses acquéreurs potentiels…chut ! …

Même avant l’état d’urgence, il est censé obtenir (en toute légalité) une licence d’exportation pour franchir une frontière, (qui hier était ouverte avant l’état d’urgence institué tout récemment !). Pour des raisons complexes, les Douanes qui paraissent avoir la charge de l’affaire sous-traitent au représentant du Ministère de la Culture à Toulouse, encore pour quelques jours l’échelon administratif idoine correspondant à la Région Midi-Pyrénées. Vous allez me dire que cet échelon va migrer à Montpellier bientôt en lien avec la mise en place de la Grande Région Occitanie, mais tout cela est du futur. Vous savez aussi que la modernité de l’Etat veut que, désormais, qui ne dit mot consent : si une demande formulée par exemple fin août-début septembre n’a pas de réponse trois mois plus tard, très exactement le lundi 23 novembre à minuit (nous ignorons la date précise du top départ, mais sommes informés de la date d’arrivée), pas de réponse vaut OUI. Le marchand de Paris sait tout cela apparemment. Voilà pourquoi il n’a pas migré. Il sait que le temps joue pour lui. Il a raison. Il est très fort.

C’est là que notre roman prend un tournant décisif : le formulaire Cerfa qui sollicite l’avis de l’échelon régional (dont par discrétion nous cacherons le nom), aboutit dans un bureau toulousain, et figurez-vous (cela n’arrive jamais d’habitude) le préposé pourtant présent, se demande quoi faire de ce dont il n’avait pas l’habitude, et au lieu de consulter sa hiérarchie au risque de se faire tancer d’ignorance, oublie le document. Il n’a pas mauvais fond : n’importe qui jetterait le formulaire dans la poubelle, prétextant qu’il ne l’a jamais vu ! Non ! lui le met sur la pile, sur la dite-pile se superposent d’autres formulaires, et la pile grossit. Il faut dire à la décharge du fonctionnaire, qu’il est surchargé de tâches plus importantes les unes que les autres, et qu’ignorant comment hiérarchiser les urgences et ne pouvant les traiter toutes à la fois, il résout les affaires faciles et ne doute pas que les difficiles seront traitées par plus gradé que lui. Raisonnement logique !

qu'est-ce que la vérité ?

Car le raisonnement fonctionne ! Un souffle de vent provoqué par l’ouverture intempestive (par une technicienne de surface à qui a été sous-traitée le nettoyage des locaux administratifs), souffle un jour sur la pile. Statistiquement, on vous démontrera que pendant une période de trois mois, cela va bien finir par arriver. Ce qui était dessus tombe par terre et se répand sur le sol. Le Chef entre dans le bureau avant le préposé (car les Chefs souvent viennent au bureau avant l’heure, pour traiter dans le calme les affaires compliquées). Le Chef (peut-être est-ce une Cheffe puisque désormais on féminise les noms masculins), aperçoit le formulaire revenu au-dessus donc urgent ! Bingo, le voilà, on le cherchait partout ! Flute, le délai expire lundi 23 novembre minuit. Nous sommes vendredi 20, il est 17 heures. Reste (un vendredi soir, veille de week-end, comme la première fois) une demi-heure de travail pour alerter un lanceur d’alerte ! Le réseau dormant se réveille. Lui ignore les week-ends, les séniors veillent 7 jours sur 7.

Votre serviteur est alerté, et apprend (avec effarement) que le chapiteau a quadruplé de prix ! Qu’il peut solliciter d’une Ville (qui n’a jamais été informée de ces péripéties) qu’elle pourrait être candidate à l’achat du chapiteau qui (après tout) provient de son cloître roman. Que si elle était donc candidate (avant lundi minuit), elle pourrait bénéficier de subventions multiples des multiples fonds publics qui financent le patrimoine. Qu’elle pourrait même espérer 80% de subventions, et ne payer que 20% : tentant, non ? Une affaire !

A ce stade (notre histoire n’est pas finie, je vous ai dit que c’était un roman) on calcule : le marchand gagne 127.000 Euros par quelques simples coups de téléphone. On a vu qu’il était très fort, et puis il faut bien que le commerce des œuvres d’Art fonctionne, non ? L’Etat, en quelque sorte, est prêt à débourser 135000 Euros, pas rien quand-même ! Qu’il les ait ou pas ne pose aucun souci, car l’Etat vit à crédit et n’en est plus à un crédit supplémentaire près ! Et la Ville, n’a plus qu’à sortir (lundi 23 novembre avant minuit) le solde, soit la modique somme de 33800 Euros. Vous noterez qu’elle est gagnante, la Ville. Voilà que par rapport au premier prix de 42000, elle a obtenu un rabais de près de 10000. Et voilà que son patrimoine a été multiplié, grâce au marchand belge (qui mérite son pourcentage), par quatre, puisque le cloitre qui valait 1 million, en vaut quatre maintenant.

Bingo !

Il faut ajouter que, tout bien compté, notre Ville ne compte pas un cloitre mais deux ! Elle a hérité en effet depuis bien longtemps, depuis que la maison Deaddé a été détruite, des colonnes et chapiteaux sur lesquelles elle était construite. Vous avez entendu ? des colonnes…des chapiteaux… !

encore d’autres chapiteaux !

Quatrième épisode : le second cloitre : Je vous ai dit que c’était un roman ! Encore un cloitre, encore des chapiteaux, on ne peut dater ses origines de la fin de l’Empire romain en 475, avoir ainsi 1540 ans, et porter un nom de Saint, décapité par les djihadistes de l’an 475, sans avoir glané quelques morceaux d’architecture ! La Ville de Saint-Gaudens possède bien deux Leclerc, elle peut bien avoir deux cloitres !

elle a deux cloitres !

joue avec la vérité

Que je vous explique.  Pardon pour ce détour qui va nous faire remonter à la Révolution. Je m’aperçois que je reprends la tirade du PDG d’Apple aux Amériques, quand il nous vante son Apple 6 qu’on a tous envie d’acheter, qui succède au numéro 5 et précède le numéro 7, et quand il nous proclame : « ceci est une révolution ». On a connu ça il y a 224 ans, puisque notre affaire débute en 1791. Les abbayes cisterciennes deviennent des biens nationaux. Nous avons localement trois abbayes, Saint-Bertrand de Comminges miraculeusement préservé. On la nomme pour faire chic : « Le mont-Saint-Michel des Terres ». La Collégiale de Saint-Gaudens itou sauf le cloitre reconstitué dont nous avons parlé au début. Et Bonnefont, « la bonne fontaine », pas loin de Saint-Martory (encore un Saint), dite l’abbaye aux trois cent colonnes, fondée elle aussi en mille 100. Trois cent colonnes font trois cent chapiteaux, vous voyez où je veux en venir ?

j'appelle cela : trahir la vérité !

L’abbaye de Bonnefont est mise aux enchères. Tiens, aux enchères ? Ca vous rappelle quelque chose ? Au même moment, dévaluation des assignats, je vous la fais courte : les notables argentés de l’époque, (leurs descendants continuent de perpétuer leur nom localement), achètent l’abbaye. La font démolir pan par pan. Et la revendent à qui veut bien l’acheter, un portail par ci pour réaliser la maison de Fos rue de l’Isle à Saint-Gaudens. Le portail de l’église de Saint-Martory et de Touille (attention à l’orthographe). Un chapiteau par ci, un chapiteau par-là, les particuliers argentés (le Maire de Saint-Gaudens de l’époque par exemple) faisant construire une immense maison dite Déaddé, c’est son nom, un cloitre au rez-de-chaussée, deux étages dessus. Vous devinez le marché des chapiteaux : trop de chapiteaux tue les prix, le cours du chapiteau chute, qui veut de mon chapiteau bradé ? Réponse : tous les notables, pour eux et pour les églises dont ils sont les Maires ou simplement les notables.

Plus tard, la maison en question devient la première Caisse d’épargne : il faut se souvenir, c’était les Mairies qui au début réalisaient ces Caisses pour collecter l’épargne populaire. Vu la déclivité qui caractérise la montagne sur laquelle est bâtie Saint-Gaudens, que les révolutionnaires avaient baptisé « Mont Unité », c’est dire  l’oppidum sur lequel est construite la Ville fortifiée d’origine, la Caisse d’Epargne en question était difficilement accessible. Elle est rasée pour être reconstruite dans les années 20 au centre où elle est toujours aujourd’hui.

Une partie du cloitre est ainsi récupérée par la Ville (on imagine  qu’elle récupère les démolitions de son ancienne propriété), et remonté dans le jardin d’hiver où il est toujours aujourd’hui : on le nomme à tort, « cloitre de Bonnefont ». Il n’y en a à peu près qu’une moitié. Après tout, comme la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, ces restes ont été achetés légalement, ils appartiennent à la Collectivité, et étant devenus inaliénables, on ne voit pas à quel titre ils seraient cédés aux nouveaux propriétaires de Bonnefont désireux de reconstruire le cloitre que leurs ancêtres ont démonté….

…sauf si, après tout, il le rachetaient …au cours du chapiteau !

Puisqu’il existe un marché du chapiteau, il y a un cours du chapiteau

Et notre marchand belge nous rend service :

Il a multiplié par quatre le cours du chapiteau !

Je vous dois une estimation. Ces chapiteaux sont différents de celui qui déclenche notre histoire, mais pas mal du tout puisque le Cloisters Museum de New York s’en vante. Ils sont en marbre avec aucun risque de confusion avec de la terre graniteuse. Leur sculpture est sobre, comme des bourgeons de fougère au moment de l’éclosion, une sorte d’Art nouveau décalé dans les années 20, mais 1120, avec 800 ans d’avance sur l’Art nouveau. Mieux, chaque colonne est double, et les chapiteaux vont par paire. Une paire vaut vous en conviendrez deux fois plus qu’un seul. Dessous, un mur. Dessus, un mur et une amorce de couverture. Je suis allé compter ; il y en a en tout 20. Notre reporter est très bien informé, il tire ce constat du document officiel_licime rédigé en décembre 2014 par le cabinet d’Architecture Voinchet 30 rue du Languedoc, 31000 Toulouse pour la Communauté de Communes du canton de Saint-Martory, propriétaire de Bonnefont, et maître d’ouvrage de la reconstruction.

George Condo
la vérité est souvent bancale
Lancer un chiffre est hasardeux forcément, en l’absence d’experts dignes de ce nom. Voyons nous partons de 40000 pièce pour arriver à 170000. Nous allons prendre une moyenne, 100000, et nous baser sur le célèbre opticien pour afficher le second pour un Euro de plus. Disons comme cela pour lancer les enchères, nous nous mettons dans la peau d’un Commissaire-Priseur fictif, mise à prix à vingt fois 100.000 : ça fait 2 millions. On ne doit pas être si loin de la vérité puisque on arrive à la moitié du cloitre de la Collégiale. Nous ne sommes pas assez légitimes pour évaluer le préjudice moral pour la Ville de Saint-Gaudens, heureuse propriétaire de deux cloîtres qui se voit réduire son patrimoine touristique à un seul. Il a une valeur ce préjudice. Lançons comme cela en l’air un chiffre : disons 1 million. Cessons les approximations, et arrêtons-nous sur cette hypothèse !


Nous vous le faisons pour 3 millions

(à débattre !)

C’est une affaire, il n’y en a nulle part un autre sur la planète

C’est une exclusivité

(les Pays du Golfe sont sur le coup ?)

Vous pensez depuis un moment que votre serviteur est Marseillais, et qu’il galège. Vous croyez que nous sommes dans une fiction, et que tout cela n’est qu’imagination ! Vous me faites penser à ces personnes accusées à tort, et qui n’ont pour se défendre que la vérité des faits. Ils ne sont pas crus au motif que ces faits ne sont pas crédibles. Ici on dit la vérité. Elle est difficilement croyable. C'est un roman. 
où se situe le vrai ? où est la réplique ?

Prenez l’après-guerre par exemple. Les Américains ; Il est bien vrai qu’ils ont trouvé la France en ruines ! Il est vrai qu’ils ont acquis des cloitres, reconstitués par morceaux. Ces morceaux rassemblés au Cloister’s Museum de New-York existent bel et bien. Même si les spécialistes démentent aujourd’hui, un cloitre là-bas aurait été reconstitué avec l’autre partie du cloitre de Bonnefont. Il y constitue là-bas la référence de la période romane de l’an mil, au cours de laquelle les Amérindiens chassaient le bison à l’arc, et construisaient des tentes de cuir pour pouvoir bivouaquer plus aisément. Nos amis américains voulaient s’approprier les mille ans de mémoire qui leur manquaient : plutôt sympa !

Cinquième épisode : Il est temps de revenir sur terre, nous sommes lundi 23 novembre matin, le Maire de Saint-Gaudens a été alerté par email pendant le week-end, il a encore 9 heures pour se manifester, dire : « le chapiteau appartient au cloitre de la Collégiale, il doit y revenir ». Neuf heures je précise car s’il se manifeste après 17 heures, vous pensez bien que les bureaux seront fermés pour recevoir sa requête. L’ultimatum aura finalement été réduit de 7 heures !

Nous revendiquons de vivre au Pays du système D, et voilà la combinaison possible : le Maire se manifeste, il y a donc un candidat (Français) au rachat. Voilà un motif pour l’Admistration…à suspendre l’ultimatum : il faut laisser du temps à un temps qui n’existe plus : on obtient donc par la grâce de l’Administration tentant de réparer son impéritie : un mois ? deux mois ? On prend le temps, on discute. Par exemple on dit au marchand (on ne dit pas s’il est vilain ou gentil, on compose) : -« monsieur le Marchand, il y a un repreneur Public, ce qu’il y a de plus officiel : la Ville d’origine de votre bébé.  Et puis votre chapiteau reste à Paris, pas question de le mettre la nuit dans une valise pour rejoindre Bruxelles : la frontière a été fermée vu l’Etat d’urgence . On risque de vous créer des ennuis. Et puis votre prix vaut sans doute pour un Emir du Golfe qui veut se refaire une virginité, mais pour une Ville moyenne dite pauvre, il faut baisser ».

la vérité, à tâtons

Tout cela se fait tous les jours dans les souks du Caire, cela s’appelle : négocier. Je vous l’avais dit dès le début : le prix n’est pas le prix, le prix est le bluff du marchand belge, au prétexte qu’il a un acheteur enrichi peut-être par le trafic illégal du pétrole, qui sait ? Reconnaissons qu’il lui faut une marge, pour financer son téléphone (dernière génération). Disons qu’il fasse la culbute, et qu’on descende à 84000. Disons même 83900 pour faire un geste commercial.

Vous n’allez pas me croire ? Il accepte !

attention, je suis dans la fiction, le second degré. C'est une hypothèse
si on poursuivait le raisonnement quasi copernicien
qui précède

Maintenant, il va falloir le payer ! Disons que le tour de table réunit les souscripteurs habituels (qui bénéficieront d’une déduction fiscale bien entendu), une souscription locale car il faut bien que les locaux paient après tout. Des subventions des fonds divers et variés idoines. Vous constatez qu’à Versailles l’argent coule à flots. On réunit 83900 TTC. La Ville se fait rembourser la TVA. On doit pouvoir y arriver ! Peut-être ? Tentons ? Qui ne tente rien n’a rien ! Il sera toujours temps de se désister !

In fine (c’est du latin) : Le chapiteau revient à la Ville. Le Marchand a fait la culbute. L’Etat a protégé le patrimoine et le Louvre a permis de conserver sur le sol national une œuvre d’art d’importance nationale. On met le chapiteau au Musée de la Ville. Il est fermé depuis 5 ans sans espoir de réouverture avant deux ans. Pas grave, on s’est habitué de ne plus aller au Musée, on regarde tout ça sur internet, lors de visites virtuelles de plus en plus réalistes. En tous cas, ouf, l’honneur est sauf, la Ville aux deux cloitres a deux chapiteaux au lieu d’un. Le surréalisme se poursuit, on a gagné….

…il n’y a pas quelque chose qui vous choque dans cette histoire ?

Vous me répondez : -« mais tout me choque, c’est une histoire de fous » !

D’accord je vous réponds, mais c’est pourtant la vie ordinaire, je ne vous parle pas du fonds, je vous parle de la forme, du sens, du vice caché, je vous explique ?

Sixième épisode, le dernier : Je vous ai dit que le cloitre avait été remonté en 1989. Les amis de la Collégiale font un travail extraordinaire : ils dégagent l’ancien cloitre, encombré de constructions qu’ils enlèvent une à une, pour dégager les fondations. Certes ils récupèrent des morceaux d’origine, chapiteaux, bases et colonnes. Mais ils réunissent d’autres pièces sculptées, patiemment collectées auparavant, cachées, conservées, archivées. Ils savent l’existence de l’avion, une invention extraordinaire qui a commencé à Toulouse, aérodrome de Montaudran avec Didier-Daurat et Latécoère.  Ils savent le prendre et se rendre à New-York. Ils visitent le Cloister’s Museum. Ses érudits sont fascinés par ces Français descendants des moines cisterciens qui ont construit Bonnefont dont ils possèdent l’autre moitié du cloitre. Ils collaborent. Ils se font maçons, moines bâtisseurs à leur tour.

Les Américains savent construire des répliques : réaliser des moules de silicone, traiter la poudre de marbre de Saint-Béat (emportée dans la soute), la lier avec des résines : c’est comme cela qu’ils agrandissent leur propre patrimoine, ou réparent des originaux cassés. Ils communiquent leurs techniques aux Français. C’est de cette façon que le Louvre réalise ses propres reproductions. Les commercialise dans ses boutiques. Vous revend la réplique des bijoux de la Reine. Le Musée de Toulouse s’approprie ces techniques : c’est comme cela que la Ville rose est maintenant décorée de répliques des statues originales dégradées, vieillies, ou cassées. Les répliques sont neuves, indestructibles. La réplique, c'est le futur.

La veuve du docteur de Martres prête donc son chapiteau aux reconstructeurs du cloitre. Ils en font une réplique……….vous y êtes ? Pas encore ?

Ultime digression : nous sommes ici dans un courant de Résistance du Comminges très fort : le 11 novembre 2014, a été inaugurée en grande pompe sur l’Esplanade de la Légion d’Honneur la plaque majestueuse en l’honneur des résistants tombés sous le feu de la Colonne allemande das Reich qui a perpétré les massacres de Marsoulas chez nous, puis Oradour sur Glane. L’esprit des habitants du Comminges (incluant l’homme de l’Aurignacien, qui a connu le dinotherium avant le mammouth il y a 15000 ans) est la Résistance. Ici, sont et restent des Résistants. J'ai fait patiner la plaque en vrai cuivre  verdi. On la dirait ancienne....authentique; Elle l'est !

tout n'est qu'illusion

Nous sommes un soir de 1989 dans le cloitre, 200 ans après la Révolution. Ambiance da Vinci code. Je simule un rôle de composition, je suis moine, possédé par l'âme inspiratrice d'un défunt. D’un côté j’ai le vrai chapiteau, que l’expert a pris pour de la terre graniteuse. De l’autre côté j’ai la réplique, en vrai marbre de Saint-Béat. Invisible à l’œil nu. Invisible au scanner. J’ai montré à des géologues, des artistes, ab-so-lu-ment invisible. Que fais-je me direz-vous ?....

Je résiste ! Je tente le coup ! Je rends la réplique à la veuve. Il fait sombre, elle la remet dans le salon, elle se ré-empoussière (la réplique) quelques années, tout le monde circule autour, elle sert à poser une desserte, pour prendre l’apéritif. Sur le chapiteau on met un pot de fleurs artificielles. Que sais-je ? La veuve décède, les héritiers veulent l’argent. Pas de meubles, ils sont meublés en IKEA. Un chapiteau roman ? Qu’est-ce ? Le chapiteau arrive chez Madame la Commissaire- Priseur ; puis son expert.

Il est sérieux, l’expert : c’est une réplique, merveilleusement répliquée

elle vaut 2500-3000 Euros, Point..

la suite ?

Il est très fort, le marchand belge, c’est lui qui a fait monter le prix !

…et vous croyez que pour 169000 Euros, on va ici racheter au prix fort

la réplique qu'on a de nos mains fabriquée...

…quand le vrai, l’original,  on sait qu’il est en place depuis 26 ans ?

de qui se moque-t-on ?

l’arroseur est arrosé, finita la comedia

Je vous l’ai dit : da Vinci code à StGo !

épilogue

Saint-Gaudens, là-haut, rigole doucement

On lui avait coupé la tête, il se l’est recollée !

Il suit tout ça avec émerveillement :

ici aussi…ils l’ont perdue, la tête !

pas prêts de la retrouver !

illumination !

le roman commence ici, en trois premiers épisodes :

et puis, cela se corse :

je crois en être à la fin des fins, mais cela se poursuit par Bonnefont : une découverte !

je découvre la voie lactée :

puis la dispersion de Bonnefont :

avec une nouvelle fin, qui n’en est pas une : les chiens d’Orion

Je crois l’affaire terminée, errare humanum est, nous en arrivons à da Vinci code

Il s’agit donc bien d’un feuilleton à épisodes. Je vous fais un pari :

Ce n’est pas fini ?